Je ne leur donne pas le droit de me juger !
C'est en ces termes cinglants que l'Officier des Équipages Marcel Rolland – pilote Super Frelon - résume l'épopée des essais nucléaires atmosphériques, après examen négatif de son dossier médical par le CIVEN .
C'est dans les années 70 que ce très discret serviteur de la République a accompli nombre de missions très dangereuses qui consistaient à hélitreuiller, à l'aide d'un chalut, verrières ouvertes, en simple combinaison de vol, les bidons contenant les gaz et les poussières encore brûlants, tirés par les avions Vautour à l'intérieur même du nuage, 7 minutes après le flash perçu au travers de ses lunettes.
Quarante ans après, le voici atteint aujourd'hui de 3 cancers distincts.
Le refus d'indemniser, une décision signée de la main du ministre, est perçu comme une véritable gifle, une injure à son honneur d'officier.
Son héroïque passé n'a pas eu raison de la loi Hervé Morin. En résumé que lui dit-on ? : « à moins qu'au regard de la nature de la maladie et des conditions de son exposition le risque attribuable aux Essais Nucléaires puisse être considéré comme négligeable ».
Quelques morceaux choisis saisis au cours de son entretien :
« C'était le salaire de la peur… on avait une perception du danger que l'on n'arrivait pas à matérialiser… on allait dans l'apocalypse, ça grondait au-dessus de nous... on avait cette irradiation qui nous traversait le cerveau...
Les hélicos étaient bichonnés (décontaminés), quant à nous on nous disait : ça va ? la mission s'est bien passée ?
On était dans l'inconscience du patriotisme naïf... il était hors de question que le médecin nous déclare inapte à la prochaine mission ».
Extraits du témoignage (4 nov 2011) de M. Marcel Rolland (pilote Aéronavale Essais Nucléaires atmosphériques)
Propos recueillis par
Le Secrétaire de L'ANVVEN
Hugues ROUSEE