Il est important, tout d'abord, de souligner qu'avant mes travaux, deux immenses juristes - d'Argentré et Planiol -, ont dénoncé, sans ambiguïté, ce que fut le processus perpétré en 1532 par la monarchie française, et les quelques complices qu'elle avait achetés ou menacés , parmi les plus importants du Duché: une annexion, en aucun cas un “Traité” librement discuté, négocié, paraphé, approuvé par la Nation, en tout cas par ses représentants. Il est très regrettable que si peu d'historiens aient lu ces écrits, indispensables, essentiels pour la connaissance de notre passé - et surtout de notre avenir -, alors qu'ils sont condensés en quelques pages. Un peu plus de vigilance et d'astuce - et de sens du devoir - auraient dû permettre à tous de les connaitre. Il est encore temps, surtout pour Marcel Planiol, l'un des plus grands juristes du début du XXe siècle, dont le monumental ouvrage se trouve dans toutes les librairies bretonnes spécialisées. Un chapitre entier est consacré à l'annexion. Il est irritant d'entendre dire par certains "hystoriens" amateurs, que s'il s'était agi d'une annexion, on l'aurait su ! NON ! S'ils ne le savent pas, c'est que leurs sources sont squelettiques. Au travail, donc.
La démonstration que j'ai faite en particulier lors de ma conférence à Vannes ( voir notre article ), on s'en souvient, comporte quatre chapitres, démontrant non pas seulement la nullité absolue du faux traité de 1532, mais son inexistence juridique :
1- Le traité est nul, parce qu'il a été déféré à une institution bretonne apte à ratifier un tel texte, mais non à l'initier, le négocier, le rédiger : Les États de Bretagne.
2- Le traité est nul, parce que la dynastie bretonne, le chef de gouvernement (le Chancelier), le gouvernement, la Nation bretonne n'y ont pas consenti, et que ce prétendu accord a été imposé par la concussion, la corruption, la peur, l'intimidation, l'accaparement par le Royaume d'à côté de toutes les fonctions et de tous les pouvoirs dans le Duché, totalement assujetti après la mort d'Anne de Bretagne. Le "Traité" est l'oeuvre de la France seule, aidée de quelques "collabos", en aucun cas de la Nation bretonne.
3- Le "Traité" est nul, parce toutes les formalités constitutionnelles bretonnes pour tenter de le mettre d'aplomb ont été, d'une manière très grossière, violées.
4- Le "Traité" est nul, parce qu'il met violemment en défaut la règle de la réciprocité des avantages que se doivent les parties contractantes: la France seule retire des avantages - colossaux -, de la nouvelle situation créée par elle: le territoire, l'armée, les forteresses, les impôts, l'économie, le capital humain exceptionnel, la flotte, etc. Les Bretons, non seulement ne reçoivent rien en échange, mais sont, littéralement, PLUMÉS. Ils disparaissent de la scène internationale, et commencent leur descente aux enfers, jusqu'à devenir, au XIXe siècle, le Ploukistan occidental de la France, avec, en prime, la destruction de leur langue et de leur culture. Le bilan est accablant.
Dr Louis MELENNEC
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