Quand on demande aux Acadiens ou aux Québécois : et que deviennent les "autochtones ?", il s'en suit bien souvent un silence gêné.
Buffy Sainte Marie a malheureusement réuni trop peu de spectateurs le premier soir du festival, elle est plus connue en Europe qu'aux Etats-Unis où elle a souvent été censurée. Elle est de toutes les luttes, celles des minorités indiennes, comme celles des femmes (fondatrice de North American Women's Association), elle continue sa route, et contrairement à Dylan qui joue dos au public, elle rayonne sur scène, comme dans la vie, arborant les signes de sa tribu Cree, dans le Saskatchewan. Son titre "Universal soldier" est devenu l'hymne des mouvements pour la paix.
Dans une entrevue accordée par Denise Sullivan pour le magazine rock 'Crawdaddy!', elle déclare:
"En Amérique du nord, aujourd'hui, il y a cinq grandes Ecoles de la guerre très importantes et grandement financées. Il y a Annapolis, West Point, Army College of war (Ecole de guerre de l'armée), l'Air Force Academy et Royal Military Academy du Canada(…) et nous n'avons pas une seule Ecole destinée à la paix de ces calibres-là, avec des financements élevés et cette importance qu'on leur donne. Alors comment sommes-nous censés vivre dans la paix en ce monde quand nos meilleurs cerveaux n'ont même pas une université pour étudier des solutions alternatives aux conflits sinon l'étude des stratégies de guerre?"
"Elle voua, dit Sullivan, de plus en plus de temps à l'éducation et l'instruction des peuples dits "natifs" dans le monde sur leurs héritages culturels par le biais de la maîtrise informatique dès les années 80". "La plupart des gens pensent: 'les Indiens possèdent enfin des ordinateurs', mais nous étions bien en avance sur la plupart d'entre-eux", déclare Buffy." (2) © Denise Sullivan, auteure de “Buffy Sainte-Marie: Still Singing for Peace", publié le 26 juin 2009.
le site de Buffy : (voir le site)
A l'exposition du Faouedic, nommée "Anthropographie" l'ambiance est différente. A l'expo pleine de couleurs et presque surchargée de l'an dernier (Micheau-Vernez) a succédé une expo de trois artistes acadiens, très épurée : un film vidéo, des plats d'argenterie anglaise gravée avec des mots français ou symboliques du refus d'assimilation des francophones par les anglophones. Leur point commun : les rapports entre une culture dominante (anglaise, européenne) et une culture minoritaire (française, indienne).
Et au rez de chaussée, 800 portraits d'Indiens et d'Indiennes différents, en cartes postales, au sol, avec chaque tête barrée par un symbole indien. Décapités. Désagréable, on ne voit que le vêtement traditionnel. Comme une identité bafouée.
L'expo dérange. Le livre d'or réunit des remarques acerbes, assassines "que fait cette expo ici, lamentable !" et d'autres passionnées, conquises : "Génial, restons inas-si-mi-lables !". Faites le détour ...
Mais quand on demande aux responsables acadiens ce qu'il en est des deux tribus indiennes, au nombre de 5/7000 en Acadie (700 000 habitants au total), on a droit au silence gêné. Et puis, une phrase : "c'est horrible". Que penser ? Alcoolisme, acculturation, marginalisation... Encore une culture minoritaire en danger...
Renseignements :
ANTHROPOGRAPHIE : PERSPECTIVES CONTEMPORAINES
Jusqu'au 12/08/2012 à 19h00
Maryse Arseneault, Mathieu Léger et Stefan St-Laurent posent un regard contemporain sur l’histoire de l’Acadie, en étudiant ses liens avec d’autres peuples : installation vidéo, estampe et intervention sur des objets récupérés.
Cette exposition est conçue par la commissaire Jennifer Bélanger à l’invitation de la galerie d’art Louise et Reuben-Cohen de l’université de Moncton et est soutenue par la commission du tourisme acadien du Canada atlantique.
Tarif : Entrée libre
Horaires : tous les jours de 14 h à 19 h
Adresse :