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- Chronique -
Kendirvi, les 20 ans !
Interview de Jérôme Leborgne du groupe Kendirvi pour les 20 ans de ce groupe de fest-noz.
Par norbert guihéneuf pour Norbert Fest Noz le 9/09/19 20:19
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Créé en 1999 par quatre cousins fans de fest-noz, le groupe Kendirvi s’est forgé, au fil de ses évolutions de formules, une identité musicale imprégnée d’univers sonores exotiques et hauts en couleur. Pivot du groupe depuis son origine, Jérôme Leborgne évoque ces vingt ans de parcours qui seront fêtés le 28 septembre à Bréal-sous Montfort.

Tu peux nous rappeler comment est né Kendirvi ?

Jérôme Leborgne : Comme son nom l’indique, Kendirvi est né d’un groupe de cousins qui, après avoir égayé les fêtes familiales, a timidement commencé à animer les festoù-noz du bassin rennais.

Après avoir sillonné toute la Bretagne pour aller danser sur la musique de Carré Manchot, Pevar Den ou Skeduz, mon frère Sylvain Leborgne aux percussions, deux de mes cousins, Bruno Fontaine à la bombarde et Jean-Marie Leborgne à la guitare, et moi-même à l’accordéon diatonique nous sommes en effet laissé tenter par cette scène musicale qui nous tendait les bras.

Nos premières prestations ont eu lieu dans le secteur de Noyal-Châtillon et de Saint-Erblon où nous habitions, nous sommes d’ailleurs très reconnaissants à l’égard des associations locales qui nous ont permis de faire nos premières armes.

Très rapidement, au gré de nos rencontres et à l’écoute des têtes d’affiche que nous écoutions en boucle à cette époque, nous avons eu l’envie d’étoffer notre musique en faisant appel à d’autres musiciens, à commencer par Jean-Bernard Perrin au violon et Vincent Valo à la basse.

C’est à partir de ce moment-là que nous avons essayé de nous démarquer peu à peu des autres groupes de fest-noz et de façonner lentement mais sûrement notre propre identité musicale. Dans les tout premiers temps, les danseurs n’adhéraient pas pleinement à notre musique et puis, au fil des années, nous avons réussi à les séduire davantage et le nom de Kendirvi a de plus en plus circulé dans le milieu culturel breton.

Vous avez toujours créé une musique épicée et voyageuse sur la base de danses traditionnelles, comment définirais-tu le style musical de Kendirvi ?

Jérôme Leborgne : En 20 ans d’existence, le style musical de Kendirvi a beaucoup évolué. Et pour cause !

La vie que nous menons aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle que nous menions il y a 20 ans et notre musique est le reflet de nos différents parcours personnels, en particulier d’expériences musicales inédites qui ont suscité en nous de nouvelles envies.

Et puis, le départ de certains musiciens et l’arrivée de nouvelles sensibilités musicales au sein du groupe ont inévitablement joué sur la couleur musicale de celui-ci, certes dans le son des instrumentistes comme, par exemple, le timbre inimitable de la bombarde de Kévin Colas arrivé en 2003, mais également dans le choix des influences et des arrangements.

Toujours est-il qu’après quelques années passées à nous inspirer des groupes en vogue au début des années 2000, en 2004, à la sortie de notre premier album Ici à minuit, nous avons affirmé une première couleur musicale fortement inspirée des musiques d’Europe centrale et des musiques de cirque.

Cette première forme de métissage musical s’est naturellement imposée au groupe, suite à mes voyages en Europe centrale et à une envie croissante de ma part d’apporter des compositions situées à la croisée des cultures bretonne et balkanique, à l’image de ce que Erik Marchand faisait en plus grandiose avec le Taraf de Caransebes. C’est à cette période que des morceaux comme la Magic Circus Gavotte ont vu le jour.

Puis, entre 2004 et 2008, juste avant la sortie de notre second album Aux bazars du monde, nous avons testé de nouvelles saveurs musicales, que ce soit celle du tango argentin suggérée par la violoniste Agnès Pelé ou celle du jazz de la Nouvelle Orléans impulsée par le trompettiste Romaric Bougé.

Dans tous ces plats musicaux, nous avons essayé de respecter au maximum la particularité des danses que nous agrémentions à notre sauce, tout en régalant les oreilles de sonorités exotiques. Dans les années qui ont suivi, pour diverses raisons, nous avons été plus nombreux à contribuer à l’enrichissement du répertoire, élargissant du même coup la palette de couleurs musicales : la mazurka A la esquina composée par Vincent Valo et la ridée 6 temps La ronde des noctambules composée par Kévin Colas témoignent de cette période.

A partir de 2014, notre curiosité s’est orientée vers les musiques d’Amérique latine : nos mélodies se sont alors parées d’arrangements cha cha, bossa ou cumbia, laissant une large place aux percussions afrocubaines de David Rabiller. Cette nouvelle source d’inspiration est au cœur de notre troisième album Pied-à-terre sorti en 2016. Aujourd’hui, n’ayant rejeté aucune de ces influences, la musique de Kendirvi est comme un kaleidoscope sonore dans lequel plusieurs couleurs musicales cohabitent en bonne intelligence.

