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- Chronique -
Autonomie : La fenêtre 2025 pourra-t-elle rester ouverte ?
Derrière l’alliance de circonstance entre la gauche rassemblée et l’extrême-droite pour faire tomber le gouvernement Barnier, se profile en fait le projet de prolonger le bras de fer jusqu’à la démission d’Emmanuel Macron. Cette période qui s’annonce, caractérisée par une tension politique très forte, reléguera mécaniquement la question corse au second rang des priorités.
Par pour François Alfonsi le 5/12/24 16:10

Autonomie La fenêtre 2025 pourra-t-elle rester ouverte ? Le calendrier politique sera complétement bousculé par le renversement annoncé du gouvernement Barnier après le vote d’une motion de censure ralliant les voix du Nouveau Front Populaire et celles du Rassemblement National. Au moment où paraîtra Arritti cette semaine, à moins d’un miracle, la France n’aura plus de gouvernement, alors qu’elle n’a plus la possibilité de recourir à de nouvelles élections législatives. La marasme politique qui suivra pourrait tout emporter, y compris le processus politique d’autonomie de la Corse.

2025 restait une fenêtre envisageable pour reprendre le fil politique des discussions avec l’Etat sur l’avenir de la Corse. Cette année 2025 est suffisamment en amont des élections présidentielles du printemps 2027 qui marqueront la fin de la Présidence d’Emmanuel Macron. Ces douze mois à venir étaient certes peu lisibles en l’absence de majorité au Parlement, mais ils restaient malgré tout propices à des réformes de l’Etat car situés en dehors des enjeux électoraux. Dès 2026, la campagne présidentielle s’ouvrira, tandis que les élections municipales seront, en Corse comme partout en France, la priorité du calendrier politique, et elles seront suivies immédiatement après d’un renouvellement par moitié du Sénat. Derrière l’alliance de circonstance entre la gauche rassemblée et l’extrême-droite pour faire tomber le gouvernement Barnier, se profile en fait le projet de prolonger le bras de fer jusqu’à la démission d’Emmanuel Macron. Cette période qui s’annonce, caractérisée par une tension politique très forte, reléguera mécaniquement la question corse au second rang des priorités.

 La victime collatérale de cette séquence politique pourrait être le budget de la Collectivité de Corse grevé par le non-vote de la rallonge de la dotation de continuité territoriale attendue par le Conseil Exécutif. Les amendements que les parlementaires corses, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, sont parvenus à faire voter ne pourront être intégré au programme des dépenses exécutables sur la base d’une simple prolongation des dépenses courantes. Il faudra attendre le nouveau gouvernement, et le vote d’un budget supplémentaire, pour que la rallonge attendue de 50 millions d’euros soit inscrite.

Dans le contexte budgétaire actuel, qui est tendu pour l’Etat comme pour les Collectivités Territoriales, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la Corse qui doit faire face, mois après mois, par tranches de 20 millions d’euros, au fonctionnement des concessions de service public maritime et aérienne, avec des milliers d’emplois à la clef. Mme Catherine Vautrin a pris aussi des engagements pour la gestion des ports et aéroports, avec une échéance au 31 décembre 2024. Il a été prévu que celle-ci sera repoussée de quelques mois pour que la solution d’un service public corse puisse être validée et mise en œuvre. Les avancées obtenues par la mobilisation de cet automne et par la position offensive du Conseil Exécutif sont objectivement fragilisées dans ce nouveau contexte qui nous place à nouveau entre les seules mains de l’administration préfectorale dont les positions avaient mis le feu aux poudres.

Même chose à propos des décisions de justice scandaleuses qui ont frappé la langue corse à Marseille, et aussi le créole aux Antilles, ou encore le catalan devant la Cour d’Appel de Toulouse. Les jeunes Corses expriment une colère juste et vigoureuse dans la rue, avec des affrontements sévères qui peuvent dégénérer. La Collectivité de Corse a porté le dossier devant la Cour de Cassation pour aller ensuite devant les juridictions européennes et faire condamner les menées linguicides de la France, attentatoires à « l’unité dans la diversité » qui est la devise même de l’Union Européenne. Mais cette longue procédure ne peut répondre en rien à l’urgence de la situation de notre langue, et à la mobilisation des jeunes pour la sauver. La nouvelle donne politique va donc compliquer à l’envi la gestion du quotidien, et renvoyer aux calendes grecques le traitement au fond du dossier corse en vue de l’instauration d’une autonomie de plein droit et de plein exercice. Le calendrier antique nous a aussi légué la date fatidique des « ides de mars » . Appellation justifiée : passé le mois de mars, la fenêtre 2025 pourrait bien être fermée pour de bon.

