Nous, soussignés :
Jean Cevaer - Jean-Yves Cozan - Gilbert Engelhardt - Gérard Gautier - Jean Kergren - Fañch Kerrain - Jean-Louis Latour - Jean-François Le Bras - Maurice Le Gallic - Garmenig Ihuellou/Le Menn - Pierre Le Moine - Mikaël Moazan - Claude-Guy Onfray - Eric Pianezza-Le Page.
avons décidé, après concertation avec un certain nombre de nos amis, à la suite de l'officialisation de la création de la nouvelle structure fonctionnarisée, Bretagne Culture Diversité, de rendre publiques les nombreuses inquiétudes qui se font jour pour les Bretons militants, engagés depuis de nombreuses années, dans le milieu associatif cultuel.
Il apparaît en effet que la démarche donne raison à ceux qui, depuis la fin des années 90, lucides, attachés au développement de la vie associative, élément majeur de la Démocratie, n'ont eu de cesse que d'alerter sur les dangers de l'instrumentalisation de la vie associative par le pouvoir politique, à quelque niveau de la pyramide institutionnelle qu'il se situe.
Phénomène qui ne peut être contesté.
Ainsi, en 2008 lors de la campagne pour les municipales, l'actuel maire de Metz, Dominique Gros, membre du Parti socialiste, en présentant son projet avait organisé une soirée-débat sur ce thème et annoncé clairement : …/…« Ce renouveau passe, en premier lieu, par le développement d'une démocratie locale libérée de ses carcans. Je souhaite notamment mettre fin à l'instrumentalisation de la vie associative et de la vie culturelle. »
Cette évolution regrettable, souvent sous la pression des fonctionnaires des institutions, existe partout en France. Cela, quelle que soit la coloration politique du pouvoir en place. Pour autant la réalité de cet état de méfait est ressentie plus amèrement en Bretagne, qui est une terre de diversité culturelle, de militantisme, ouverte sur le Monde. Valeurs qui ont participé à la création de l'image dynamique dont à bénéficié l'économie de la Région.
Elle semble rejoindre une forme d'intégrisme qui magnifie l'uniformité et nie la richesse des identités. Une Culture normalisée, lissée, encadrée comme le souhaitent les tenants de la globalisation qui pourtant en constatent chaque jour les atteintes sur le plan économique et de l'emploi.
Cela apparaît, de plus, comme un non sens sociologique et financier.
Il est constaté, depuis de longues années, un long et méthodique travail de sape qui n'a pas d'autre ambition, en fait, que de « détricoter » la Charte Culturelle de la Bretagne de 1977. Or, si dans le préambule de celle-ci il est indiqué « Elle constitue un pas vers la prise en charge, par la Région, de sa politique Culturelle » cela ne sous-tend pas, pour autant, « l’éradication de la vie militante. »
Ce qui est une crainte légitime.
On a noté, ces derniers temps, après la disparition définitive de l’Atelier Technique Régional, celle en tant qu’association « indépendante » du Conseil Culturel. Une issue fatale est malheureusement à craindre pour l’Institut culturel de Bretagne, devenue association bénévole.
Aussi la création de Bretagne Culture Diversité amène les signataires à souhaiter avoir les réponses à leurs légitimes interrogations et voir remises en causes les décisions prises pour redonner aux associations toute leur indépendance, au service de la diversité culturelle de la Bretagne.
Le fait qu’au nombre des membres du Conseil d’administration figure certaine personne qui a trop souvent démontré, par ses attaques publiques, souvent diffamatoires, son mépris à l’égard des acteurs et militants bretons, semble prouver l’existence d’une orientation de nature à porter atteinte au respect de la diversité ?
Au moment où l’on supprime des postes de fonctionnaires, où les financements publics des collectivités territoriales se tarissent, sans grand espoir d’amélioration, qu’adviendra-t-il demain, à la lumière de la modicité actuelle de celui de l’Office Public de la Langue Bretonne, des budgets de Bretagne Culture Diversité dont la création est maintenant officialisée ?
Quelles seront les clés de répartition de la dotation globale proposées aux associations affiliées… et à celles non mises sous tutelle? N’y-a-t-il pas là un risque de générer une concurrence insidieuse entre elles ? Cela sans prendre en compte la qualité de leurs actions et de leur intérêt ?
Qu’adviendra-t-il demain des associations aspirées par cette structure, sans ses acteurs, les militants qui en étaient à l’origine et parfois, des contre-pouvoirs indispensables en démocratie?
Il est bon de rappeler que « faire entendre leur voix » a souvent apporté un appui de poids aux positions de l’institution régionale. Qu’en sera-t-il de leur possibilité de s’exprimer librement à contrario de décisions de leur bailleur principal de fonds ?
Quelle sera la part de l’initiative, de la création ?
Un autre questionnement est la crainte de voir que, sans possibilité de s’exprimer, les jeunes militants qui n’auront pas la patience des anciens, se réfugient dans de dangereux « mouvements identitaires et communautaristes.» Ce contre quoi les associations militantes bretonnes, ouvertes et tolérantes, ont toujours lutté.
Nous voulons une vie associative culturelle, digne de ce nom, indépendante, au seul service de la Bretagne et des Bretons.