L’ambassadeur de Cuba en France se tient prêt à envoyer à Guingamp des médecins cubains pour maintenir les soins hospitaliers.
Comment décrypter cette information ? La France n’est plus capable de former des médecins pour subvenir à ses besoins, ou plutôt disons qu’elle a d’autres priorités.
A force de privilégier les dépenses de grandeur – armée, nucléaire, diplomatie, JO, etc…- l’Etat est condamné à faire des choix, surtout lorsque la croissance n’est pas au rendez-vous.
Ainsi la santé recule comme l’ensemble des services publics, mais encore pas partout. Paris et les métropoles résistent bien et ne connaissent pas de désert médical, postal, scolaire ou judiciaire.
Pour les territoires périphériques, et semi-ruraux, c’est la tiers-mondisation qui guette. C’est bien comme cela qu’il nous faut interpréter le recours des Guingampais à Cuba, moyen intelligent pour mettre la pression sur l’Etat.
La France est devenue une personne malade, avec de gros besoins sociaux qu’elle ne peut plus assurer. Seul l’endettement progressif maintient encore le malade en vie.
Et dans ce contexte, que faisons-nous en Bretagne ?
Pas grand-chose. La région Bretagne a remis un rapport pour plus d’autonomie à Mme la Première ministre Borne. Mais dans quel esprit ?
Il a fallu retirer le Gwenn ha du de la salle, à Saint-Malo, pour que Mme la Première ministre puisse prendre la parole. Déjà la messe était dite. Celui qui consent à retirer son drapeau ne sera jamais crédible pour obtenir des droits ou des libertés.
Le rapport en lui-même n’est qu’une morne supplique et d’une ambiguïté rare. S’il finit par évoquer timidement un statut constitutionnel, c’est pour les calendes grecques.
Le pire : en 40 pages, pas la moindre mention du « peuple breton ». Nous avons regardé le document similaire remis par les Corses. La notion de « peuple corse » est reprise plus de 70 fois.
Que peut attendre celui qui remet une demande d’autonomie, la tête basse, en retirant son drapeau et sans jamais oser dire qu’il le fait au nom d’un peuple ?
On n’émancipe pas une « région » puisqu’elle n’est qu’une morne partie du tout. C’est d’ailleurs pour cette raison que la langue bretonne est en fâcheuse posture. A quoi bon sauver « une langue régionale » et donc forcément inférieure ? On ne sauve une langue que lorsqu’un peuple la prend en charge, et encore nous savons à quel point c’est difficile.
Les circonvolutions politiques d’usage ne sont d’aucune justification pour celui qui retire son drapeau. Si nous pouvons voir dans la remise de ce rapport un acte symboliquement fort, le choix s’impose à nous. Sommes-nous une « région » ou un « peuple » ?
Faut-il vraiment s’étonner si les Corses avancent tandis que les Bretons restent soumis à tous les vents de l’histoire.
Nous connaissions les cités-Etats qui ont prospéré sur l’accaparement des chasseurs cueilleurs il y a quatre mille ans. Avec Paris, nous avons le premier Etat-cité qui subordonne l’ensemble des préoccupations au rayonnement de la capitale.
C’est là le principal clivage au sein duquel nous devons nous inscrire. Ne perdons plus notre temps avec les clivages franco-français qui finiront par tout emporter.
Notre destinée sera-t-elle de demeurer toujours cette région variable d’ajustement de toutes les politiques publiques, ou le peuple surgira-t-il des ruines d’une région soumise et tiermondisée ?
Yvon Ollivier
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