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- Interview -
David Derrien candidat de la biodiversité : Je ferai la Réunification et le Parlement breton au sein d'une France plurielle
David Derrien, dit Dédé l'Abeillaud, candidat de la biodiversité et des abeilles, a été interrogé par ABP sur son projet de gouvernement et son engagement. Il est centré sur la
Par Louis Bouveron pour ABP le 2/03/12 21:25

David Derrien, dit Dédé l'Abeillaud, candidat de la biodiversité et des abeilles, a été interrogé par ABP sur son projet de gouvernement et son engagement. Il est centré sur la défense de l'environnement et la reconnaissance de la diversité de la nature et des territoires.

Dédé l'Abeillaud à Paimpol


ABP : Comment est né Dédé l'Abeillaud ?

Dédé l'Abeillaud : Je suis militant pour l'environnement depuis 15 ans, j'en ai 41 aujourd'hui. Après un BTS et un BTA j'avais prévu de m'installer en 1998 en élevage de moutons bio, et à cette fin j'avais voyagé pour me former dans les plaines de la Crau et à Mirecourt dans les Vosges. Mais à l'époque la SAFER et les chambres consulaires en Bretagne avaient fait les yeux ronds. Je suis resté engagé dans l'environnement et je cherchais à concrétiser, sachant que en Bretagne, la culture écologique est très forte et se transmet alimentée par des luttes nucléaires (Plogoff) et des événements tels que les marées noires ou vertes. Par ailleurs, j'ai été adhérent de l'UDB, je m'étais présenté en 2004 pour le canton de Saint-Pol de Léon où j'avais fait 7.4%, à l'époque où l'UDB amorçait son rapprochement avec les Verts. J'habite maintenant à Plougastel-Daoulas.

J'ai donc imaginé à partir de mars 2011 d'apparaître en costume d'abeille pour sensibiliser les gens à la disparition des populations d'abeilles à cause des pesticides et aux questions environnementales en général. J'ai participé au blocage de la coopérative CECAB qui fait des aliments pour bétail à base de tourteaux de soja OGM et là j'ai fait le show en abeille pendant une heure. J'ai commencé à décoller et d'avril à août je me suis rendu à diverses fêtes où je me présentais pour de rire aux éléctions « pesticilentielles ». C'est alors que la FFAP (Fédération française des apiculteurs professionnels) m'a invité à passer à l'étape suivante en me présentant à la présidentielle pour mettre à profit l'outil de communication que j'étais. Les faucheurs volontaires (anti-OGM) se sont joints au mouvement.


ABP : Comment vous-vous êtes pris pour la chasse aux parrainages ?

Dédé l'Abeillaud : Il y a une implantation assez forte des apiculteurs et des faucheurs sur le territoire, sur laquelle on peut superposer la cartographie de mes premières promesses de parrainage : Rhône-Alpes, Grand Ouest (90 dont 35 à 40 en Bretagne) et Sud Ouest. En effet, les élus ruraux sont les premiers aux prises avec les problèmes écologiques, et connaissent leurs enjeux. Il a fallu les convaincre, expliquer la méthodologie, le programme qu'il y a derrière. Fin décembre 2011, nous avions une petite bombe, soit 300 promesses de parrainage. Mais il y avait besoin d'un second souffle, donc j'ai déclaré ma candidature dans les médias. Nous avons à ce jour 354 promesses de parrainage. Beaucoup de maires attendent la dernière ligne droite, la dernière semaine, pour apporter leur soutien, c'est pourquoi nous allons faire le point après le 9 mars et les inviter à apporter leur soutien à notre candidature.


ABP : Quel est votre programme ?

