Patrick Le Lay (1942-2020) est décédé le jour de la Saint Patrick le 17 mars. Certains rappelleront ses incroyables compétences comme directeur de TF1, d'autres le citeront sur la publicité et la vente d'espace de cerveau mais nous retiendrons ce qu'a dit et a fait pour la Bretagne ce Breton de Saint-Brieuc.
Je suis profondément indépendantiste__Patrick Le Lay
Tout d'abord sa tentative de créer une télévision bretonne au début des années 2000, TV Breizh, qui s'est heurtée à l'opposition du CSA. Le CSA a fait opposition à une diffusion régionale y compris sur Nantes et a favorisé le local. TV Breizh, en tant que télévision régionale, a été coulée par le CSA.
Dans une interview publiée dans le magazine BRETONS de septembre 2005 et reprise dans le journal Le Monde, le PDG de TF1 accuse la France d'avoir procédé à un "génocide culturel de la langue bretonne". Il déclare alors "Je ne suis pas français, je suis breton. Je suis un étranger quand je suis en France".
En 2011, lors de la réunion des chefs d'entreprises bretons avec Nicolas Sarkozy, Patrick Le Lay lui rappelle que "seules la France et la Turquie n'avaient par ratifié la Charte des langues régionales et minorisées".
On vit dans des mensonges, par exemple celui de la République française belle, unique et indivisible portant la liberté au monde avec cette devise : liberté, égalité, fraternité. La République française n'est ni libérale, ni égalitaire, ni fraternelle. Si elle l'était, il n'y aurait pas besoin d'écrire ça sur tous les frontons publics. Je ne dis pas que ce n'est pas un joli principe, mais ça n'a jamais été appliqué et surtout pas en Bretagne… On détruit le corpus des langues régionales en France comme le breton et le basque. Ce sont des langues très anciennes. Le français est une langue magnifique mais elle est artificielle. Elle date de l'édit de Villers-Cotterêts en 1539. Comme il fallait unifier un pays, il fallait unifier une langue. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut tuer des langues qui ont deux mille ans d'existence derrière elles. Mais la faute à qui ? Aux Bretons. Ils n'avaient qu'à la défendre. [...] Je suis profondément indépendantiste. Je pense que la France est un pays qui ne fonctionne pas. Dans le cadre européen, je pense que nous devons aller vers des régions et pas des nations. La nation française est un concept qui est faux, c'est un mythe auquel se raccroche un pouvoir centralisé. C'est aux hommes et aux femmes de prendre conscience qu'ils vivent dans des schémas qui ne sont pas les bons, que le système jacobin centralisateur est un système dépassé__Patrick Le Lay, propos tenus au micro de Nathalie de Broc sur les ondes de France Bleu Breizh Izel le 24 novembre 2012.
Le 31 mai 2014, Patrick Le Lay et le club Erispoë qu'il a créé, écrivent au président Hollande afin qu'il profite de la réforme territoriale pour réunifier la Bretagne.
Une de ses dernières interventions publiques a été sa conférence à l'école des filles de Huelgoat, le 4 septembre 2016 Du trait d’union à la désunion. De 1532 à 2030.
Patrick Mahé, qui l'a rencontré encore il y a quelques mois, affirme qu'un de ses plus grands regrets "était de pas avoir réalisé un film sur Anne de Bretagne".
Des fois les vies sont trop courtes.