Le succès de la manifestation du 2 novembre à Quimper ( voir notre article ), dite des « Bonnets rouges », vient de trois éléments cumulés : peur du chômage, mécontentement des entrepreneurs et émotion créée par la mutilation d'un jeune homme par une grenade de la police, 8 jours avant. Sur ce point, qui a posé la question de l'emploi raisonné de la force publique ( voir notre article ) personne n'a songé à relever le nombre important de jeunes de moins de vingt-cinq ans et que le faible nombre de pancartes indique que ce sont des gens non encadrés et non habitués à manifester qui sont venus.
La présence de drapeaux bretons ne doit pas être surinterprétée : s'ils sont souvent présents dans les manifestations agricoles et ouvrières, ils étaient ici une manière forte de dire qu'on n'est pas satisfait de l'État, mais ils étaient brandis en bien plus grand nombre que celui de la petite minorité d'autonomistes et d'indépendantistes.
La manifestation est une idée des ouvriers de Marine Harvest, à Poullaouen, près de Carhaix, la ville dont le maire est Christian Troadec, soutenue ensuite par les agriculteurs, les ouvriers de Doux et de Gad, les marins CGT et, enfin les entreprises possédant des camions promis à une taxation élevée.
Les organisations du mouvement politique breton étaient noyées dans la masse.
Le plus comique était d'écouter les journalistes et les politiques qui parlaient en boucle de l'impasse de l'agroalimentaire breton à partir de 3 cas très graves, mais particuliers, alors que la majorité des usines du secteur tourne presque normalement et que la Bretagne, grâce à son climat et à ses compétences, sera toujours une terre privilégiée.
Le plus farce : l'annonce en fanfare du fait FO 29 et FO Bretagne se « désolidarisent » des « Bonnets rouges ».
Peu importait, pour les média, le faible poids de ces micro-organisations noyautées par des trotskistes et qui n'ont nullement changé d'avis, puisqu'ils n'avaient pas appelé à venir à Quimper ( voir notre article ). Ils n'appellent pas non plus aux manifestations syndicales CGT-CFDT, le 23 novembre, à Lorient, Morlaix, Rennes et Saint-Brieuc.
«Que se passe-t-il dans ma Bretagne ?» se sont demandé les gourous parisiens de l'information.
Car, il s'agit de «leur» Bretagne, celle qu'ils se projettent sur l'écran de leurs préjugés et celle qu'ils veulent tranquille quand ils y séjournent.
Michelet a dit que la Bretagne n'est qu'un socle géologique. On ne saurait mieux exprimer que les non-Bretons n'ont pas besoin des Bretons pour imaginer leur Bretagne.
Les clichés suffisent : fiers, têtus, fidèles, parfois, téméraires et inflammables, et toujours dans l'attachement à la France, mais, appliqués à un ensemble de gens très divers, ils respirent les lieux communs du racisme et de ses associées, la bêtise et l'incompréhension.
Quelques insultes ont fusé (incapacité à s'adapter, demande d'assistanat à l'État, tête trop près du bonnet, d'après Jacques Julliard, esprit chouan et antirépublicain), sans compter un Mélenchon qui voyait dans les futurs manifestants un groupe d'« esclaves tenus en laisse par leurs maîtres », les patrons.
Emmanuel Todd (Marianne, du 16 novembre) a renvoyé le petit-bourgeois radical-socialiste qui n'aime pas le désordre et aboyeur à sa niche, ajoutant qu'avec un tel leader, «la gauche de la gauche est mal barrée».
Au slogan «Vivre, décider et travailler au pays», Pierre-Antoine Delhommais, économiste distingué, a donné sa réponse, dans Le Point du 14 novembre : «si un territoire est en difficulté, il convient d'aider ceux qui y vivent à le quitter» et il entonne l'hymne à la mobilité.
