De nouvelles menaces pèsent sur la Bretagne.
La réforme annoncée de la carte judiciaire poursuit l’œuvre de démantèlement de son territoire.
Selon les principes annoncés, la Cour d’appel de Rennes pourrait devenir celle du grand-ouest pour certaines compétences, et les Tribunaux de Loire-Atlantique passeraient sous la juridiction de la Cour d’appel d’Angers, pour se trouver en cohérence avec la région des « pays de la Loire. ».
Soit à la fois :
10 ans après le rejet par les Bretons de la réforme de la carte territoriale initiée par Rachida Dati, la machine à niveler avance toujours. La technocratie parisienne ne renonce jamais sous couvert de mise en cohérence avec la nouvelle organisation territoriale de la République. Une région/ une Cour d’appel et qu’importe si la région administrative des Pays de la Loire reste massivement rejetée par la population de Loire-Atlantique.
La technocratie est aveugle. Elle déshumanise, agissant comme si rien n’existait qui méritât d’être pris en compte, et certainement pas la Bretagne et sa réalité humaine. Qui parle de la Bretagne dans cette affaire ? Personne !
Cette réforme annoncée n’est pas qu’une banale affaire d’administration judiciaire, elle pose la question politique de la Bretagne. La Bretagne millénaire a-t-elle encore un sens dans l’ordre français ? Ce n’est pas à la technocratie parisienne de trancher cette question éminemment politique mais aux Bretonnes et aux Bretons.
L’incohérence n’est pas le fait des Bretons. Ce sont eux les victimes de la partition arbitraire de leur territoire, et qui exigent depuis si longtemps la réunification administrative. Pourquoi leur faire aujourd’hui payer le prix de cette incohérence ?
La Bretagne est une réalité dérangeante. Aussi doit-on l’effacer à jamais dans le grand ouest vide ou conforter le morcellement de son territoire historique.
La Bretagne doit prendre la mesure du piège qui lui est tendu. Si par inadvertance ou incapacité à s’organiser, elle laissait faire son démantèlement judiciaire, il serait vain de prétendre demain réunifier son territoire ou s’opposer à sa disparition finale.
Ce projet grand ouest, béni des jacobins, deviendrait notre tombeau, et par là-même, la fin de nos espérances de voir sauvegarder notre langue, notre culture ou de développer de manière autonome notre territoire.
Comment serions-nous breton demain, si notre vieux territoire venait à disparaître ? Quel sens aurait pour nous la France, si nous ne pouvions plus être breton ?
Bien sûr, les promoteurs du grand-ouest tâcheront de nous convaincre que la Bretagne ira beaucoup mieux lorsqu’elle n’existera plus.
Voici venue l’heure de vérité pour les Bretonnes et les Bretons, condamnés à défendre leur Bretagne pour montrer définitivement à Paris que la France n’a d’autre choix que de construire l’avenir avec elle et de profiter de l’énergie qu’elle recèle.
Si nous parvenons une nouvelle fois à maintenir l’intégrité de la Bretagne judiciaire, il deviendra possible d’envisager, demain, de mettre un terme à la maltraitance institutionnelle qui nous afflige depuis si longtemps.
La Bretagne est notre droit. Elle nous vient de nos pères et nous la léguerons à nos enfants. Elle est le socle qui demeure, lorsque tant d’autres choses évoluent défavorablement pour nombre de nos compatriotes en souffrance dans la mondialisation.
On rappellerait encore que la justice est étroitement liée à la Bretagne en la personne de saint-Yves, son saint patron honoré par les juristes à travers le monde. La justice est ce qui relie les hommes et leur permet de concevoir la vie ensemble.
Les juristes bretons refusent de voir l’œuvre de justice dévoyée pour asservir davantage encore notre vieux peuple.
Il n’est pas de saine justice que l’on rende sur le déni d’autrui ou, pire encore, sur sa propre ruine.
Pour répondre à la menace, la mobilisation doit être forte, intense et rapide, eu égard à la brièveté des délais.
Yvon OLLIVIER
Pour la coordination des juristes de Bretagne