Vous êtes très attachés au répertoire dansant d’Ille-et-Vilaine dont vous faites une très belle promotion. Avez-vous fait beaucoup de recherches ou de collectage ?

Jérôme Leborgne : C’est dans cette même quête d’identité musicale que nous avons effectivement intégré à notre répertoire des danses de Haute Bretagne qui, jusqu’alors, étaient peu dansées en fest-noz, nous avons commencé en 2006 avec le tour sur l’dré et, pris à notre propre jeu, nous avons récidivé les années suivantes avec l’aéroplane et l’avant-deux de Bazouges jusqu’à une période plus récente où nous avons revisité deux danses du pays rennais : le carillon de Chevaigné et les bottes.

Pour être tout à fait sincère, dans les premiers temps, notre démarche ne se voulait absolument pas militante, nous nous amusions simplement à travestir des mélodies un peu simplettes en les revêtant de tissus sonores empruntés à d’autres cultures musicales. Ce sont les danseurs qui nous ont fait prendre conscience de l’intérêt de cette démarche que nous avons alors pleinement revendiquée, d’une part, en puisant dans un répertoire peu exploité, d’autre part, en sollicitant régulièrement les associations de danses bretonnes du pays rennais pour qu’elles remettent également ces danses au goût du jour.

C’est à cette même période que j’ai senti le besoin de revenir aux sources en passant régulièrement chez Dastum, rue de la Santé à Rennes pour y écouter des enregistrements de collectage et y sélectionner quelques pépites pour Kendirvi. Par exemple, au moment de confectionner notre suite d’aéroplanes intitulée La tour de Gabel,j’avais dans les oreilles le jeu truculent de l’accordéoniste Jean-Marie Manceau.

Plus récemment, souhaitant proposer une nouvelle suite de pilés menus entièrement constituée d’airs traditionnels, je me suis délecté d’enregistrements tels que Ma petite lingère chanté par Pierre Leclerre, La fille aux oranges interprété par Jacques Beauchamp ou encore Mon père a ‘cor neuf cents moutons chanté par Albert Corgard.

Parmi nous, seul Kévin Colas a effectué un peu de collectage mais, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas encore utilisé ce terreau. En parallèle de nos compositions personnelles, nous avons toutefois goûté au plaisir de revisiter à notre manière une partie de notre patrimoine musical.

Le groupe s’était aussi étendu pour des créations, Kendirvi Orchestra avec une section de cuivres et un duo de chanteuses, ou Kendirvi & Cie spectacle en mode fest-noz / cabaret.

Que souhaitiez-vous proposer avec ses créations ?

Jérôme Leborgne : Même si, à dix ans d’intervalle, ces deux créations ont vu le jour sur la même scène, à savoir celle du festival Yaouank à Rennes, elles n’ont pas pour autant répondu aux mêmes motivations. En 2004, avec Kendirvi & Cie, nous avons fait appel à des artistes d’horizons divers tels que des clowns et des danseuses afin qu’ils apportent une mise en scène complémentaire à notre musique.

A cette période, l’univers du cirque constituait l’une de nos principales sources d’inspiration, c’est pourquoi nous avons convoqué cet imaginaire de multiples façons, d’une part par le son, d’autre part grâce à la gestuelle de ces artistes venus de sphères culturelles extérieures à la nôtre.

Nous avons vécu un moment absolument magique qui a marqué le public venu assister à ce spectacle. Suite à cette première représentation, nous avons eu la chance de nous produire une dizaine de fois à travers toute la Bretagne.

En 2014, nous avons donné vie à une seconde création qui s’appelle Kendirvi Orchestra et qui réunit autour de nous une section de cuivres et deux chanteuses d’inspiration balkanique. Avec ce collectif de musiciens talentueux et grâce aux arrangements coécrits par Romaric Bougé et Nicolas Goré, nous enfilons tour à tour les costumes d’une fanfare klezmer, d’un big band de jazz ou d’un groupe de salsa et c’est particulièrement excitant !

C’est avec cette formation que nous avons enregistré notre troisième album Pied-à-terre sorti en 2016 et que nous nous sommes produits il y a deux ans dans le cadre du festival des Fanfarfelues à Vitré.

Quel est le programme des festivités pour les 20 ans de Kendirvi ?

Jérôme Leborgne : Ce fest-noz anniversaire qui aura lieu le samedi 28 septembre, à 20h30, au centre culturel de Bréal-sous-Montfort, sera à l’image de ces 20 années d’aventure musicale, autrement dit on ne peut plus métissé, parfois inattendu et incontestablement débridé.

Le plateau musical sera en effet particulièrement riche et varié : Digresk, Landat-Moisson, Blain-Leyzour, Traënn choq, Riopel-Leroy et bien évidemment Kendirvi.

Ce sera sans aucun doute le rendez-vous de septembre à ne pas manquer en pays rennais. L’entrée à ce fest-noz que nous co-organisons avec l’association bréalaise La Parebatte est à 8 euros seulement.

Nous espérons donc que vous serez nombreux à venir souffler les bougies avec nous.

L’interview vidéo est à retrouver sur Youtube / Enregistré lors du Festival Interceltique de Lorient à la Tavarn Ar Roue Morvan.

Site Web Kendirvi

Facebook Kendirvi

Voir aussi :
Site d'information et de promotion du Fest Noz
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