Dans un article de son blog (1), Christophe Clergeau, secrétaire régional du Parti Socialiste, premier vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, premier adjoint au maire de Sainte-Luce-sur-Loire, dénonce l'amendement porté par neuf députés à l'Assemblée nationale. À la manière de Stéphane Le Foll (2), proche de François Hollande, M. Clergeau proclame que la réunification n'est pas un sujet prioritaire. Pire, M. de Rugy, par sa prise de position, discréditerait la gauche auprès des classes populaires. Ces dernières pourtant, comme le montre l'ensemble des analystes politiques, ne semblent pas avoir attendu les militants de la réunification de la Bretagne pour abandonner tout espoir dans le PS.
Il est donc amusant de constater que selon ces deux cadres du PS la question n'intéresserait pas les citoyens. Le débat reste pourtant très présent dans toute la Bretagne et les conseil généraux de Loire-Atlantique, du Morbihan et le conseil régional de Bretagne ont émis des voeux pour la réunification. Mais pourquoi font ils cela ? Sont-ils, comme le dit M. Clergeau tournés vers une vision passéiste de l'aménagement du territoire et hors des sujets vus comme prioritaires par les citoyens ? La question de la réunification n'est pas à mettre en concurrence avec les problématiques liées à l'emploi, le logement et la précarité. Il s'agit d'une réorganisation administrative de l'ouest de l'hexagone vers des collectivités qui seront justement mieux à même de répondre des enjeux démocratiques, économiques, sociaux et humains, dans l'intérêt du plus grand nombre. En bref, des territoires et des populations non plus tournés vers Paris et les intérêts de quelques familles de notables, mais vraiment acteurs de leur choix, comme dans le reste de l'Europe de l'Ouest en fait.
On en vient donc à l'argument avancé par M. Fillon et divers cadres du PS, celui du caractère “anti-démocratique” du droit des Bretons à décider eux-mêmes de la réunification. Selon Christophe Clergeau l'amendement serait “inique” car permettrait de “disposer de la capacité de détruire une région sans demander l'avis de ses habitants”. Un argument erroné du fait qu'il laisse croire que la région Pays de la Loire serait une entité autre qu'administrative, qu'il y aurait un attachement de la population, une histoire, une vraie réalité sociale des Pays de la Loire. Soyons clairs, tous les habitants de cette entité s'en foutent, en 1999 un sondage montrait que près de la moitié des habitants de la dite région ne connaissait même pas le nom de “Pays de la Loire”. Une autre étude de 2006, commandée par France 3 Ouest, montrait que 61 % des habitants de la Sarthe, du Maine-et-Loire, de Vendée et Mayenne étaient favorables à la réunification de la Bretagne. Les plus virulents à défendre les PdL (Pays de (la) Loire), ce sont surtout ceux qui dépendent de ses subsides comme M. Auxiette et M. Clergeau.
Faut-il consulter les populations des autres départements des Pays de la Loire ? Oui, tout à fait, un projet démocratique ne peut se faire que par une consultation. Cependant, il serait plus logique que les autres départements n'aient pas à décider de l'avenir des habitants du 44 à leur place. À eux, et leurs représentants, de se poser des questions, de demander à statuer sur ce que eux voudraient dans le cas de plus en plus concret où la Bretagne et les Bretons s'uniraient dans un même cadre administratif régional. Nous faisons ici référence au projet proposé depuis des années par les militants de la réunification de la Bretagne, tellement auto-centrés sur eux-mêmes qu'ils ont également pensé aux autres départements via la proposition de création des régions du Val de Loire et de Vendée-Poitou Charente.
Quel est le fond du problème ? Pourquoi les élus, notamment du Parti Socialiste nantais, sont-ils tellement opposés à une refonte des régions de l'ouest de l'Hexagone qui répondraient aux réalités sociales et culturelles ? Parce qu'ils ont un projet tout fait en tête : le Grand Ouest, que M. Clergeau cache derrière le nom de “Loire-Bretagne”. Si la question de la réunification n'intéresse pas les Bretons, force est de constater que le Grand Ouest ne leur effleure même pas l'esprit. Pourtant les élites locales portent ce projet dit d'avenir depuis des dizaines d'années. La réunification de la Bretagne serait un projet “passéiste”, mais nous leur rappellerons que le Grand Ouest, “projet d'avenir”, était déjà défendu par les élites nantaises sous le régime de Vichy1.
La région Pays de la Loire est déjà entièrement construite pour Nantes, au détriment des autres départements. Mais cela ne semble en fait pas suffire à messieurs Ayrault, Clergeau et consort, ils se verraient bien être la capitale d'un territoire plus vaste, englobant la Bretagne administrative et pourquoi pas le Poitou-Charente. Cette vision hégémonique de Nantes, au détriment des autres territoires et d'un aménagement équilibré et homogène, est donc le projet “d'avenir” défendu par ces élus.
Des élus qui passent beaucoup de temps à promouvoir une région mal identifiée au niveau local comme international. En bref, des élus comme M. Clergeau qui, plutôt que de cumuler les mandats et de s'émoustiller “en entendant une cornemuse à Nantes”, devraient penser à une réorganisation des régions au profit de la population et non d'intérêts personnels.
(1) Blog de Christophe Clergeau : http://christophe.blogspirit.com/archive/2011/12/23/de-rugy-et-la-bretagne-les-limites-de-la-politique-des-coups.html
(2)(2) Stéphane Le Foll : ( voir notre article )
http://44breizh.com/2011/12/27/des-elus-bien-decides-a-bloquer-la-reunification/ pour le communiqué de 44=Breizh. Contact : collectif.44breizh [at] gmail.com