Bernadette Malgorn a remis mercredi 2 novembre le 8e rapport annuel de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) à Maurice Leroy.
Le rapport 2011 souligne, cette année encore, des écarts marqués, en termes de chômage, d'activité, de réussite scolaire ou bien de pauvreté entre les territoires de la politique de la ville et le reste de leurs agglomérations.
L'année 2010 voit en Zus une diminution de la part des actifs occupés (52,7 % soit une baisse de 2,6 points) qui s'accompagne de l'augmentation de la part des inactifs (33,4 % soit + 1,4 point) surtout chez les jeunes et chez les femmes et de celle des chômeurs (13,9 % soit + 1,2 point) surtout chez les hommes adultes. En 2010, le taux de chômage atteint ainsi 20,9 %, niveau le plus élevé depuis 2003.
Notamment dans les domaines de la sécurité ou de l'éducation. Le taux de délinquance a diminué de 16 % en Zus entre 2005 et 2010. Le taux de réussite au brevet national des collèges en Zus (74,1 %) se rapproche du niveau national (85,1 %). L'écart s'établit ainsi à 11 points en 2009-2010 contre 12,6 points en 2004-2005.
« L'observation, année après année, de ces indicateurs peut donner le sentiment que les efforts accomplis font peu bouger les choses », indique Bernadette Malgorn, présidente du conseil d'orientation de l'Onzus. « A cet égard, il convient de noter que l'observation des territoires ne coïncide pas avec celle de leurs résidents, bénéficiaires de l'action publique. En effet, plus d'un ménage sur trois résidant en Zus n'y habitait pas cinq ans auparavant. La mobilité résidentielle dans ces quartiers est donc du même ordre de grandeur que dans les autres quartiers des mêmes agglomérations, et nous ne pouvons pas mesurer correctement l'impact des politiques publiques si nous ne prenons pas en compte cette réalité de la mobilité résidentielle ».
Le Panel politique de la ville mis en oeuvre cette année permettra de suivre, durant quatre années successives, les trajectoires de 1.750 ménages résidant initialement en Zus, et dont près de 500 ne résideront plus en Zus au bout de quatre ans.
Plus d'une personne sur deux résidant en Zus est immigrée ou descendante d'immigrés. Dans les Zus de l'agglomération parisienne, les immigrés et descendants d'immigrés représentent même 64 % de la population âgée de 18 à 50 ans. Une exploitation originale de l'enquête Trajectoires et Origines, mise en oeuvre par l'Ined et l'Insee en 2008 et 2009, met en évidence la situation socioéconomique de ces personnes, sensiblement plus difficile que celle du reste de la population, notamment en Zus.
La dénomination de « zone urbaine sensible » recouvre des situations diverses, inscrites dans des contextes régionaux particuliers. Les Zus connaissant le plus de difficultés socio-économiques sont ainsi plus de deux fois plus pauvres que les Zus les plus aisées.
Globalement, depuis 2002, les Zus ont connu un accroissement de leurs ressources de 5 % en moyenne. Cet accroissement des ressources est plus prononcé dans les Zus initialement les plus pauvres mais il ne modifie pas la situation d'ensemble de ces quartiers : les Zus pauvres d'aujourd'hui étaient déjà parmi les plus pauvres hier.
Cette stabilité de la hiérarchie des Zus n'interdit pas de réfléchir à l'évolution de la géographie prioritaire en gardant à l'esprit quelques données :
- la spécificité de la région parisienne. On ne peut imaginer que la politique de la ville dans les territoires concernés par le Grand Paris se déploie indépendamment de ce grand projet.
- La diversité à l'intérieur de chaque Zus. Si la mobilité moyenne des populations des Zus éloigne globalement de leur assimilation à des ghettos, cela n'exclut pas l'existence en leur sein d'une frange de population reléguée : il faut donc mieux travailler sur les parcours individuels et sur l'identification des poches de pauvreté.
- Il n'y a pas forcément recouvrement entre la pauvreté des populations et celle des collectivités.
« Depuis cet été, l'Observatoire national des zones urbaines sensibles s'est renforcé, en se dotant d'un Conseil scientifique, qui l'appuiera dans sa nouvelle mission d'évaluation. Ainsi étoffé, l'Onzus pourra prendre toute sa place dans la réflexion à mener sur le devenir de la politique de la ville », conclut Bernadette Malgorn.