Jeudi dernier, le 21 février, Michael Diekmann, président du grand groupe allemand de banque et d'assurances ALLIANZ, a annoncé en présentant les résultats de son groupe, que sa filiale française AGF allait progressivement perdre son nom pour ne plus être désormais connue que sous le nom d'ALLIANZ. Cette nouvelle ne manquera pas de provoquer un petit pincement au cœur chez de nombreux Bretons.
Deuxième groupe français d'assurances pendant un bon siècle, les Assurances Générales (devenues les Assurances Générales de France ou AGF après leur regroupement avec la compagnie Le Phénix) avaient en effet été fondées sous la Restauration par Auguste-Casimir de Gourcuff (Quimperlé, 1780 - Paris, 1866), dont le portrait décore toujours le bureau du président des AGF à Paris. Émigré avec sa famille à Hambourg sous la Révolution, il s'y initia à l'adolescence au commerce et aux assurances maritimes et, au retour des siens en France, il se lança en 1802 dans le négoce à Paris, avant de se lancer dans les assurances à partir de 1818. Cette activité était alors très peu développée en France. À côté des assurances maritimes, il allait développer un secteur d'assurances incendie et un autre d'assurances vie.
Le groupe des Assurances Générales avait déjà acquis une réelle importance quand un de ses jeunes cousins, Alfred de Courcy (Landerneau, 1816 - Saint-Jacut, 1888) en prit la direction, lui donnant une formidable expansion. Jusqu'à la Seconde guerre mondiale et leur nationalisation, les conseils d'administration des sociétés du groupe furent largement composés de Bretons. Les dirigeants des Assurances Générales pratiquèrent d'ailleurs largement l'entr'aide entre Bretons et de nombreux compatriotes y trouvèrent un emploi, dont Jean-François Le Gonidec et Jean-Marie de Penguern.
En mai 1996, les compagnies d'assurances furent privatisées et les AGF devinrent l'enjeu d'une grande bataille financière entre le groupe italien Generali et le groupe allemand Allianz, ce dernier finissant par l'emporter et obtenant en 2007 la majorité absolue du capital. Si le premier groupe mondial d'assurances est, de très loin, le groupe japonais Nippon Life, le groupe français Axa-UAP arrrivant au deuxième rang, le groupe Allianz (qui possède par ailleurs la Dresdner Bank) est un des plus rentables. Son bénéfice net s'est élevé à 8 milliards d'euros en 2007 ! Dans le cadre de la mondialisation, les dirigeants du groupe qui emploie 13 000 salariés en France, veulent ne plus avoir qu'un seul nom de marque sur toute la planète : ALLIANZ.