Difficile de décrypter les cycles de la musique celtique. Alan Stivell, rencontré au moment de la sortie de son album Emerald, nous a livré son point de vue. Un avant-goût de l'enquête d'armor, bientôt en ligne sur ABP : Où en est la musique bretonne ? Volet 1 publié le samedi 3 juillet : Les arbres qui cachent la forêt.
« Le premier revival, c'étaient les bagadoù dans les années 50-60 et Glenmor, le premier musicien professionnel. Mes premiers récitals à partir de 1966 ont donné envie à des gens, les futurs Tri Yann, Gilles Servat. En 1972, il y a eu L'Olympia. Le lendemain, tous les Français voulaient devenir bretons. Il y a eu la deuxième vague celtique avec “Again” et “L'Héritage des Celtes”", se souvient Alan Stivell. "Il y aura une grande vague pour 2010. »
« Il est peut-être temps de se demander qui va lancer cette nouvelle vague celtique. Espérons que de très jeunes proposent une musique fédératrice mais sans concession, comme cela a été mon cas», se dit-il. « Ils doivent avoir cette hargne de faire connaître leur musique. »
Reconnaissons à ce monstre sacré d'avoir radicalement modernisé la musique bretonne et celtique par le recours à des instruments amplifiés allant de la guitare basse ou électrique au synthétiseur. Il a saisi très tôt l'importance de la communication : « Je n'étais pas plus riche que les autres. J'ai fait mes petits récitals. J'investissais tout ce que je gagnais dans des affiches ou dans le travail d'une attachée de presse. Si l'on n'entend pas suffisamment parler aujourd'hui des musiciens bretons, c'est peut-être parce que leur effort de communication est insuffisant. »
Propos recueillis par Ronan Le Flécher
article paru dans le magazine armor en avril 2010