Michel Debré nous l'avait déjà dit en 1960 : «Il faut que les Bretons comprennent qu'ils doivent aller là où il y a du travail, c'est-à-dire, dans l'Est de la France». Les Bretons ont la tête dure et les Lorrains cherchent du travail. À Paris, sans doute. Les jeunes Bretons qualifiés aussi, d'où un taux de chômage, contenu mais en hausse.
Ne comprenant rien au sursaut, les éditorialistes ont été saisis d'une triple crise d'angoisse, qui en a rendu certains muets (Marianne, du 9 novembre, « La Fin de l'État de droit », de Julliard, avec 18 lignes sur la Bretagne !).
Première raison de l'angoisse : incapacité à commenter une manifestation à revendications multiples (dites hétéroclites) et non reliées au «faciès» social : manifester pour l'emploi est le monopole des syndicats, réclamer de décider en Bretagne, c'est le travail des partis. Il y en avait à Quimper, mais, de très « étranges » : Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti breton, Union démocratique bretonne, Breizhistance, Mouvement Bretagne et Progrès, Breizh Europa ( voir notre article ).
Des patrons manifestaient avec leurs salariés, avec des ouvriers FO et des marins de la CGT : tous les repères étaient brouillés.
Pour se rassurer, on a largement diffusé un sondage (par téléphone, le 7-8 novembre) qui donnait 57 % de gens qui demandent l'arrêt du « mouvement des Bonnets rouges », mais 40 % approuvaient sa poursuite. Eh, oui !
Deuxième raison d'angoisse : une possible revendication « nationaliste » des Bretons. Il y avait une masse de drapeaux bretons, comme on n'en a jamais vu, même dans les manifestations de revendication culturelle bretonne.
Au début, les média ont focalisé sur les bonnets rouges et «oublié» de mentionner les drapeaux. La maire UMP de Morlaix, Agnès Le Brun, présente à Quimper, a mis 15 jours à les remarquer (fausse excuse de son refus d'accueillir la future manifestation du 30 novembre).
La presse étrangère a mis l'accent sur les drapeaux : un lecteur de l'Agence Bretagne Presse nous a fait part, depuis l'Australie, des commentaires de BBC TV ( ( voir notre article ), 3e commentaire).
Léger soulagement quand on a « coincé » l'entreprise déviante, Armor-Lux, sur le fait que ses bonnets rouges venaient d'Écosse : il faut ne rien comprendre à l'économie à flux tendus pour ignorer que l'entreprise quimpéroise, comme toutes les autres, fonctionne avec peu de stocks et qu'elle a, dans la semaine et dans l'urgence, dû faire appel au seul confrère qui avait, à la fois la laine et les ouvriers, l'une à côté des autres.
Messieurs des média, ce n'est pas bien d'étaler votre ignorance, peut-être feinte, de l'économie moderne.
Troisième cause d'angoisse : le Front national pourrait gagner dans les urnes en 2014.
Soulagement et angoisse mêlés quand les éditorialistes bien-pensants ont appris que quelques manifestants d'extrême-droite s'étaient coiffés d'un bonnet rouge avant de troubler les cérémonies du 11 novembre.
Soulagement de pouvoir poser une grille de lecture sur les Bonnets rouges bretons : des poujadistes anti-impôts comme Le Pen à ses débuts. Finalement, tout s'éclaire : bonnets rouges = Le Pen.
Sans trop le dire, et même si on est dans l'opposition, on compte sur les ministres «bretons» pour en finir avec ce mauvais rêve des Bretons incendiaires de la politique française.
Un éditorialiste en vue ne fait pas référence à des faits historiques, sans qu'ils soient labellisés «glorieuse histoire de France» et s'informe auprès de n'importe quel universitaire qui passe par là, qu'il ait travaillé ou non sur le sujet.
Avant la Révolution, l'Histoire de France est glorieuse à chaque fois qu'un roi gagne une bataille ou réprime une révolte. Ceux d'en face n'auraient pas dû résister, ni même exister.
