Depuis le 16 avril dernier, le musée a le plaisir d'accueillir à nouveau ses visiteurs. Cette saison, l'équipe du musée leur propose de découvrir une artiste clé dans le renouveau des arts appliqués bretons, Jeanne Malivel.
Jeune femme sympathique, vive et passionnée, Jeanne Malivel (1895-1926) consacra sa brève carrière à la rénovation des arts appliqués de sa Bretagne. Gravure sur bois, broderie, mobilier, faïence, vitrail, objets du quotidien, cette touche-à-tout offrit son talent à la création d’une dynamique qui bouleversa la production artistique bretonne, alors trop académique et stéréotypée. Avec René-Yves et Suzanne Creston, elle fut le fer de lance de la création du groupe des Seiz Breur et de leur participation à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
Sa vision ne se cantonna pas au simple exercice de son art. La modernisation des arts appliqués fut accompagnée d’une volonté de rendre les oeuvres produites accessibles à toutes les bourses. Elle tenta, avec ses idées et ses commandes, de relancer l’artisanat autour de Loudéac en proie à l’émigration vers les villes comme tout le centre Bretagne. Fauchée par la maladie, en plein bonheur, à l’âge de 31 ans, elle restera la mère d’une nouvelle génération de créateurs.
Cette première exposition, menée avec la collaboration de l’Association des amis de Jeanne Malivel (voir le site) et de la famille de l’artiste, présente l’ensemble des aspects de son oeuvre. Quelques broderies inspirées des dessins de cette femme talentueuse, réalisées par les élèves de l'École de Broderie d'Art Pascal Jaouen, mettent en lumière toute la modernité de son oeuvre.
L'ouvrage consacré à l'exposition sur Jeanne Malivel est paru. Le catalogue réalisé sous la direction de Bernard Jules Verlinge, aborde en profondeur l'ensemble des arts appliqués auxquels Jeanne Malivel s'est consacrée.
Il est possible de l'acquérir en le commandant auprès de l'association des Amis du Musée et de la Faïence de Quimper. Il est également disponible à la boutique du musée. (L'envoi postal est possible), 84 p. 20 euros.
(voir le site) Cette gravure [la première du carrousel], réalisée par Jeanne Malivel et intitulée L'Union de la Bretagne à la France, est sans nul doute la plus polémique de L'Histoire de Notre Bretagne (1). Elle provoqua une levée de boucliers de la part des opposants au mouvement breton, puisque, outre la grande douleur de cette femme en pleurs représentant la Bretagne, nous y voyons la France [soit le roi Louis XII] (2) voler dans la bourse de cette dernière.
Jeanne avait été profondément affectée par les reproches [...]. On ne l'avait par comprise, disait-elle, et on conçoit bien cependant, qu'après les odieuses inquisitions du fisc chez vous, elle ait traduit ainsi son émotion témoigne son amie Anne Le Goaziou. Loin de désirer cette levée de boucliers et les violentes réactions à l'égard de cette oeuvre ou de l'ouvrage en général, Jeanne Malivel nous donne une tout autre explication. Elle aurait fait allusion aux différents démêlés que son père a connus avec le fisc !
Quoi qu'il en soit, malgré la petite taille de ses gravures, Jeanne Malivel a toujours su choisir et intégrer les parfaits détails pour transmettre le message et l'émotion accompagnant l'oeuvre. Nous ne pouvons rester insensibles. C'est d'ailleurs les illustrations réalisées par l'artiste qui redoreront le blason à cet ouvrage, dont le discours est loin d'être neutre comme se doit d'être un document historique... Creston dira en 1929, qu'il est le seul livre breton édité en Bretagne qui marqua une date dans leur renaissance artistique grâce aux splendides et vibrantes gravures, qui donnaient un caractère de force et de sobriété au livre breton.
La violence des réactions qui suivirent la parution de l'ouvrage contribue à l'adoption d'une attitude plus que méfiante vis-à-vis du mouvement breton... C'est la fin des gravures à thématique politique !
Nous ajoutons la description des illustrations, qui seront ou non dans l'exposition.
- Ill. 2 : Louis XII et Anne de Bretagne, parodie de l'union de la Bretagne à la France. Illustration de L'Histoire de Notre Bretagne, Jeanne Coroller-Danio, 1922.
- Ill. 5 : La Bretagne de demain, pastichant le monument de Jean Boucher de Rennes, explosé en 1932. Illustration de L'Histoire de Notre Bretagne, Jeanne Coroller-Danio,1922.
- Ill. 6 : Anne de Bretagne.
- Ill. 7 : Nominoé triomphant, IXe siècle. Illustration de L'Histoire de Notre Bretagne, Jeanne Coroller-Danio, 1922.
- Ill. 8 : La mort de Pontcallec décapité à la hache le 26 mars 1720 place du Bouffay à Nantes. Illustration de L'Histoire de Notre Bretagne, Jeanne Coroller-Danio, 1922. Voir (voir le site) pour la page wiki de la conspiration de Pontcallec.
- Ill. 9 : La bataille de Saint-Aubin du Cormier, 28 juillet 1488. Illustration de L'Histoire de Notre Bretagne, Jeanne Coroller-Danio, 1922. Voir (voir le site) pour la page wiki de la bataille.
14 rue Jean-Baptiste Bousquet,
Quartier de Locmaria, 29000 Kemper
02 98 90 12 72
(voir le site) du musée.
Du lundi au samedi, de 10 h à 18 h sans interruption.
Fermé dimanche et jours fériés.
Groupes toute l'année sur réservation.
Samedis au musée : une visite guidée de l'exposition temporaire est proposée tous les samedis de juillet et août, du 30 juin au 1er septembre, à 15 h. Visite gratuite sur présentation du billet d'entrée. Attention, la visite du 14 juillet n'aura pas lieu, le musée étant fermé.
(1) Note de Nantes Multimédia : Jeanne Coroller-Danio écrivit Histoire de notre Bretagne, 238 p., qui parut en 1922 avec la préface de François Vallée. On en trouve un compte-rendu vigoureux sur (voir le site) par René Durand paru dans les Annales de Bretagne, t. 35, n° 4 de 1921, p. 665-671, où il n'est pas question des gravures de Jeanne Malivel (décoré de gravures sur bois originales) - il y en a 74 - mais seulement du texte...
(2) Note de Nantes Multimédia : Jeanne Malivel avait bien tout compris : les rois de France, Charles VIII puis Louis XII, en épousant Anne de Bretagne, avaient rapproché la Bretagne de la France (intérêts économique et politique). Comme ils le voulaient depuis Charles VII et Louis XI. Le dessin a fait polémique, sans doute parce que le deuxième degré de l'artiste n'a pas été perçu... Ce n'est pas dans l'autre sens qu'il faut voir les choses, Anne n'a jamais voulu unir la Bretagne à la France, malgré ce que certains historiens (et journalistes à leur suite) ont prétendu. Pour preuve cette déclaration de Jean Favier : Il est inexact de dire qu'Anne réalisa l'union de la Bretagne à la France : (voir le site) de l'Encyclopédie Universalis, page Anne de Bretagne, rédigée par Jean Favier.