Depuis la proclamation de l'indépendance de la Tchétchénie au début des années 1990, le mouvement indépendantiste tchétchène est divisé entre des nationalistes partisans d'un état laïque et des islamistes ayant la volonté d'appliquer la charia. La rupture est parvenue à son point le plus critique lors de la proclamation de l'Émirat du Caucase par Doku Umarov, président de la République Tchétchène. Une proclamation rejetée par le ministre des affaires étrangères de la même république, Akhmed Zakàiev.
Umarov, qui dirige la résistance armée tchétchène contre la Russie, refuse qu'on le considère comme un extrémiste islamique, mais aujourd'hui, avec la proclamation de l'Émirat du Caucase cela ne fait plus de doute. Cela risque de mettre à mal la république tchétchène et de la remplacer par un état qui regroupera une suite de peuples nord-caucasiens sous une autorité fondée sur la loi religieuse. Dans la déclaration par laquelle il proclame l'émirat, Umarov assure que son état a la volonté de recueillir sous un même toit les peuples aussi divers que les Tchétchènes, les Ossètes, les Ingouches, les Kabardes, les Nogaïs, les Balkares et tous ceux du Daghestran.
Akhmed Zakàiev, ministre des affaires étrangères tchétchène en exil, n'a pas hésité à qualifier la proclamation de l'émirat de "tentative de détruire les fondements" de l'état tchétchène. Pour Zakàiev, la proclamation d'un état islamique est totalement contraire à la "situation réelle" du monde. Il n'aide en rien à la lutte nationale du peuple tchétchène et est une nouvelle excuse à donner au Kremlin pour augmenter sa présence militaire en Tchétchénie.
Jihad contre les USA, Israël et le Royaume-Uni
Umarov appelle aussi au jihad ou guerre sainte contre les États-Unis, Israël et le Royaume-Uni. Selon Zakàiev, Umarov serait influencé par le Kremlin pour avoir pris cette décision. Cela discrédite la résistance tchétchène aux yeux de l'Occident.
Le président du parlement tchétchène, Zhaloudi Saraliapov, a aussi mis en cause la légitimité d'Umarov pour se proclamer émir du Caucase. Selon Saraliapov, la charge d'émir n'est pas prévu dans la constitution de la République Tchétchène et, par conséquent, n'a pas de base légale.