Depuis quelques années déjà, s’est imposée dans le débat public l’idée d’un véritable changement de politique linguistique de la région Bretagne, laquelle ne porte pas ses fruits. Il suffit de regarder le faible taux de progression annuel du nombre d’élèves scolarisés -alors que l’on créé des filières- et le nombre ridicule de bacheliers capables de maîtriser le breton. Ces données sont objectives et ne sauraient être contestées. Lorsqu’une politique publique ne fonctionne pas, il faut savoir en changer. Il faut évaluer la Convention spécifique, expérimenter largement le plurilinguisme qui seul nous permettra de contrecarrer la progression exponentielle des classes bilingues français-anglais, mettre le paquet sur la formation des enseignants, ouvrir la voie du statut particulier qui nous permettra de décider enfin des choses qui nous concernent, avec de vrais moyens budgétaires, refuser de signer toute convention avec l’Etat qui ne comporterait pas des engagement chiffrés et ambitieux.
Avec Bretagne majeure et Breizh-ImPacte, nous avons largement contribué à ouvrir les yeux de nos compatriotes sur la particularité bretonne dans l’échec alors que ça marche bien au Pays basque nord et en Alsace.
Je me réjouis de voir que, récemment, la plupart des associations bretonnes, dont Kevre Breizh, ont appelé à un véritable changement de braquet ainsi qu’à la mise en œuvre d’un plan Marshall pour nos langues.
Ce sont toutes les énergies bretonnes qui doivent aujourd’hui converger pour pousser la région Bretagne à aller dans ce sens. Le plan Marshall des langues a été avancé par la liste Bretagne ma vie, menée par Daniel Cueff, aux dernières élections régionales. S’il est marqué politiquement, je forme le vœu que toutes les formations politiques soucieuses de défendre nos langues en fassent le symbole d’un renouveau. La tentation politicienne est forte, même chez ceux dont la conscience bretonne ne saurait être mise en doute, et il serait regrettable que ces derniers ne le poussent pas au seul motif qu’il fut promu par un autre parti.
Il s’agit d’un document extrêmement ambitieux sur de nombreux points. Mais l’ambition est une obligation, désormais, si nous voulons sauver nos langues, notre culture et restaurer la capacité à défendre nos intérêts fondamentaux.
Le plan Marshall figure dans l’accord de campagne -Cueff-Chesnais-Girard mais qu’en sortira-t-il au juste ?
Nous connaissons trop les pesanteurs, le double discours qui permet à ceux qui n’ignorent pas que nos langues sont condamnées à politique et moyens constants, de donner le change.
A cette heure, nous ignorons tout de la volonté politique de la majorité en place. Les raisons de ne rien faire de plus sont légion : ce n’est pas une priorité pour les cadors du Parti socialiste ; la pression financière est si forte sur les collectivités locales et les autres -département d’Ille-et-Vilaine notamment- donnent si peu ; la présence de régionalistes convaincus à la région pourrait être jugée suffisante et dispenser de vouloir bousculer l’ordre établi.
Et pourtant, Loïg Chesnais-Girard pourrait rester dans l’Histoire comme le sauveur de nos langues, le premier qui aura su inverser le cours des choses. Pour en juger, il faudra regarder certains marqueurs :
-Le niveau d’engagement budgétaire -doublement ? Triplement comme demandé par le plan Marshall ?
- La mise en place d’un groupe de travail afin de dessiner les contours du futur statut particulier pour la Bretagne, destiné à être voté par l’assemblée régionale avant d’être présenté à l’Etat.
- L’opération coup de poing pour recruter de futurs enseignants dans nos langues avec des aides financières très attractives.
- La mise en œuvre plurilinguisme.
- La création d’un grand centre patrimonial et culturel de Bretagne.
Il y a parfois des moments clés où l’on entend souffler le vent de l’Histoire. Je forme le vœu que la mandature de ce Conseil régional trouve la force d’inverser le cours mortifère que nous suivons depuis trop longtemps.
Yvon Ollivier
auteur
0 | 0 | Tweet |
|