Si la liberté d'expression est au cœur des réseaux sociaux, ces plateformes facilitent aussi l’anonymat, permettant à des utilisateurs de créer des identités fictives et des comptes sous de faux noms. Cette facilité a mené à des manipulations et des campagnes de désinformation massives, amplifiées par la portée mondiale des réseaux.
J'ai moi-même signalé des faux comptes à Facebook, mais sans réaction de leur part. Ce manque de contrôle est l’une des faiblesses de ces plateformes. Pour Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, maximiser le nombre d’utilisateurs – et donc les revenus publicitaires – importe plus que l'authenticité des interactions ou des personnes. La prolifération de faux comptes, y compris d'origine étrangère lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, n’a pas posé de problème pour l’entreprise, tant que cela gonflait ses chiffres. Quant aux annonceurs, ils n’avaient aucun moyen de distinguer les vrais utilisateurs des faux.
Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter, prend une approche différente. Farouche défenseur de la liberté d'expression, il a annoncé vouloir réduire l’anonymat en rendant le service payant – même avec un tarif symbolique de 1 dollar par an – pour lier chaque compte à une carte de crédit identifiable. Cette initiative vise à préserver la liberté d’expression tout en réduisant l’anonymat, souvent lié aux campagnes de désinformation.
Boris Le Lay, Breton d’origine résidant au Japon, a été maintes fois condamné par la justice française pour diffamation, incitation à la haine raciale, injures publiques, et antisémitisme ( voir notre article ). Malgré cela, il reste présent en ligne, la suppression totale de ses contenus étant impossible en dehors de régimes autoritaires comme la Chine. Le Lay avait révélé son vrai nom en 2010 lors d'une tentative d'accréditation sur ABP, où les pseudonymes sont interdits. . Je suis contre l'anonymat depuis mon expérience avec les newsgroups, le premier réseau social, dans les années 1990.
Boris Le Lay voulait annoncer sur ABP son nouveau site web intitulé Breiz Atao. Breiz Atao fut l'organe du parti autonomiste et après 1931, l'organe du Parti National Breton. Une recherche faite par Fanny Chauffin avait alors mis en évidence un langage ordurier sur un autre site où il écrivait avec une violence inouïe, des propos antisémites dignes du 3e Reich.
Des écrivains comme Michel Treguer ou des élus comme Christian Guyonvarc'h et Mona Bras ont été les cibles de ses attaques. En 2011, il rappelait l’ascendance maternelle ukrainienne juive d’Alan Stivell dans une démarche antisémite. Son site Démocratie Participative propageait des discours rappelant les heures les plus sombres de l’histoire européenne. Suite à une attaque du hacker Symed18 en février 2022, le site démocratie participative n'existe plus. Le hacker ayant révélé sa ville de résidence dans la banlieue de Tokyo et d'autres informations confidentielles comme la liste des abonnés à sa newsletter, Boris Le Lay s'est fait beaucoup plus discret sur les réseaux. Il n'a rien posté depuis deux ans.
Plusieurs personnalités politiques et des collaborateurs d’ABP comme Christian Rogel et Fanny Chauffin, ainsi que moi-même, avions été pris pour cibles. Bien que je sois opposé aux idéologies jacobines, j’ai toujours condamné les violences politiques, y compris l’agression de Manuel Valls par un militant breton d'extrême droite en 2017. La violence n’a pas de place en démocratie. Ça m'a valu des propos haineux de Boris Le Lay.
Depuis 2016, le ministère de la Justice demande régulièrement aux réseaux sociaux de fermer les comptes de Boris Le Lay. Facebook a supprimé son compte en 2019, alors qu’il comptait 135 000 abonnés ( voir notre article ). En 2018, le ministère a également pris une mesure exceptionnelle en demandant aux fournisseurs d'accès de bloquer l’accès au site Breiz Atao ( voir notre article ). Google a retiré Breiz Atao de ses résultats de recherche, mais le site restait accessible via son URL directe breizatao.com.
Le site Démocratie participative a été retiré de Google France en 2020 . Aujourd'hui le site breizatao de Boris Le Lay n'existe plus mais un certain Claude Guillemain anime depuis avril 2024 un breizatao.bzh . Ce nouveau site n'a pas le zh dans Breizh ce qui signifie à nouveau une revendication symbolique du Breiz Atao d'avant guerre.
YouTube a également supprimé le compte de Le Lay en 2017 ( Le Monde, 2017 ). Cependant, des utilisateurs ont rechargé ses vidéos sur des plateformes comme Odysee, une plateforme de vidéos d’extrême droite. Sur cette plateforme on retrouve en particulier l'appel de Boris Le Lay pour recréer le Parti National Breton (PNB) ou des videos de Démocratie Participative sous le nom de Le Korrigan comme une appelant à un Djihad Aryen
Alan Le Cloarec, président du parti indépendantiste Douar ar Frankiz, a documenté ces résurgences dans son enquête sur le retour du Parti National Breton, publiée par NHU
Le Parti national breton (en breton : Strollad Broadel Breizh) , abrégé en PNB, est un parti politique nationaliste breton qui a existé de 1931 à 1944 dont certains membres ou ex-membres ont collaboré avec les Nazis. Par contre, il est important de noter qu'à partir de 1943, la ligne politique du PNB est la neutralité. Le PNB n'a pas collaboré contrairement à ce qui a pu être écrit. Les éléments pro-allemands, engagés dans l'unité paramilitaire auxiliaire des Nazis, du nom de Bezenn Perrot, comme Célestin Lainé, seront même exclus. En mai 1944, Célestin Lainé lancera son propre Parti National Breton. A la Libération tous les PNB sont dissous . Le fichier des abonnés de la revue Breiz Atao ayant été saisi, les abonnés, collabos ou pas, seront arrêtés.
Le 12 octobre dernier, lors de la manifestation de Bretagne Réunie, une banderole du Parti National Breton a été aperçue en fin de cortège. Si des incidents violents ont été rapportés et analysés selon les appartenances politiques, les observateurs s’interrogent sur la nature de ce PNB ressuscité. Ce nouveau PNB dispose d'un site web, d’une page Facebook, d'un compte Odysee et d'un compte X. Son dirigeant, connu sous le nom Ar Marvailher ou Breizh ar Vroad serait, selon plusieurs sources, Erwan Pradier. Le programme de ce nouveau PNB comprend la construction d'un mur entre la Bretagne et la France, ou l'abolition de l'impôt sur le revenu. Parmi les joyeuses innovations proposées : des châtiments qui prévoient la pendaison dans le cas d'avortement.
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