Alors que l'attention se porte sur le pacte pour l'avenir de la Bretagne, je ne peux m'empêcher de relire le dernier plan préparé par l'Etat en décembre 2010 qui s'appelait « Plan agricole et agroalimentaire régional en 18 actions pour réduire les fragilités structurelles ». Nous voyons bien ce qu'il est advenu et où nous en sommes aujourd'hui.
Comme beaucoup, j'ai été frappé de voir que ce nouveau pacte pour l'avenir était annoncé par un ministre et que la région et son président étaient réduits à un rôle de simple figuration. Rappelons-nous pourtant les débats lors de la mise en place de la Banque Publique d'Investissement (BPI). On nous disait que les régions « stratèges » seraient désormais décisionnaires. Ces jours-ci, c'est bien le ministre qui a annoncé les promesses de financements octroyés par la BPI ; de même pour le FEADER européen, alors que l'on nous dit que les régions devraient maintenant gérer ces fonds. Force est donc de constater qu'il n'y a toujours pas de véritable décentralisation, pas de décisions prises en Bretagne. C'est pourtant un message clair qu'ont lancé les Bretons à Quimper : Nous ne pouvons plus avoir confiance dans un Etat criblé de dettes qui promet pour faire baisser la pression populaire mais n'a plus de moyen ni de crédibilité à force d'engagements non tenus. Si la France ne veut pas se réformer, qu'elle laisse au moins les Bretons le faire et s'administrer librement. Nous voulons prendre nos responsabilités pour reconstruire un économie qui restaure la compétitivité de nos entreprises, disposer d'un cadre fiscal stabilisé pour rassurer les investisseurs, construire un véritable pacte social autour d'une stratégie de territoire pour une Bretagne réunifiée ouverte sur le monde. Nous voulons une Europe moins technocratique mais plus intégrée autour d'une gouvernance économique fédérale renforcée, seul moyen de réduire les distorsions de concurrence à l'intérieur de la communauté. Ces messages n'ont pas été entendus par l'Etat et pourtant la Bretagne a un urgent besoin de réponses claires à ces questions pour fonder son avenir. Nous pensons, comme nos voisins européens de la Flandre à la Catalogne en passant par l'Ecosse et le Pays Basque, que nous avons formé suffisamment d'élites politiques, économiques, sociales et culturelles pour nous émanciper du pouvoir central. Ce chantier doit s'ouvrir maintenant pour redonner confiance aux Bretons.
Yves Pelle
Président du Parti Breton