Motion EPCC 7 juin 2008
Les membres de l'Institut Culturel de Bretagne expriment leurs plus vives inquiétudes à l'égard du processus d'accaparement des institutions culturelles bretonnes initié par l'État et les collectivités publiques, par le développement des EPCC. Cette structure permet au pouvoir politique de désigner ou de coopter les membres du Conseil d'administration, en lieu et place de leur élection par les représentants du monde associatif, ce qui constitue un tournant fondamental.
Ils rappellent que l'incroyable succès de la dynamique culturelle bretonne, dans un environnement juridico-politique hostile à la diversité, car fondé sur le principe constitutionnel de l'unicité du peuple français, ne tient qu'à la volonté des Bretons de sauvegarder et de promouvoir leur culture.
La réduction des instances nées de la Charte culturelle de 1978, (ICB et CCB) en EPCC légalement contrôlés par les collectivités publiques, conduirait à l'inverse de l'objectif recherché de promotion d'une culture dont les fondamentaux restent à ce jour menacés.
En effet, la création des EPCC obéit à une logique d'appropriation publique de la culture et des identités, sur le mode d'une extension uniforme à l'ensemble du territoire national. Comme toute entreprise publique, ces établissements cultiveront l'auto-satisfaction permanente, au détriment de la créativité et de l'esprit revendicatif qui sont à la base de la vitalité bretonne. Les adhérents rappellent encore que l'ICB, à l'instar du CCB, sont les instances dépositaires de la légitimité née de la Charte culturelle de Bretagne, acte sans précédent dans l'histoire, en ce qu'il manifeste une certaine reconnaissance de la personnalité bretonne.
Faut-il rappeler ce que représente, pour le peuple breton, une telle légitimité, à l'heure où de nombreux organismes internationaux ne laissent pas de reprocher à la France son dogmatisme dans le refus de reconnaître la diversité identitaire et culturelle sur son territoire?
Cette légitimité offre aux Bretons la capacité à agir devant les instances internationales au soutien de leurs droits culturels. À l'heure où ces droits progressent partout ailleurs sous la poussée du principe démocratique, il serait hautement condamnable d'abandonner cette marque de reconnaissance.
Ainsi, les adhérents de l'ICB expriment leur refus de voir disparaître cette légitimité et s'opposent fermement à toute structure consacrant la perte de contrôle de la société civile bretonne sur le devenir d'une culture qu'elle a su sauvegarder.
Ils rappellent enfin, à toutes les collectivités publiques, qu'au lieu de déposséder les Bretons du devenir de leur culture, ceux-ci leur demandent instamment de mettre en cohérence le droit français avec les grands standards internationaux de protection des droits culturels, pour assurer la libre transmission des langues et de l'histoire de Bretagne aux générations futures.