Pour la première fois depuis septembre, ( voir notre article ) le chômage baisse en Bretagne, alors que la France continue de s'enfoncer dans la crise.
Un journal morlaisien s'est empressé de relayer en sourdine cette bonne nouvelle http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/chomage-la-hausse-se-poursuit-0-5-24-02-2012-1611844.php réduite à un léger mieux » Mais si l'on se reportait aux chiffres on s'apercevrait que de fin décembre à fin janvier, la Bretagne est passée de 170.945 à 170.022 chômeurs (1), soit 923 chômeurs en moins. Soit, si on a bien lu, 0-5 % de chômeurs (cat. A) en moins (1).
Mais il est vrai que la hausse se poursuit en France, où les unes après les autres, les usines continuent de fermer ou sont maintenues à coups d'expédients qui tiennent plus de l'interventionnisme politique habituel que du véritable projet économique comme l'ex-raffinerie Petroplus. Il y a désormais 2.691.678 chômeurs (catégorie A) en France (2), et le gouvernement qui cherche à positiver ne trouve qu'une bonne nouvelle : la hausse se ralentit ! Il y en aurait trois autres : pour une fois, les femmes, les seniors et les jeunes sont épargnés ; en revanche, le nombre de chômeurs de très longue durée ne cesse de croître, surtout dans les bassins jadis industriels, notamment dans le centre de la France. Donc la relative bonne santé de la Bretagne et de ses périphéries (notamment la Basse-Normandie qui compte 139 chômeurs de moins, notamment en Manche) fait quelque peu fausse note. Cachez-nous ces Bretons que l'on ne saurait voir !
La rémission de la crise n'est pas encore assurée en Bretagne, puisque le sort de la SOBRENA à Brest ( voir notre article ) n'est pas éclairci, pas plus que celui de la filière navale à Saint-Nazaire ( voir notre article ) où 200 emplois sont toujours en péril. Mais l'Ille-et-Vilaine et le Finistère commencent à sortir la tête de l'eau, tandis que le Morbihan ne s'enfonce pas plus.
Il y a quelques années, les Bretons qui en avaient assez de la France posaient des bombes, et sautaient les trésoreries, les poteaux EDF ou même les antennes de l'ORTF. Cela est désormais inutile. Ce n'est pas à la France que la Bretagne doit sa résistance économique, ce n'est pas à la France qu'elle doit sa capacité intarissable à innover ( voir notre article ), à exporter, à vivre au rythme du monde plutôt qu'à s'en défendre par tous les moyens. Chaque chômeur qui retrouve un emploi, chaque entreprise qui se crée et qui ne connaît point la crise en Bretagne est une bombe lancée contre un pseudo-modèle économique français en faillite, un interventionnisme étatique débilitant dont la fin semble de transformer la France en une grande et belle friche industrielle. Aujourd'hui, la Bretagne commence à prendre une direction économique différente de la France, abrutie par des décennies de choix économiques et sociaux aberrants, dont le dernier en date est de singer l'Allemagne et les pays du nord de l'Europe en imposant la rigueur. La France n'a jamais eu dans sa culture la rigueur, contrairement à l'Islande ou la Lettonie qui l'ont souvent pratiquée, et où, effectivement, cela marche. Demain, la Bretagne refusera de subir elle-même ces aberrations qui menacent sa santé économique, sociale, politique. La Bretagne n'a qu'un problème, c'est la France.
Notes
(1) : chiffres pour les cinq départements bretons.
(2) : Une fois retirés les chômeurs bretons.