Selon une étude récente du département du Gers, 4 poulets sur 5 sont industriels et 1 poulet sur trois est importé. Ce taux augmente nettement depuis deux ans.
En effet, en 2009, les importations représentaient un peu moins d'un quart de la production, soit 408.200 tonnes (voir le site) ce qui équivaut aussi à un peu plus d'un quart de la consommation. La production française, 5e par l'importance dans le monde, suffit donc à la consommation du pays. Le premier exportateur mondial de poulet est le Brésil.
Que se passe-t-il ? En 10 ans, la consommation de poulets en France a doublé, atteignant 25 kilos par habitant et par an. Par ailleurs, les poulets français de qualité, bretons (Janzé, Guilers), bressans ou du sud-ouest sont fortement demandés à l'exportation, ce qui prive le marché français d'une part non négligeable de la production. Les exportations sont en hausse partout, sauf vers la Russie où le pouvoir met en place localement des unités de production à la pointe de la technologie.
Le mouvement n'est pas propre à la France, l'Europe ayant triplé en dix ans ses importations de volaille. La filière représente 14.000 éleveurs en France, et 56.000 emplois directs. La filière est particulièrement forte en Bretagne, avec la présence du leader européen de la volaille Doux . La production se concentre autour de Vannes, Pontivy et Loudéac. Les entreprises sont essentiellement bretonnes et exportatrices, elles dépendent peu, à part pour la production biologique ou certifiée, du marché intérieur français. Nombre de ces entreprises n'hésitent pas à faire de leur origine un argument de marque (Triskalia) et à créer des sites industriels hors des frontières de l'ancien duché. Cette filière, qui évolue vers plus de qualité, d'intégration des évolutions sociales (produits hallal) et d'exportation. Elle craint plus les épizooties (2006 avec le H1N1) que la crise : 2006 a été une année de baisse de la production, qui est restée stable en 2009 et a rebondi depuis.
Quant aux éleveurs, ils essaient de se regrouper (voir le site) et d'évoluer vers une production plus qualitative, qui joue sur l'image « locavore » et les circuits de distributions courts ou écologiques (AMAP). La législation qui impose désormais des produits bio dans la restauration collective de l'enseignement public lui est aussi favorable. La filière poulet reste donc solide et a bien résisté à la crise. Elle constitue aujourd'hui, pour les territoires du Centre Bretagne, un relais de croissance non négligeable et un bon moyen de faire connaître hors de nos frontières la qualité bretonne.
Louis Bouveron