Contrairement à la plupart des pays, l’arrivée de l’internet en France fut très particulière . Fier de son minitel et de son système de Kiosque très coûteux, France Telecom gagnait suffisamment d'argent dont une bonne part était reversé à l'état, et n’envisageait donc pas de permettre à ses « clients » des connections à un internet où l’usage est tarifé au forfait, plutôt qu’à la durée . En juin 1996, le nouveau gouvernement a demandé à France Télécom d’ouvrir l’accès à toute la population, alors que qu’auparavant, il n’était accessible qu’aux universités, centre de recherche, à certains milieux économiques branchés ainsi qu'à des minitellistes avertis .
Aussitôt, de nombreux particuliers, hobbyistes, associations, petits professionnels etc... se sont investies sur la toile .
A la fin 96, 6 mois après l’ouverture, le serveur d'hébergement Mygale de l’université paris 8 comptabilisait 8000 sites de ce genre soit la moitié des sites de l'hexagone à cette époque . C’était un aspect nouveau de l'internet, très peu « commenté » par les médias* à l'époque : avec internet chacun obtenait la possibilité de dépasser son état de consommateur d'information, pour devenir simplement et gratuitement, acteur et diffuseur d'information, à l’instar des autres médias de notre société . 10 ans après on ne compte plus les CMS, les blogs, les fils RSS ...
Alors pourquoi fêter cet anniversaire ? Parce que cet évènement effaçait un pan de notre courte histoire numérique, où nos responsables se satisfaisaient, avec le minitel (et l’audiotel **), d’une communication basée sur un coût élevé, donc inaccessible à une grande partie de la population . Avant 1996, nos hommes politiques et hauts responsables avaient la tête ailleurs, ils préparaient … la privatisation de France Télécom .
En fêtant les 10 ans d’internet, service public à part entière, nous saluons l’arrivée d’un nouvel outil au service d’une liberté d’expression, offert à l’ensemble de la population Française, et qui offre d’énormes atouts pour la société : ( désenclavement, culture, économie, transparence, démocratie, …) .
* Si l’on a assisté à des commentaires discrets de la part des médias traditionnels, d’autres journaux, culturellement ouverts à la liberté d’expression : le Canard Enchainé et Charlie Hebdo, notamment, ont tiré à « boulets rouges » les premières années, sur l’arrivée de ce nouveau support d’expression ouvert à toute la population .
** Si le « kiosque minitel » est délaissé au profit du net, le « kiosque audiotel » reste réservé aux services marchands, professionnels ou institutionnels . Alors qu’actuellement un service vocal peut se gérer par le web et/ou le téléphone, plus simplement qu’un blog .