Familles : je vous ai (2), ou : les familles définitivement exploitables
Le président de la République vient de tenir sa promesse faite au lobby judiciaire : que celui-ci ne s'inquiète pas, l'exploitation des problèmes parentaux restera leur chasse gardée. Pire (pour la société) et mieux (pour sa famille d'affairistes) : une nouvelle " grande profession de droit " va voir le jour à leur profit, afin de consolider l'outil d'exploitation, la monstrueuse pelle mécanique à déverser dans le trou judiciaire les parents exploités et normalisés, les parents stérilisés, institutionnellement dénaturés.
Au début de l'année 2008 déjà, à l'occasion de la réforme de la carte judiciaire, le porte-parole du gouvernement avait annoncé que les avocats ne seraient pas déçus par les suites données leur principale préoccupation : les affaires familiales. Un traitement spécial leur serait réservé, qui ne déplairait pas au lobby noir. Le message avait au moins le mérite de n'être même plus ambigu. Inutile de faire des grèves de la faim, sauf pour la forme, des jeûnes de 6 à 12 heures avec transports, médiatisés sur TF1 ou les chaînes dites " publiques ", en ambulance vers le centre de réanimation le plus proche. Inutile de jeter les codes civils au feu ou dans les fenêtres des ministères, comme lors de la précédente menace de dépossession des juteuses et interminables affaires financières sous prétexte familial.
La loi Royal contre la famille et pour le lobby judiciaire fut une catastrophe sociale. Et les mesures Sarkozy vont conforter cette capture honteuse, cette volonté de faire définitivement dégénérer la société par tous moyens non pas légaux, mais bien plutôt " légazisés " : en invoquant l'intérêt supérieur des enfants plutôt que d'invoquer l'intérêt mercantile d'un lobby, comme on invoquait jadis l'amour de Dieu pour éliminer ceux qui ne se pliaient pas à la norme.
Le nouveau gouvernement est plus que jamais à l'écoute des leurs revendications catégorielles grossièrement dissimulées derrière le masque de la " défense du droit pour tous ". Dans son courrier du 11 janvier 2008 à tous les avocats de France, monsieur Iweins, le président des Barreaux, appelait à la mobilisation générale : le risque de voir son lobby dépossédé des " affaires familiales " lui apparaissait comme réel ; aussi appelait-il l'ensemble de ses collègues à la mobilisation, voire à l'insurrection par l'imaginaire, afin que les notaires ne leur retirent pas ce pain blanc de la bouche.
C'est le même Iweins qui vient de se réjouir d'entendre, par la bouche même de son collègue Sarkozy, (celui qui se vantait de sa première plaidoirie dirigée contre un père de famille, celui qui conserve des revenus confortables issus du cabinet d'avocats où il vaquait précédemment), la promesse officielle de voir perdurer le scandale des affaires familiales à leur profit. Qu'on soit " de droite " ou de " de gauche " ne veut plus rien dire, sauf pour la galerie, pour la plaidoirie, pour le fun.
C'est exactement, au masculin, comme être top model ou " artiste chanteuse ", au féminin : l'important, c'est le chiffre engendré et le pouvoir personnel. Qu'on soit " machiste " ou `"féministe " n'a plus guère d'importance non plus. Les machistes perdent et les féministes gagnent, mais ils rapportent exactement autant d'argent l'un que l'autre au profit du lobby noir. Et plus globalement encore, l'expression " engagement politique " n'a objectivement plus de sens.
Un militant syndical, censé représenter des ouvriers menacés de licenciement collectif, ne vient-il de déclarer, sur les ondes publiques, que " la justice " serait saisie si les familles des ouvriers étaient fragilisées par ce coup dur patronal ? Demander à cette institution dévoyée de défendre des familles, c'est demander aux inquisiteurs de défendre les " sorcières ", c'est demander aux commissariats de police et aux tribunaux des années quarante de défendre les Juifs !
Le paradoxe est à son comble quand on fait des gorges chaudes du fait qu'un nouveau-né d'humoriste a pour parrain un tenant de l'extrême droite d'hier, un suppôt de fanatisme révolu, sans dire que des millions d'enfants sont sous tutelle judiciaire, qui est quant à elle le totalitarisme populiste à la mode, dépassant avec ruse et perversité les clivages politiciens de jadis.