L'attentat de Quévert qui a causé la mort d'une personne, le 19 avril 2000, est un acte lourd de conséquence car il a touché la vie humaine. Et sur ce point, tous les défenseurs de la Bretagne sont clairs: aucune cause au monde ne justifie la mort d'une personne. La police française n'a pas fait la lumière sur les circonstances de ce drame. Eclaircissement pourtant indispensable, pour la famille, pour la connaissance de la réalité historique, et aussi pour éviter tout amalgame. Ce manque d'éclaircissement a permis durant les années 2000 à 2004 de faire largement l'amalgame entre revendications bretonnes, activisme et criminalité. Ce qui n'honore pas les courants politiques et les médias qui ont utilisé cet amalgame pour salir l'ensemble du mouvement breton. Au point même que, par autocensure, le mouvement breton lors de la manifestation d'indignation et de réprobation de l'attentat de Quévert - à laquelle j'ai aussi participé avec beaucoup d'émotion - s'interdisait l'utilisation du drapeau breton, comme si la Bretagne en soi devait se sentir coupable d'un acte répréhensible et isolé. L'opération médiatique de désinformation avait alors atteint son but: déstabiliser moralement le mouvement breton.
Les sept magistrats de la cours spéciale acquittèrent, le 26 mars 2004, Gaël Roblin, Christian Georgeault et Pascal Laizé pour toute responsabilité dans l'attentat de Quévert. Verdict d'autant plus explicite que le contexte général de ces quatre années de médiatisation portait à vouloir trouver des coupables coûte que coûte. Plus de 4 ans après, le nouveau jugement, suite à l'appel du parquet général de Paris, devant une cours spéciale de neuf magistrats, apparaît être comme l'expression d'un désir de revanche judiciaire. Cette fois, la population bretonne, le mouvement breton - et nous pouvons l'espérer, les médias - seront beaucoup plus circonspects concernant le traitement du procès.
En dépit des nombreuses démarches démocratiques des élus et de la population, aucune des grandes revendications des Bretons n'a reçu le moindre avis favorable du gouvernement. Chaque jour des nouvelles réformes, sans concertation, touchent les Bretons et remettent en cause la cohésion sociale de notre société. Dans ce contexte, la plainte portée par le Conseil Général des Côtes d'Armor, contre des tags de soutien aux militants bretons sur des ponts, semble bien maladroite et dérisoire. La belle affaire, il suffisait tout simplement de les nettoyer sans en faire autant d'histoire. Cette plainte apparaît comme une manœuvre de division alors que nous avons besoin au contraire de toute notre solidarité bretonne. Car ce ne sont pas les idées des prévenus qui posent question ici, que l'on partage leurs idées ou non, mais bien le caractère politique d'un nouveau procès quatre ans après leur acquittement. Ce nouveau procès est un procès de trop, totalement décalé par rapport au contexte économique et social de la Bretagne d'aujourd'hui.
Emile Granville, Adjoint au Maire de Redon membre du bureau national du PB-SB