Un grand linguiste et lexicographe breton vient de disparaître : René Le Gléau (en breton Ronan ar Glev) est mort ce matin à Brest à l'âge de 86 ans.
Né en 1922 à Saint-Renan où il passa son enfance, René Le Gléau était le fils d'un charron. Il perdit sa mère à l'âge de trois ans. Il fit de solides études classiques et pensa un moment s'orienter vers la vie religieuse et fit des études de philosophie scholastique chez les Pères Assomptionnistes, mais il renonça plus tard à cette voie et devint précepteur en Bretagne, puis en Normandie, tout en poursuivant ses études. Il devint ensuite professeur de latin, d'allemand et d'espagnol à Rouen, puis à Elbeuf. Ayant obtenu le capes de lettres classiques ainsi qu'un DES de littérature latine, il devint professeur de lettres classiques à Granville et plus tard, de 1966 à 1987, à Brest où il prit sa retraite.
Travailleur acharné, il était devenu un des grands spécialistes de la langue bretonne à l'époque moderne et contemporaine. En 1973, il avait fait paraître un premier ouvrage : "Syntaxe du breton moderne : 1710 - 1972", (134 pages) qui devait être suivi en 1999 et 2000 des "Études syntaxiques bretonnes", (501 p.).
La très grande œuvre de sa vie allait être le "Dictionnaire classique français-breton" en 10 volumes, publiés de 1983 à 1994 aux éditionsAl Liamm de Brest. Ce monument de plus de 700 pages aura été un véritable "travail de Bénédictin"; il contient plus de 100 000 citations, sert tous les jours à de nombreux enseignants et étudiants de breton et a vraiment sa place dans toutes les bonnes bibliothèques bretonnes.
Tous ceux qui l'ont connu se souviendront longtemps de cet homme discret et généreux qui aura ainsi consacré une très grande partie de sa vie et de ses ressources à la langue de son pays.