Eric Meillan, ancien directeur de services à la Direction de Surveillance du Territoire, notamment à Nantes et à l'Inspection générale des services, a publié en février 2012 un livre autobiographique dont l'épilogue répond à la récente affaire de l'IGS soulevée par Le Monde en ce début d'année.
Éric Meillan a occupé dans sa vie plusieurs fonctions (voir le site) , notamment l'une sur le territoire breton, à partir du début de mars 1981, lorsqu'il était commissaire principal chef de la Brigade de Surveillance du Territoire (BST) à Nantes. Aujourd'hui, la DST a été fusionnée avec les ex-RG au sein de la DCRI (voir le site) mais agit toujours. Le chapitre 3 du livre, écrit par sa femme Emmanuelle Tenailleau, est consacré à sa période nantaise. Le lecteur apprendra de nombreux détails intéressants sur l'organisation de la surveillance de la Bretagne par la France à cette époque. Ainsi, la BST de Nantes a sous sa surveillance un vaste territoire d'investigation qui s'étend de la Loire-Atlantique à la Vendée et inclut le Maine-et-Loire, ce qui indique que, même dans le partage des circonscriptions par la DST, la volonté de séparer la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne persiste.
La BST s'appuie sur des contacts. Occasionnels ou réguliers, politiques ou non, menu fretin ou plus importants, comme ce patron d'une boîte de nuit nommée l'Abreuvoir et surnommé Santino. Peu d'informations sur les milieux de l'ARB… et pour cause ! La cellule qui s'en occupe – et la direction de la région Ouest se trouvent à Rennes.
Plutôt sur la sécurité défaillante de l'usine DCNS d'Indret – où l'accès à la photocopieuse n'est absolument pas limité – et à la guerre de tranchées que se livrent bientôt Éric Meillan et le nouveau responsable de la DST dans l'Ouest de la France, nommé en 1981 par le nouvel exécutif. S'y ajoutent encore un interprète russe et amateur radio arrêté en 1987 et qui ne peut être inculpé, et une militante communiste et CGT-iste fortement soupçonnée de faire fuiter des documents qui ne peut pas plus être poursuivie, puisque on ne peut pas mettre en garde à vue une responsable de cellule alors que le gouvernement compte deux ministres communistes ! gronde le directeur de la DST. Sans oublier un garagiste dénommé B. S., en contact régulier avec les gendarmes du Croisic et de Saint-Nazaire auxquels il servait de temps à autre d'informateur et qui se retrouve à livrer à un attaché militaire soviétique diverses informations de plus en plus confidentielles comme donner de la documentation sur des liaisons radio, informer sur la présence ou non de tels ou autres bâtiments dans le port de Lorient ou de Saint-Nazaire (p. 78). Éric Meillan quittera la Bretagne pour le Service Central de la Sécurité des Systèmes d'Information le 1er janvier 1989 après un peu moins de huit ans à Nantes. Il finira sa carrière à l'IGS qu'il dirigera de 2003 à 2010 et quittera, fatigué de voir la police se bureaucratiser et se transformer en matraque, ce qu'il a depuis dénoncé, et dans l'ouvrage de sa femme, et à divers médias (voir le site)
Emmanuelle TENAILLEAU, Eric Meillan, confessions d'un sale flic, de la DST à l'IGS (2012), édition la Boite à Pandore, 17,90 €.