Selon le cabinet Markit, la France est en train d'entrer en « zone de contraction économique », en clair, en récession, à cause de la diminution nette d'activité des entreprises du secteur des services, sur lesquelles la croissance de la France s'était appuyée jusque là. Cette récession est due à l'austérité des États et ses répercussions sur les particuliers.
L'indice d'activité des petites et moyennes industries, établi au moyen d'une enquête auprès de 750 entreprises opérant en France, est à son plus bas niveau depuis 29 mois, à 46,8 points en octobre contre 50,2 en septembre. L'estimation flash est calculée, chaque mois, à partir d'un pourcentage d'au moins 85 % du nombre définitif de réponses à l'enquête PMI, et est destinée à fournir une estimation précise et précoce de l'indice PMI final. Cet indicateur avancé de la conjoncture, quasiment en temps réel, est considéré comme fiable par les analystes.
Selon les documents du cabinet Markit (voir le site) , l'indice d'activité des PME/PMI est au plus bas niveau depuis mai 2009 et largement en-dessous du seuil de 50.0 qui sépare l'expansion (la croissance) de la contraction (récession). Les mesures d'austérité conduisent à un fort affaiblissement des nouveaux contrats conclus avec les entreprises, autant sur le marché intérieur qu'à l'export. Par conséquence, le volume du travail en cours diminue aussi, en revanche, le chômage et l'inflation sont en légère décrue, tout au moins dans la filière .
D'après Jack Kennedy, du cabinet, la France, dont l'économie s'était appuyée sur le secteur des services, va entrer en récession du fait d'une diminution nette de l'activité de ce secteur. Il table sur une « contraction trimestrielle significative du PIB (de l'ordre de 0,5 à 0,6 %) » à moins qu'il n'y ait un rapide retournement de tendance.
Par ailleurs, la situation de la France est compliquée par l'exposition de ses banques aux dettes souveraines des "PIGS" (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) comme le met en évidence cette infographie du New-York Times : (voir le site)
Dans l'Eurozone, l'ensemble des pays européens utilisant l'euro (voir le site) la baisse de la demande en biens et services conduit à l'accélération de la baisse de l'activité. En Allemagne, après une forte croissance au premier semestre, les fabricants font état du premier repli de la production depuis juin 2009. L'emploi est en quasi-stagnation, tout comme la hausse des prix. Pour Chris Williamson, « L'Eurozone est confrontée à un risque croissant de retour à la récession. La contraction du secteur privé de l'Eurozone s'accélère en ce début de 4ème trimestre, le taux de détérioration de l'activité atteignant son plus haut niveau depuis juillet 2009. Les entreprises semblent se préparer à une nouvelle détérioration de la conjoncture ».
Les craintes des économistes opposés à l'emploi des politiques d'austérité comme remède unique à la crise semblent s'être réalisées : la rigueur cristallise les oppositions sociales, limite les moyens d'action des États et gèle l'activité économique, bref, elle nourrit la crise. Un retournement de conjoncture ne peut donc être possible que si l'on sort de l'impasse des politiques d'austérité, avant qu'elles ne fassent imploser les États les plus en difficulté, comme la Grèce.
Louis Bouveron