Le coeur d'Anne de Bretagne continue à battre pour tous les Bretons. L'exposition Anne de Bretagne qui s'est tenue en 2007 au château des Ducs, à Nantes, vient de le démontrer d'une manière éclatante, une fois de plus, s'il en était besoin.
Loin de “démythifier” le personnage le plus glorieux de notre histoire, le film parodique qui accompagnait cette exposition, par l'horreur qu'il a suscitée, l'a remise soudain sur le devant de la scène, et a provoqué des réactions extrêmement vives, qui démontrent combien elle reste, plus que jamais, le symbole vivant de l'unité de notre pays.
Avant sa mort, Anne voulut que son coeur fût séparé de son corps. Epouse du roi Louis XII, il n'était pas envisageable que sa dépouille mortelle fut transportée dans son pays natal, qu'elle avait tant aimé. Son corps fut inhumé dans la cathédrale de Saint Denis, dans le lieu où reposent les rois et les reines de France.
Mais son coeur fut rapporté dans sa chère Bretagne, où il parvint le 13 mars 1514, deux mois après sa mort. Il fut déposé quelques jours sur la tombe du duc Arthur III, son oncle.
Enfermé dans un reliquaire en or, affectant la forme d'un coeur, il est transporté, le dimanche 19 mars, en grande pompe, par un cortège impressionnant, au couvent des Carmes. La population s'agenouille sur son passage et pleure. Anne est devenue un mythe de son vivant, elle le devient plus encore au moment de sa mort : les Bretons savent ce qu'ils lui doivent, tout ce qu'elle a réalisé pour eux, pour le maintien de leur Liberté, de leur existence, de leur Dignité. Fait émouvant, c'est le chancelier-premier ministre de Bretagne, fidèle entre les fidèles, Philippe de Montauban, qui porte sur un coussin, le ”carreau de deuil”, le reliquaire en or, précieux entre tous.
Le coeur de la Duchesse est déposé dans la crypte du couvent. Son père, le duc François II et sa mère, Marguerite de Foix y reposent déjà. Le coeur d'Anne, enfermé dans un coffret d'acier, est placé entre ses parents. Ces reliques, de loin les plus précieuses de toute la Bretagne, chères au coeur de tous les Bretons, ont été entreposées pendant longtemps, vulgairement, dans un musée, le musée Dobrée. Les Bretons ont dû tolérer cela.
Ils ne veulent plus que cette situation, humiliante pour eux, perdure. Le coeur d'Anne de Bretagne n'est ni un objet de collection, ni un objet quelconque, susceptible de figurer dans une vitrine de verre, que l'on regarde en passant, d'une manière furtive et indifférente : il est le symbole même de Notre Histoire, le symbole de toute la Bretagne.
Il faut maintenant oeuvrer avec la plus grande énergie, pour qu'il soit transféré dans le seul écrin digne de l'abriter : la cathédrale de Nantes. Non pas dans le tombeau de ses père et mère, comme on l'a suggéré, mais dans un magnifique mausolée, construit spécialement pour cela, par les plus grands sculpteurs et artistes de Bretagne. On pourra y venir s'agenouiller et s'y recueillir, si l'on pense que la Bretagne existe encore, qu'elle a un avenir, et si les partisans de la république universelle n'ont pas réussi à l'assassiner.
Ce transfert, hautement symbolique aura la même signification que l'hommage solennel que les Russes ont rendu à leur ancienne monarchie, la Nation entière réunie dans une même communion pour cette réconciliation de la population, en hommage à son passé glorieux, et au lien invisible et fort qui les unit.
Il faut que cette cérémonie ait lieu le jour même où le mur de la Honte, qui sépare la Bretagne en deux depuis le régime du maréchal Pétain, sera supprimé, d'une manière irrémédiable et définitive. Cette séquelle blesse la Bretagne, ELLE SALIT LA FRANCE.