Une révolte de paysans bretons en 1675 ? Allo, ils disent qu'ils sont comme les paysans de 1675 ? C'est insensé, tout le monde sait que c'étaient des ignares incapables de comprendre ce qu'ils faisaient. Seul le Roi pouvait comprendre et agir. Heureusement qu'il n'a pas faibli et a massacré sans rien accorder. La Bretagne n'était qu'une arrière-cour de son cabinet du Louvre peuplée de sujets obéissants.
Les Bretons d'autrefois n'avaient rien compris à la Grandeur et il faut expliquer, patiemment, à leurs descendants « la vérité historique » : leurs ancêtres s'étaient imprudemment révoltés contre leurs maîtres aristocrates, auxquels le Tiers-État, un peu lent, n'avait pas encore coupé la tête.
Les média ont rempli leur mission d'éclairage du bon peuple, tout en se demandant s'il est bien raisonnable que des leaders locaux parlent de l'Histoire de la Bretagne à leurs ouailles.
Détail oublié par les historiens «normaux» : il fallait payer un impôt royal pour des actes de justice dont une grande partie passait par les nobles suzerains, qui étaient, de facto, des agents royaux. Désolé de troubler votre pédagogie, ils en voulaient terriblement à l'État royal, et à ses portiques, si vous préférez.
Tout devient clair pour les prêcheurs des média, car ils ont fini par produire des « analyses ». Conclusion sans appel : jacquerie poujado-fiscale sans lendemain possible, mais, risque de contagion en France. Et c'est autrement plus grave que de savoir si les Bretons veulent leur indépendance, car, de toute façon, ils ne l'auront jamais.
Christian Troadec ? Selon le portrait tracé dans Le Point du 7 novembre, un petit politicien opportuniste, besogneux, un «fonceur», qui s'allie avec n'importe qui, même avec un «libéral», comme Thierry Merret, qui dirige la fédération départementale du Finistère des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA 29) et qui se définit comme «Breton et non-jacobin». Le ministre veut bien parler avec la FNSEA et ignore la FDSEA 29, qui a toujours été frondeuse. Distingo trop compliqué pour les média. ( voir notre article )
On va leur compliquer la tâche : Troadec a pu être candidat aux élections législatives de 2012 sous l'étiquette Gauche alternative (19 % des voix) et se désister pour le PS, alors qu'il avait fait campagne avec le Parti breton, qui n'est pas classable à gauche, aux Régionales de 2008. Et, le PDG de Tilly-Sabco (abattoir de poulets), peut, à la fois, emmener les employés qu'il va licencier à la sous-préfecture de Morlaix et les empêcher de la prendre d'assaut, n'imitant pas Alexis Gourvennec, en 1961. Trop dur à comprendre. On ignorait, Bretons « nigauds » que nous sommes (Mélenchon), que la lutte des classes était une grille de lecture si capitale pour les journalistes, fussent-ils au Figaro ou aux Échos.
Quand Alain Glon, président de l'Institut de Locarn et ancien responsable d'un groupe industriel agro-alimentaire, parle, nos média croient tenir un fil : il y a un groupe de patrons bretons, emmenés aussi par Produit en Bretagne, qui veulent l'autonomie pour mieux pressurer les salariés bretons. C'était donc bien un complot patronal, corporatiste, libéral, indépendantiste et esclavagiste. Qu'ils sont doués, nos patrons bretons !
Bernard-Henri Lévy a traqué l'idéologie fasciste (livre « L'idéologie française ») dans tous les partis français. Dans son blog du Point (21/11), il ne l'aperçoit plus que chez les Bretons en bonnets et oppose la lumière des marins-pêcheurs de Sein, résistants en 1940 à l'ombre des inventeurs du drapeau noir et blanc. Des marins CGT brandissent ce drapeau, BHL débite des sornettes au kilomètre et amasse des point Godwin (voir Loi de Godwin).
