Il y a déjà un peu plus d'un an, le dimanche 26 novembre 2006, 250 personnes, dont de très nombreux élus venus des cinq départements normands, étaient réunis dans la petite commune d'Épaignes, dans l'Eure, sous la présidence du député-maire UDF Hervé Morin, président de l'Association pour la réunification de la Normandie.
Devant un immense drapeau rouge à léopards jaunes de la Normandie, celui-ci s'était levé pour lancer avec un ton solennel et une visible émotion ce qu'il devait appeler lui-même "le serment d'Épaignes". Il avait martelé ces mots : "Nous nous faisons la promesse d'obtenir un référendum d'ici à 2008 sur la réunification de la Normandie et d'être unis au parlement sur cette question". La chaleur des applaudissements témoignait du sentiment de tous les participants de vivre un grand moment historique.
Écartant la suggestion qui avait parfois été faite d'un processus de réunification passant par un vote des conseils régionaux de Basse et de Haute Normandie, Franck Martin, maire de Louviers et vice-président du Conseil général de l'Eure, avait insisté : "Dans l'histoire, aucune institution n'a jamais voté sa propre mort. Comment pourrait-il en être autrement ? Pour contourner les corporatismes, une seule solution : le référendum !"
L'Association pour la réunification de la Normandie avait lancé une pétition sur son site internet (voir le site) avec l'objectif d'obtenir très vite 10 000 signatures.
Il s'est passé bien des choses depuis et le président de l'Association pour la réunification de la Normandie, en se ralliant à Nicolas Sarkozy, a obtenu un grand ministère, celui de la Défense. Il est ainsi maintenant au cœur du pouvoir. La réforme de l'État que le président de la République a décidé d'engager, fournit de plus une magnifique occasion de mettre en route une réunification qui permettra de simplifier et rationaliser l'ensemble de l'organisation administrative de la région.
L'opinion publique y est largement favorable. Les économies à en attendre seront substantielles. Les effets positifs sur le dynamisme global de la région semblent évidents à tous les spécialistes du développement régional. Cette réunification ne posera aucun problème aux régions voisines. Bref, elle aurait dû en toute logique se mettre en route depuis la rentrée de septembre.
Or absolument rien n'a bougé. M. Hervé Morin paraît frappé d'une profonde amnésie et le "serment d'Épaignes" semble bien n'avoir jamais existé...