Le rapport annuel de Reporters sans frontières est sorti. La France se retrouve à la 43ème place sur 175 cette année. Elle a perdu 8 places en un an et 31 places depuis le premier rapport en 2002. Elle est désormais bien loin du Danemark, de la Suède, de la Suisse, ou de l'Australie, restés dans le top 20. Elle se trouve 23 place derrière les Etats-Unis --ce qui rétablit la vérité et remet en place les idiots qui affirment qu'il n'y a pas de liberté de la presse aux Etats-Unis, un pays où l'expression est protégée par le fameux premier amendement, où le reportage d'investigation existe toujours, où la liberté de la presse est ininterrompue depuis 1781 et où les directeurs de journaux ne sont pas arrêtés et menottés à 7 heures du matin devant leurs enfants comme ce fut le cas encore cette année en France. La France est aussi derrière le Ghana, le Costa Rica, Trinidad et Tobago ou le Mali; ce qui comporte une certaine forme d'humiliation.
A l'encontre de la France, on citera des lois anti-diffamatoires excessives qui font qu'un petit média comme ABP s'est retrouvé en 2008 devant la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris et la loi du commerce internet de 2005 qui affirme que le directeur d'un site est responsable de tout le contenu du site même si ce n'est pas lui qui a écrit tel ou tel article ou simple commentaire (une façon d'étouffer des médias gênants en fait, voir à ce sujet le procès contre mediapart). Les statuts ambigus de l'AFP et son financement déguisé en abonnements par le ministère de la culture doit jouer un rôle dans ce classement. Finalement, l'utilisation frauduleuse du secret défense pour barrer la route aux reporters d'investigations et à la justice ne peut pas passer impunément.
A noter la première place du Danemark, qui est aussi à la première place du classement de Transparency International (sur la corruption), ce qui prouverait qu'il y a un lien direct entre la corruption et la liberté de la presse. Autrement dit, plus la liberté de la presse est limitée, plus la corruption se répand.
Philippe Argouarch