L'hebdomadaire Le Trégor vient de publier une interview de Jean-Christophe Chorlay, l'un des quatre vice-présidents de l'association KAD, Kelc'h An Dael, pour la Création d'un Parlement Breton. Nous reproduisons cet article ci-dessous et précisons que, depuis cette interview, Jean-Christophe a été nommé porte-parole de son parti, le Parti Breton. Avec cette nouvelle fonction, Jean-Christophe ne pourra plus s'exprimer au nom de KAD dans les médias, afin de ne pas créer de confusions, mais il tient à rester dans KAD qui n'est aucunement en concurrence avec les partis bretons, mais un lieu de rencontre et d'échange sur la longue route de l'émancipation bretonne.
La Bretagne devrait légalement avoir ses institutions
Le Trégor : Un Parlement breton pourrait-il renaître ? Une association s'y consacre depuis mai.
D'où vient l'idée de recréer un Parlement breton ?
J-C Chorlay : Une démocratie directe et un débat citoyen manquent en France. Beaucoup de réflexions se font à ce sujet sur les réseaux sociaux et les militants bretons y sont très actifs. Il faut dire qu'en Islande, ils refont leur Etat et leur Constitution à partir de réflexions et de dialogues sur internet. Il faut que les gens se disent : la démocratie, c'est nous. Ainsi est née l'association Kelc'h An Dael (Cercle du Parlement), déclarée le 2 mai, pour la création ou le réveil d'un Parlement de Bretagne. Ce ne serait pas une aberration mais une logique démocratique comme partout en Europe.
Le Trégor : Ce n'est pas un peu utopique ?
J-C Chorlay : Non, et les Allemands le montrent bien en distinguant ce qui se passe au niveau fédéral et ce qui se passe dans le Lander. L'idée est de créer un Parlement en tant que tel, un lieu où les partis puissent débattre de sujets pour avoir une position commune. La nuit du 4 août 1789, on a privé les Bretons d'un droit en interdisant illégalement à leurs parlementaires de siéger, sans qu'ils aient jamais dissous leur assemblée. Le fédéralisme est l'idée européenne et les Bretons n'y sont pas. On s'est dit qu'il faudrait rappeler que la Bretagne devrait légalement avoir ses institutions, qu'on arrête la guéguerre et que tous aient un projet commun à proposer à la France. L'idée est d'avoir la démocratie au plus proche du peuple, comme les Catalans, les Basques, les Gallois ou les Ecossais, qui ont recouvré pleinement leurs fonctions parlementaires. Défavorable à l'indépendance écossaise, Cameron a convenu qu'on ne peut pas aller contre une volonté démocratique…
Le Trégor : Ce serait une sorte d'union nationale ?
J-C Chorlay : Kad veut réunir tous les Bretons démocrates de gauche comme de droite, sans polémique sur les divergences de forme ou de fond. En Bretagne, on se défend assez mal. On a un conseil régional qui ne représente pas complètement la Bretagne et des partis politiques qui échangent peu, qui n'arrivent pas à se mettre d'accord en ce qui concerne la Bretagne, contrairement à ce que l'on voit en Catalogne. Et s'il y a aussi des patriotes bretons dans les partis hexagonaux, la volonté bretonne n'arrive pas à passer. L'idée est d'avoir notre Parlement, de faire cohabiter les membres des différents partis bretons qui souhaiteraient faire ce pas à titre personnel.
Le Trégor : Aller d'Emgann à Adsav, en passant par l'UDB et le Parti Breton, c'est possible ?
J-C Chorlay : L'adhésion implique l'acceptation de onze valeurs et idéaux, hors idéologies jacobines néo-colonialistes, et l'utilisation de tout moyen pacifique et démocratique utile à l'atteinte des objectifs. C'est clair. Or l'UDB a exclu la membre qui a rejoint Kad en considérant que la présence d'une personne d'Adsav n'est pas bonne, quand bien même Adsav a accepté le niveau démocratique de notre charte ! Exclure n'est pas un acte démocratique, le principe de la démocratie implique le droit de participation à tous les membres de partis légaux, nous, nous sommes démocratiques à 100 %. Nous ne sommes pas un parti, nous sommes comme l'institution qui, en France, gère l'Assemblée nationale ou le Sénat. L'idée n'est pas « Ni rouge ni blanc » ou « Ni droite ni gauche », c'est de mettre en place une institution où il puisse y avoir débat pour proposer un projet à la France. Personne n'a rien contre la France, il s'agit juste que tout le monde ait sa place dans l'Europe.
Le Trégor : A terme, autonomie ou indépendance ?
J-C Chorlay : La plupart des membres ont leurs idées claires, mais la démocratie n'est pas de décider pour les autres. Il faut monter des projets clairs, aux gens de décider. Kad ne prend pas position sur quoi que ce soit.
Le Trégor : Quel est le calendrier ?
J-C Chorlay : Nous finissons un règlement intérieur qui permette la tenue des échanges. Les citoyens doivent savoir que ça existe, nous devons être représentatifs. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des barrières à faire tomber et que nous ne pourrons pas avoir tout de suite un Parlement opérationnel. Fin 2012-début 2013, nous devrions travailler sur la mise en place d'un embryon de Parlement, un lieu où les gens discutent, ce qui est notre vocation première. Nous donnons du temps au temps afin de faire entrer l'idée dans les mentalités : après tout, la Bretagne a seize siècles d'existence !
Propos recueillis
par Erwann Hirel
Contact KAD : kadbreizh [at] gmail.com
Post-scriptum du président de KAD :
Merci à Erwann Hirel et à son journal Le Trégor, ainsi qu'à Jean-Christophe Chorlay, pour ce bel article, et aussi merci au Parti Breton d'avoir envers nous une attitude amicale et constructive : ils m'ont invité à leur dernier congrès pour que je leur parle du projet de KAD.
A paraître également mon interview dans le journal « L'Avenir de la Bretagne ».
Par ailleurs, notre quatrième réunion de travail va avoir lieu le 25 novembre à Miniac-Morvan (35) où nous allons finaliser notre Règlement Intérieur et où nous accueillerons quatre nouveaux membres : nous sommes actuellement 29 patriotes bretons dans KAD.
Pour faire avancer la démocratie en Bretagne, KAD renouvelle sa volonté d'UNION, et garde toute sa confiance sur le fait que le sentiment démocratique d'ouverture finira par l'emporter, au sein de tel ou tel parti encore fermé ou réticent à notre projet d'intérêt général pour la Bretagne. A l'origine, tous les fleuves, même les plus impétueux, commencent par être de simples ruisseaux, et un jour notre idée de (re)créer un Parlement Breton sera une évidence pour le plus grand nombre.
Voir ( voir notre article )