Pierre Marcelle, dans Libération du 15 novembre, se livre à un slalom qui, partant des bonnets multicolores, le mène à déclarer « moribonde » la Ve République en passant par une citation de La Blanche Hermine, de Gilles Servat, dont il comprend mal l'arrière-plan. Au milieu, il voit que : « les couleurs des bonnets plus ou moins ridicules font autant de pendants corporatistes aux couleurs des drapeaux, qu'ils soient nationaux ou régionaux, quand les uns et les autres proclament non seulement la résurrection, mais la multiplication des frontières belliqueuses, qui constituent le terreau naturel de tous les racismes ». Belle phrase, sans profondeur d'analyse. Le rôle du prophète de malheur n'est pas le meilleur pour un journaliste.
Le Monde a attendu 13 jours pour publier un dossier intitulé « Bretagne : le retour du régionalisme ? » avec une brève introduction qui avance que «des revendications identitaires s'abritent derrière des revendications sociales » et résume les articles : « Nouvel essor du régionalisme ou dérive autonomiste » et « L'État doit-il renforcer son autorité ou bien davantage décentraliser ? ». Sur la Bretagne, Le Monde esquive une parole en son nom.
« Revendications identitaires » et « dérive autonomiste » renvoient à la contribution de la « spécialiste du folklore breton » : Françoise Morvan. Résumé : les nationalistes bretons avant et pendant la Seconde Guerre mondiale étaient nazis (non prouvé), donc, tous ceux qui réclament un mode de gestion politique différent pour la Bretagne sont, soit déjà nazis, soit leurs alliés potentiels, comme Jean-Yves Le Drian, allié à des autonomistes (UDB) et partisan d'une gestion expérimentale de certains crédits européens ou étatiques par la Bretagne.
Opinion très « nuancée » d'une « spécialiste » qui détériore la qualité habituelle du Monde.
Christian Prigent, écrivain, compagnon de route de Philippe Sollers dans leur époque gauchiste, se méfie aussi de l'autonomisme et accuse le capitalisme de [réveiller] les réflexes communautaristes et estime que la globalisation capitalistique [propage] les replis identitaires... En Bretagne, tout s'y échauffe vite.
Trop de clichés dans une seule plume professionnelle. Ne pas se tromper d'ennemi, voilà peut être la question, conclut-il. Un ennemi sans visage, comme la finance internationale ? Encore un hollandiste déçu.
Yannick Le Bourdonnec, journaliste économique, a vu peu de bobos dans les rues de Quimper, mais, les visages tristes des ruraux du Centre-Bretagne, dont le tissu économique se délite et qui pensent que les métropoles vont naufrager leur lieu de vie. Il ajoute que les élus de gauche ne savent pas leur parler.
Jérôme Fourquet, de l'IFOP (sondages), dit que les Bretons sont lucides sur la crise de l'agro-alimentaire, qu'il y a des réseaux patronaux autour de Produit en Bretagne et du Medef, allié à la « puissante » FDSEA et que le réflexe anti-jacobin [est] facilement réactivable en Bretagne. Apparemment, il est jacobin, mais pas très fair play (des réflexes, mais pas d'idées). Selon l'IFOP, une même proportion de Bretons se sent proche du Front national (35 %) que partout ailleurs. Il a été le seul à le dire.
C'est surprenant, mais Emmanuel Todd, chercheur en démographie et systèmes familiaux et très friand des média, se présente en connaisseur de la Bretagne, où il dit séjourner souvent et il forme un tandem intellectuel avec le Breton Hervé Le Bras. Marianne (16 novembre), qui n'avait pas su commenter le mouvement à chaud, a publié une interview de Todd qui, pour n'être pas consensuelle, s'avère assez futée. Il rend hommage à la révolte des Bonnets rouges qu'il voit comme une première étape brouillonne et peu cohérente de la remise en cause des États et banques « prédateurs » vivant en concubinage, grâce aux inspecteurs des finances qui les dirigent de concert.
Refusant de voir un symbole indépendantiste dans le drapeau breton, qu'il appelle le gwenn ha du, il en fait un marqueur du fait que la « question nationale » [française, NDA] a été posée par les Bretons en visant au coeur la légitimité de l'État français qui peine à obtenir le consentement à l'impôt, puisque Bruxelles et la Banque européenne ont pris le contrôle des budgets nationaux.
