Depuis cinq ans, j'ai pris du recul par rapport à la politique. J'ai tiré parti de ce temps libéré pour me replonger dans la recherche, en particulier sur l'histoire de l'économie maritime bretonne et je suis en phase d'achèvement de ma thèse. Des opportunités m'ont également été offertes d'exercer des responsabilités dans le mouvement culturel.
A l'approche des élections régionales, mes préoccupations vont dans deux directions :
Nous assistons à une crise générale du modèle économique breton, mis en place il y a une cinquantaine d'années, qui se traduit notamment par des fermetures d'activités, des vagues de licenciements et une montée inquiétante du chômage. En outre, le décrochage de la Basse-Bretagne est patent. Comme toujours, c'est en elle-même que la Bretagne trouvera les solutions. Or, les meilleurs économistes le disent, sans une forte régionalisation, elle ne disposera pas des moyens nécessaires pour accompagner les efforts des entreprises et des salariés et réussir cette mutation. L'une des axes pourrait être le développement de l'économie maritime (90% du transport mondial se fait aujourd'hui par mer). C'est là un des enjeux majeurs du retour de Nantes dans notre région. Malgré les espoirs et les promesses, aucune de ces deux réformes essentielles n'est venue : ni la régionalisation, ni la réunification. Pire, alors que le système centralisé a montré son inefficacité, on assiste au contraire à une recentralisation, tant au plan national qu'au plan territorial. Je ne peux pas l'accepter.
Tout le monde reconnait que la langue et la culture bretonne contribuent à la cohésion sociale de la Bretagne, à son dynamisme et à son rayonnement. Le breton est aujourd'hui menacé. Le résultat calamiteux des dernières rentrées dans les filières bilingues montre l'inefficacité de la stratégie mise en place par la Région depuis 5 ans. Cette situation exige donc des politiques plus volontaristes. Or là non plus, malgré les engagements, les mesures nécessaires ne sont pas prises : statut législatif pour les langues régionales, ratification de la charte européenne, décentralisation des médias, transfert de compétences aux régions, seules capables de vraiment prendre en compte leurs langues, à condition d'en avoir les moyens.
Sur ces deux sujets que je considère comme majeurs, de nouvelles politiques sont à imaginer et à impulser, en s'appuyant sur les valeurs d'humanisme et de solidarité qui sont si représentatives de la Bretagne. C'est pourquoi j'ai décidé de m'associer à la démarche de Christian Troadec et de la liste Oui à la Bretagne, qui préfigure un vaste rassemblement pour construire ensemble l'avenir de notre région.
Jean-Pierre Thomin