- Pourquoi faire une histoire de Bretagne en vidéo après avoir réalisé une histoire en 4CD?
Jean-Jacques Monnier : cela part du même constat : la masse des Bretons - et surtout la jeunesse - n'a pas accès à sa propre histoire et pourtant, elle ne demande qu'à s'y intéresser. Comme les enseignants n'ont pas de formation spécifique, que la télévision régionale a peu de créneaux grand public et de moyens, il faut fournir des outils qui rendent l'histoire bretonne accessible au plus grand nombre et ceci de façon agréable et moderne. Les deux DVD du coffret permettent de survoler toute l'histoire, sur une base chronologique, et surtout de voir cette histoire, ce qui la rend beaucoup plus réelle.
- Cette histoire est-elle scientifiquement sérieuse?
Jean-Jacques Monnier : c'est son objectif. Olivier Caillebot et moi, on s'est appuyé sur la trentaine d'ouvrages publiés par Skol Vreizh depuis plus de 40 ans et déjà vendus à plus de 170 000 exemplaires. Ils sont résumés dans "Toute l'histoire de Bretagne", cette synthèse de 900 pages régulièrement réactualisée et qui a eu une trentaine d'auteurs, tous spécialistes reconnus, généralement universitaires. Mais si la base est connue, c'est la forme qui est nouvelle.
- Qu'a-t-elle de particulier ?
Jean-Jacques Monnier : on a conservé l'innovation de l'Histoire de Bretagne pour tous, un livre et 4 CD : l'histoire parcourue sous la forme d'une conversation, ou plutôt d'une série de conversations courtes qui avaient remportées un vrai succès d'audience lors de deux années de diffusion radiophonique quotidienne. C'est là qu'on a peaufiné notre méthode, Olivier, l'homme de radio et le musicien, et moi, l'enseignant d'histoire. Pour soutenir l'attention et renforcer le caractère attractif, des musiques spécifiques ont été créées, des comédiens ont été sollicités pour des lectures de documents. Il y a déjà eu deux éditions, 8 000 exemplaires. Le livre-CD continue à être demandé et à toucher un public qui n'achetait pas de livres d'histoire de Bretagne.
- Est-ce par mode que vous êtes passés à l'image ?
Jean-Jacques Monnier : non. A la suite de la sortie du livre CD, on nous a demandé de faire des conférences. On en a fait environ 35 dans toute la Bretagne. Outre les chanteurs et musiciens, souvent pris parmi les organisateurs, on a accompagné notre dialogue sur l'histoire de projections fixes et d'une ou deux petites vidéos. C'est là qu'on a eu l'idée d'un véritable film documentaire historique, multipliant les vidéos et les images-documents en conservant la même base chronologique. On sait que l'on touche encore bien plus de monde par l'image que par l'audio.
- Pourquoi ce qui n'était pas réalisable hier l'est devenu aujourd'hui ?
Jean-Jacques Monnier : les moyens techniques se sont perfectionnés et démocratisés. Et surtout notre projet a rencontré une aide confiante de la Région Bretagne (1). Cette aide a permis d'acheter des images d'archives, très coûteuses, de financer une version tout en breton et de diffuser les 5h40 de récit historique pour environ 20¤, c'est-à-dire un prix abordable, même en période de vaches maigres. La Cinémathèque de Bretagne nous a mis ses riches collections et son savoir-faire à disposition.
(1) La subvention reçue par Skol Vreizh prévoyait la fourniture gratuite de coffrets DVD pour le libre usage des enseignants de lycée et la mise en ligne de la majeure partie du film sur le site internet bretagne.fr.
- Un gros travail ?
Jean-Jacques Monnier : oui, 18 mois de travail continu, très lourd, deux films différents de 5h40 à réaliser du fait des structures différentes du breton et du français. Rechercher dans toute la Bretagne, et même dans toute l'Europe des documents et des images d'archives. Tourner des images sur une soixantaine de site des 5 départements bretons. Maintenant l'outil est là, à chacun de se l'approprier...
- Comment avez vous fait pour réaliser pour la version en breton?
Jean-Jacques Monnier: Nous avons fait appel à deux jeunes femmes bretonnantes, une journaliste en langue bretonne Laetitia Fitamant, et une comédienne professionnelle, également très ferrée en histoire, Aziliz Bourgès. Divy Kervella a adapté en breton les 22 séquences correspondant à 22 périodes et à 22 conversations en français. Un autre bretonnant, Didier Dreo, a supervisé l'enregistrement en studio..
Il n'y a pas de sous-titrage, ce sont deux films distincts dans deux coffrets distincts. Les dictions sont excellentes et vivantes. Ce sont aussi de belles leçons de breton pour les apprenants. Les deux coffrets sont vendus séparément, dans les mêmes conditions (20¤). Sur la couverture figurent en blanc les versions "version en français" ou "version en breton". Skol Vreizh pourra fournir gratuitement d'ici quelques jours le fichier comprenant la retranscription écrite de cette version en breton.
- C'est destiné à qui ? Où le trouve-t-on ?
Jean-Jacques Monnier : à toutes les générations, à partir de 7-8 ans sans limite supérieure ! Les tests que nous avons pu faire auprès de spectateurs connaisseurs ou non sont très positifs, comme pour le livre audio. Cela peut aussi être un support de conférences. On nous demande déjà d'en faire ! Quand au coffret, il est diffusé en librairie par la Coop Breizh. Ou par internet sur le site de (voir le site)
Propos recueillis par Hubert Chémereau