Lors de la réunion du collectif Bretagne majeure du samedi 14 août 2021 à Vannes, il a été question de deux problèmes aigus : 1) celui de l'immersion, déclarée illégale par le Conseil constitutionnel et 2) celui du Contrat d'engagement républicain dans le cadre de la Loi sur le séparatisme validée par l'Assemblée et le Sénat.
Dans le choix proposé aux filières bilingues, la parité horaire ou l'immersion, c'est l'immersion le système le plus efficace, nous avons quarante années d'expérience en Bretagne ou ailleurs. Preuve supplémentaire : c'est le système que la République française a imposé à tous les petits Français depuis Jules Ferry, en France comme dans ses colonies, avec le succès que l'on sait.
Pourtant, il ne s'agit aucunement, pour nos filières bilingues, de supprimer le français au profit du seul breton. Bretagne majeure vise à un bilinguisme équilibré, mais fait, en outre, la promotion du plurilinguisme précoce, avec la mise en place d'un système comprenant une de nos langues historiques (breton ou gallo), le français (langue de l'État) et une langue internationale (anglais...). Il ne s'agit donc pas d'enfermement communautaire étriqué que les Bretons d'ailleurs n'ont jamais pratiqué, eux qui naviguaient sur toutes les mers du monde. Pour Bretagne majeure, la Région doit affirmer haut et fort que l'immersion est le seul principe pédagogique efficace pour parvenir à un plurilinguisme équilibré. Il faut que l'enseignement des langues se fasse à la parité d'objectif (Jack Lang 2001). La Région doit s’engager à pallier la carence éventuelle de l’État pour rémunérer les enseignants du réseau Diwan, ouvrant la voie à un service public régional de l’Éducation.
Le projet de décret fixant le contenu du contrat contient en son point 6 l’engagement à renoncer à « revendiquer sa soustraction aux lois de la République pour quelque motif que ce soit ». Signer ce contrat en l’état nous place dans l’impossibilité de dire notre opposition au dogme de "l’unicité du peuple français", lequel nie l’existence de nos peuples minoritaires et notamment de notre peuple breton. Il nous empêche également de pratiquer et revendiquer l’immersion, déclarée contraire à la Constitution. Qui plus est, ce "Contrat" exige l’obéissance absolue aux lois de la République, même à celles qui seraient attentatoires à l’humain, au mépris du droit sacré à la résistance contre toutes les formes d’oppression posé par l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ultime rempart contre toute forme de glissement totalitaire.
En outre, ce qui est présenté comme un contrat n'en est absolument pas un, au sens propre du terme, où les deux parties discutent avant d'aboutir. Il s'agit, en fait, d'un ultimatum du pouvoir. Nous craignons légitimement que cette Loi sur le séparatisme et ce "Contrat" d'engagement républicain se retournent contre nos langues et notre culture... comme le fait la Loi Toubon !
Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est l'avenir de nos langues et de l'immersion, mais aussi l'avenir de notre culture. Nous devons être aussi clairs et fermes que le seront nos amis Basques du nord ou Corses qui annoncent déjà l'ouverture de nouvelles filières en immersion à la rentrée. Nous ne sommes pas concernés par cette Loi sur le séparatisme. Nous demandons aux associations de Bretagne de ne pas signer ce « contrat », nous demandons à la Région Bretagne 1) d'exiger le retrait de ce Contrat et 2) de défendre (suivis par départements et communes) leurs associations en les rassurant quant à l'attribution de subventions qu'ils distribueront comme par le passé selon leurs critères les plus objectifs.
Bretagne majeure.
Le 30 août 2021.
Le Collectif Bretagne majeure : Ar Falz, AFB/EKB (Alliance fédéraliste bretonne), Breizh-ImPacte, Bretagne réunie, Kevread sportel Breizh (Fédération sportive bretonne), Parti breton, Skol uhel ar Vro (Institut culturel de Bretagne).
Correspondance : 06 68 56 67 68.