Dans un article paru sur l'Agence Bretagne Presse en 2013, il était déploré qu'aucune « porte Internet » n'existe en Bretagne ( voir notre article ). Cette expression désignait ce que les spécialistes appellent les GIX (Global Internet eXchange), c'est-à-dire, un ensemble d'ordinateurs chargés d'échanger le trafic Internet.
Au début de l'ère Internet, il n'y en avait qu'un seul, à Paris, pour toute la France métropolitaine. La conséquence était que pour établir une connexion, tout passait par la capitale avec les coûts induits par la distance (plusieurs milliers d'euros par mois pour Brest, par exemple). Le prix d'une liaison peut être multiplié par 4 si les fournisseurs Internet sont différents au début et à la fin et si on crée des salles d'échange, on raccourcit le temps et on paye moins.
Depuis trois mois, un GIX vient d'être ouvert à Nantes, ce qui est une bonne nouvelle pour la Bretagne et va lui permettre d'avancer vers l'économie numérique qui est l'un de moteurs de la croissance économique (mais, pas le seul). Il est dénommé OuestIX (prononcer Ouestix) et a une forte coloration Pays-de-la-Loire, puisqu'il a été créé par des entrepreneurs nantais et angevins et qu'il a reçu 100 000 euros comme aide de la part de la Région, en attendant celle de Nantes Métropole.
Il se présente sous la forme d'une association loi 1901, ouverte à tous les partenaires et qui a été fondée en avril 2014 par 4 sociétés spécialisées : Oceanet Technology, Octave, Network & Hosting et Sigma,
Début 2015, trois « points de présence » (POP) étaient ouverts à Nantes, en attendant celui d'Angers qui va ouvrir très bientôt. Il faut, cependant, avoir à l'esprit que les limites régionales ne veulent rien dire, s'agissant d'un réseau informatique. Le GIX est associé à un points d'accès Internet (NAP) qui est une place de marché pour acquérir et revendre du trafic Internet.
Les promoteurs mentionnent des négociations en cours avec la Région Bretagne, ce qui laisse supposer, au moins l'ouverture d'un POP à Rennes et, sans doute plus tard à Brest et Vannes. Cependant, Sylvain Vallerot (Opdop et Manyones), nous avait signalé la présence, plutôt discrète, d'un GIX à Rennes, FR-IX35, qui ne figure pas sur la carte mondiale de Telegeography.
Le GIX de Nantes est aussi une bonne nouvelle pour les fournisseurs associatifs d'Internet en Bretagne : Le Net du Kermeur (Plougonven), Grifon (Rennes) et FAIMaison (Nantes).
Le GIX nantais sera donc en mesure de se comparer à Rézopole, qui gère LyonIX (90 membres), lequel concentre une grande partie du trafic de la Région Rhône-Alpes, grâce à ses satellites à Saint-Étienne, Grenoble et Valence. Comme l'Internet est, par définition, un réseau, c'est la création de liens informatiques avec tous les GIX qui permet les économies et le meilleur fonctionnement possible. C'est pourquoi, OuestIX doit être raccordé à LyonIX et aussi à FranceIX, le grand point d'échange parisien qui va dépasser 400 Gigabits en charge instantanée.
Cependant, le principe du maillage implique que tout ne passe pas par un point central et les ordinateurs des entreprises raccordés à un GIX donné peuvent échanger en direct, ce qui est un autre facteur d'économies.
Le GIX nantais a été monté en un temps record et cela lui a permis de précéder le projet GirondIX qui va se monter, bientôt, à Bordeaux et qui permettra un meilleur accès vers les GIX espagnols (Bilbao, Barcelone, Madrid)
Voir une carte des GIX dans le monde entier par Telegeography : http://www.internetexchangemap.com/#/
Dossier de presse : http://www.ouestix.fr/wp-content/uploads/2014/11/Dossier-et-communique-de-presse-OuestIX-04-12-14.pdf
Christian Rogel
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