Pour lui, « la révolte bretonne est une chance pour la France », car elle peut sonner le glas de l'euro qui est condamné, si la Bretagne et les autres parties de l'Europe entament la bataille contre « les Roumains importés à bas coûts par les Allemands ».
L'Agence Bretagne Presse a eu l'opportunité de publier l'un des meilleurs textes d'analyse de la crise et de la manifestation sous la plume de Xavier Guilhou, un spécialiste de la gestion des risques et des crises. ( voir notre article )
Dans le dossier du Monde cité plus haut, Romain Pasquier, professeur de sciences politiques à Rennes, ville où il a obtenu son doctorat, bon connaisseur de la réalité bretonne, donne dans le politiquement incorrect. Il prononce les mots qui portent malheur : « France girondine »...« la Bretagne pouvant peser dans les années 50 grâce au Célib »… « force collective de l'identité bretonne ». Il a beau dire que la Bretagne ne s'est jamais mobilisée contre la France, mais contre le pouvoir centralisé stérilisant l'action, il serait bon pour le bûcher médiatique. Et Françoise Morvan meurt d'envie d'allumer le feu, car elle le qualifie d'autonomiste sur la page d'en-face.
Pasquier épingle Hollande et Ayrault pour leur capacité à susciter les mécontentements en Bretagne, soit par l'écotaxe, soit par des promesses non tenues (pas de Charte des langues minoritaires et pas de progrès dans la décentralisation). Comme Todd, il fustige les archaïsmes de la gouvernance à la française, mais, en pointant le tam-tam des ministres en tournée et les émissaires de Paris qui camouflent l'absence d'outils de résolution des problèmes connus depuis longtemps.
Dans une interview parue dans 20 Minutes, le 5 novembre ( voir notre article ), il avait dit qu'il y avait « un risque que le mouvement fasse pschitt ». Cette prédiction, car, c'en est une, n'est pas encore vérifiée, puisque tout dépend du maintien d'une alliance entre les 2.500 ouvriers menacés de chômage et les petits entrepreneurs surimposés (agriculteurs, transporteurs, secteurs utilisant des poids-lourds) même sans écotaxe. L'impôt est beaucoup plus lourd en Bretagne, puisque la Cour des Comptes écrit que l'économie souterraine, donc la fraude fiscale, y pèse 6 fois moins que dans le Midi. ( voir notre article ) et aussi ( voir notre article )
L'Hebdo du Finistère (15 novembre) donne aussi la parole à des commentateurs plus crédibles que certains cités plus haut. Éric Foulquier et Pascal Le Floc'h, chercheurs à Brest, pensent qu'il y a des réformes structurelles à faire dans l'agriculture bretonne et que, si le modèle productiviste est à bout de souffle, une diversification est possible, comme opérée par certains acteurs bretons. Faute de moyens, l'État ne peut plus tout faire en matière d'aménagement du territoire... Les décisions d'avenir se prennent au niveau régional... notre économie est toujours administrée et centralisée... les Régions françaises sont sous-dotées en moyens par rapport à leurs homologues allemandes ou espagnoles. Et voilà que le drapeau noir et blanc flotte aussi sur l'université française !
La différence par rapport aux années 50-60, c'est qu'il y avait des élus qui n'avaient pas peur des oukazes et des enfumages parisiens. Or, ceux-ci arrivent instantanément par la télévision et les média en ligne.
La manifestation de Carhaix sera-t-elle un enterrement de première classe ou une nouvelle étape d'un mouvement qui fasse de la Bretagne un acteur politique collectif ? C'est à voir sur place. Ce qui est certain, c'est que les média auront encore plus de latitude pour choisir les angles qui les intéressent : régionalisme suicidaire, mélange stérile d'esprit fêtard avec la politique, et personnages de fin de partie. Aux participants de ne pas les aider à cultiver leur paresse.