La Bretagne subit, depuis de longues années les conséquences de la politique d'aménagement du Territoire décidé par les technocrates visionnaires de Paris. Dès 1993, le Conseil régional de Bretagne débattait déjà autour de l'aménagement de la Bretagne. Il entendait jouer, en prenant toutes ses responsabilités, la carte d'une véritable décentralisation.
Or les mêmes qui criaient hier après le centralisme parisien, n'ont eu de cesse de le reproduire, eux aussi, pour voir leur ville atteindre la « taille critique » dés qu'une once de pouvoir leur a été accordée. La politique de métropolisation, de concentration a été poursuivie à outrance. Cela malgré toutes les conséquences connues à ce niveau, sur le plan social en rejetant en périphérie et en « ghéttoïsant » les moins bien lotis, en créant les conditions de la montée de la violence et de l'insécurité, en oubliant les impacts sur l'environnement et la qualité de vie.
Dans le même temps, les politiques menées par l'Etat et malgré les velléités de quelques parlementaires - malheureusement en situation de cumul de mandats - « régionalistes en Bretagne et jacobins à Paris » ont amplifié les phénomènes de déséquilibre et de désertification de nombreux territoires. En créant des « sous citoyens » en terme d'accès aux services de proximité par exemple sur le plan de la santé et des services publics.
Cela malgré la belle déclarations d'intention de 2006 du « candidat-président » Nicolas Sarkozy : …/… « Rétablir la confiance est plus que jamais nécessaire pour ceux de nos concitoyens qui sont issus du monde rural. Depuis des décennies, certains de nos territoires ruraux les plus fragiles sont gagnés peu à peu par la désertification. Or je veux affirmer, une fois encore, qu'il n'y a pas de fatalité au dépeuplement ni à l'exode rural, pour peu que l'Etat poursuive et amplifie ce qui fut toujours une grande politique, une politique originale dans notre pays, celle de l'aménagement du territoire. Elle n'est d'ailleurs pas pour rien dans la qualité de vie et des services publics que nous reconnaissent les étrangers qui visitent et apprécient notre pays. Aménager le territoire, c'est refuser que l'Etat ne renforce encore les tendances, là, à la concentration, ailleurs, au dépeuplement, plutôt que de rechercher un équilibre dans le développement de nos territoires. Aménager le territoire, c'est finalement garantir une véritable égalité des chances pour chaque Français, en tout point du territoire » . …/… ( ).
Source(s) : Discours Congrès de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (01/12/06) ; Interview dans le magazine L' Ordinateur individuel (mars 2007).
Un exemple parmi de nombreux autres démontre qu'aujourd'hui l'égalité de traitement pour tous les Bretons n'est pas, loin s'en faut, respectée dans toute la Bretagne. Après les atteintes portées à cette dernière avec la réforme judiciaire, ce seront demain, pour certains, de nouvelles inégalités nées de celle pénitentiaire.
Le rapport de Jean Marie Delarue, contrôleur général des lieux privatifs de liberté traite certes des conditions scandaleuses de détention qui y règnent très souvent, mais ne pose pas, semble-t-il, en dehors du manque de moyens, la question des causes de la surpopulation de ces derniers. L'afflux de nouvelles lois à caractère sécuritaire en étant une. Il ne souligne pas que l'Etat continue à reproduire au niveau carcéral, le principe de la concentration des moyens du modèle économique dont on connaît la nocivité et oublie l'indispensable notion de prévention. Il oublie surtout le plus souvent, le respect de l'humain.
Il en va ainsi avec la fermeture programmée de la Maison d'arrêt de Saint-Brieuc qui accueille des prévenus pour la plupart habitants les Côtes d'Armor - détenus en attente de jugement et les condamnés dont la durée de peine restant à purger est inférieure à 1 an, ou les condamnés en attente d'affectation dans un établissement pour peine, centre de détention ou maison centrale. Son transfert est prévu vers la future prison de la « métropole » rennaise.
Or selon Jean-François Forget, secrétaire général de l' UFAP «Ce type d'établissement est « à taille humaine » et, pour nous, il est bien entretenu. Certes, il faut mettre des moyens pour que cette maison d'arrêt soit en conformité avec les normes mais cela ne justifie en rien une fermeture. On a l'opportunité d'y profiter de la taille réduite pour faire entrer du travail et le social en prison. Nous voulons faire en sorte que cet établissement vive même si ce n'est plus sous l'appellation de maison d'arrêt et que ceux qui entrent en prison n'y reviennent plus» (Union fédérale autonome pénitentiaire. Le Télégramme 1 octobre 2009.)
En dehors de ce qui concerne les détenus eux-mêmes les conséquences sont lourdes pour les familles dont il n'est pas été tenu compte de leur localisation de leur âge et de leur catégorie sociale. Elles sont condamnées de facto - sans procès - à une double peine. En effet ces dernières auront à assumer, en dehors des problèmes liés à la fatigue provoquée, le souci de se rendre disponibles si elles sont salariées, la charge supplémentaire des frais de déplacement et d'hébergements vers Rennes.
Sur un autre plan, ce déménagement aura également un impact sur l'emploi de Saint-Brieuc. Actuellement la maison d'arrêt emploie actuellement 49 personnes, dont 32 surveillants.
Il ne fait pas de doute que les édiles briochins et de l'agglomération ont du, déjà, réagir officiellement, comme les élus bretons, la magistrature, à cette situation qui les concerne à plusieurs titres. Au minimum, par esprit de solidarité avec celui de l'aménagement et de l'équilibre du Territoire.
A la veille de la campagne des régionales, il semble opportun de mettre ce problème publiquement en débat.