Dédé l'Abeillaud : Notre programme est centré sur la diversité biologique, que nous sommes résolus à défendre. Nous voulons dénoncer la position hypocrite de l'Etat et de la Commission Européenne au sujet de l'usage des phytosanitaires puisqu'ils se retranchent derrière l'absence d'études scientifiques prouvant leur nocivité ; si nous sommes élus, nous interdirons la commercialisation des insecticides systémiques en France, comme cela a été fait en Italie. Ces insecticides qui enrobent la graine se diffusent dans la plante durant toute sa croissance, et aussi dans les sols et dans la biodiversité. Il y aura aussi un moratoire sur les importations OGM en Union Européenne. Nous ferons la promotion de la production de semences paysannes par les agriculteurs eux-mêmes, pour rompre la dépendance avec les grands groupes semenciers. Nous soutiendrons la diversification des produits vers plus de goût et moins d'uniformité. Nous appliquerons enfin la convention de Rio sur la diversité biologique ratifiée en 1992 par 180 pays et oubliée depuis.


ABP : Quel est votre programme pour la Bretagne si vous êtes élu ?

Dédé l'Abeillaud : Si je suis élu, je suis pour que la République reconnaisse la diversité de ses territoires. La réunification va être évidente, et je suis même pour que se fassent des Parlements bretons, corses, basques, autonomes mais dans le cadre d'une République plurielle.


ABP : Arrêterez-vous la construction du projet d'aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame des Landes ?

Dédé l'Abeillaud : Bien sûr ! Je suis moi-même pour la désobéissance civile et non violente, et puisque le David Derrien est indissociable de Dédé l'Abeillaud, je vous affirme que ce projet est surdimensionné, d'impact clairement négatif, 1500 hectares arasés pour la mégalomanie de certains qui croient ainsi faire face à la saturation de l'aéroport actuel, saturation qui n'est ni immédiate, ni sans solutions locales. Nous arrêterons le projet d'aéroport, comme nous sortirons de l'énergie fossile, et comme nous planifierons une sortie du nucléaire qui ne peut se faire du jour au lendemain mais qui résulte d'un choix pour la France.


ABP : La Bretagne est une région avec un modèle agricole particulier. Que proposez-vous pour l'adapter à la biodiversité ?

Dédé l'Abeillaud : Nous proposons d'entrer dans un autre monde. Les logiques de capitalisme, de compétitivité ne nous intéressent pas. Nous privilégierons l'humain, le local, la qualité. Mais aussi la sobriété dans les besoins, tant écologiques qu'alimentaires. Les agriculteurs doivent être mieux rémunérés pour les sortir du surendettement et de la spirale infernale qui les oblige à toujours plus de technicité et toujours moins de coûts. Le modèle agro-économique breton a été nécessaire, il est aujourd'hui au bout du rouleau, il faut en proposer un autre qui donne sa place à l'éthique, au solidaire. J'applique cela dans ma vie courante, notamment par le placement éthique au sein de la NEF (Nouvelle économie fraternelle) puisque aujourd'hui il y a une offre réaliste qui permet de subvenir aux besoins d'un choix de société écologique et solidaire.


ABP : Dernière question, pensez-vous qu'il faut continuer à encourager l'éolien et le solaire, même s'ils risquent de miter les paysages ( voir notre article ) ou s'il faut privilégier les énergies renouvelables qui prennent la Bretagne telle qu'elle est, à savoir la houle et la biomasse ?

Dédé l'Abeillaud : Je pense qu'il faut régulariser l'éolien pour éviter la spéculation. Mais qu'il faut continuer à développer ces énergies, notamment par l'offshore pour limiter le mitage des terrains. Il faut privilégier l'avenir et non le patrimoine religieux : entre une éolienne et le clocher avec lequel elle pourrait jurer, je préfère l'éolienne. Elles vont entrer dans les consciences, comme les lignes à très hautes tensions que beaucoup ne voient plus et qu'il faut virer. Aujourd'hui, j'ai fait de l'environnement un choix de vie, d'une autre vie. Je ne paie plus un centime à EDF, j'ai fait le choix d'ENERCOOP qui privilégie les petites structures produisant de l'énergie renouvelable. Je peux donc me dire anti-nucléaire. Les centrales houlomotrices doivent être encouragées. La biodiversité au quotidien, c'est possible !

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Étudiant en droit-histoire expatrié en Orléans, passionné par l'histoire et le patrimoine de la Bretagne. S'intéresse aussi à l'économie bretonne et à l'actualité de Loire-Atlantique.
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