Ce communiqué est paru sur François Alfonsi

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logo Membre de Femu a Corsica et préside depuis 2014 l'Alliance libre européenne (ALE). Élu une première fois député européen le 7 juin 2009, Il est de nouveau élu député européen le 26 mai 2019, sur la liste Europe Écologie Les Verts.
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Vos 9 commentaires
Eduardo Le Jeudi 5 décembre 2024 16:35
Vous espériez quelque chose de Barnier ? des LR ? du Président qui voulait faire voter le moindre français de passage en Nouvelle-Calédonie aux élections locales (majorité indépendantiste) ?
J'avoue de moins en moins comprendre les élus dits "régionalistes" ou "autonomistes"', qui finalement se satisfont très très bien de la routine parisienne et jacobine habituelle...
Et si je devais faire un pari, je dirais qu'au contraire, certains dossiers ont peut-être plus de chances d'avancer un peu maintenant. Sans compter des prochaines législatives en septembre prochain, nécessaires.
(5) 
Damien Darras Le Jeudi 5 décembre 2024 21:07
L' état de crise permanente dans lequel s'enfonce lamentablement la France jacobine n'est-elle pas une opportunité pour les fédéralistes de faire entendre leurs idées? Ce sont les seuls aujourd'hui à avoir un projet de société crédible. Qu'attend R&PS pour présenter un projet de république fédérale ?
(4) 
Rafig 44 e Breizh Le Vendredi 6 décembre 2024 13:29
La France est ruinée et n'a d'autre choix que de voter un budget mal ficelé quelque soit le 1er ministre. Ce pays centralisé ne peut fonctionner sans un Chef autoritaire contrairement à un état fédéral.
La France s'enfonce un peu plus, des questions restent en suspends, des fonds ne sont pas votés, des pensions non versées !
La 5e République est morte à cause des politiciens français uniquement !
N'allez pas accuser les bretons, basques et autre corses !
Des bases militaires sont fermées en Afrique !
Les causes de la chute de la république française sont connues des "régionalistes, autonomistes ou indépendantistes", nous leurs disons depuis des années qu'un État qui se veut démocratique se doit de laisser de l'espace de liberté et de responsabilité à ses territoires pour une autonomie large et pour " se prémunir d'un situation à la catalogne ou Écosse " comme disent les jacobins qui nous cadenassent.
C'est bien beau de souhaiter "l'indépendance" mais qui va porter nos revendications "régionales" ?
(3) 
Burban xavier Le Vendredi 6 décembre 2024 17:07
Le régionalisme est une désignation méprisante faite pour les élections par les partis parisiens pour les organisations politiques locales en fait des peuples sans état , ni droit en France .
Quant à l'autonomie , elle a fait long feu car cette revendication a été très faiblement affirmée en Bretagne . Qui y croit encore ?
Les Breton(ne)s ont la tête ailleurs , des préoccupations matérielles , leur revenu ...comme tout le monde , leurs loisirs ....
Nous pouvons formuler des voeux mais de là à aboutir , je suis perplexe , nous sommes en train d'être dilués faute d'une culture reconnue , une langue d'usage le breton et un territoire fidèle à l'histoire .
Les Breton(ne)s semblent indifférents à ces sujets hélas encore !
Pourtant , j'espère un sursaut en dépit de nos faiblesses présentes !
Qui sait ?
(1) 
De Damien Darras à Burban xavierLe Vendredi 6 décembre 2024 19:03
Pour qu'un sursaut ait lieu il faudrait un projet capable de motiver les Bretons. Mais l'Emsav semble étonnamment silencieux au lieu de profiter de la décomposition de la république jacobine à laquelle nous assistons...
(3)
Brocélbreizh Le Samedi 7 décembre 2024 16:23
Rassurez-vous quand Paris sera au pied du mur il devront à nouveau faire du fédéralisme à reculons, la décolonisation fut un bel exemple de l'impasse jacobine.
Ce sera toujours plus efficace que ce régionalisme désuet qui s'obstine à faire croire que le fédéralisme serait subordonné en France à la gauche ou à la droite par le biais de l'udb et rps.
Ce n'est pas comme cela que l'on obtient de la crédibilité par le vote et les scores médiocres des régionalistes le démontrent depuis plus d'un demi siècle.
Et ceci n'est en rien une responsabilité parisienne.
Vouloir être de gauche ou de droite est une petite faiblesse qui vous perdra.
(3) 
Alan É. VALLÉE Le Dimanche 8 décembre 2024 00:33
La petite musique sur "la démission d’Emmanuel Macron" est totalement illusoire.
Le Président a été élu pour un mandat de cinq ans qu'il accomplira puisqu'il a déclaré le vouloir et que le pays a grand besoin de stabilité. La coalition des contraires qui aboutit à la censure ne concerne que le jeu de la démocratie parlementaire mais est sans effet sur les institutions, l'État et son Chef.
La stratégie du chaos que semblent agir LFI et RN subitement alliés, - ce qui doit horrifier JAURÉS, BLUM, MENDES-FRANCE et DE GAULLE, - s'achèvera non par une présidentielle précipitée avant mars 2025 (pour cause de possible inéligibilité de Marine Le Pen), mais en juillet 2025 par la dissolution de l'Assemblée Nationale et par des législatives sans doute en septembre.
Cette difficile période n'est évidemment propice ni à la fédéralisation du pays ni même à la création d'autonomies régionales pourtant si indispensables, mais dont l'État jacobin profond ne veut entendre parler ni en temps ordinaire ni actuellement.
Si un autre gouvernement devait être censuré par le même attelage ou un autre, l'Exécutif aux mains du Président détient une panoplie de pouvoirs constitutionnels permettant de gouverner le pays jusqu'aux prochaines législatives dans huit mois environ.
Pour éviter toute nouvelle coalition des contraires, le mieux selon l'excellent exemple britannique, serait que les futurs scrutins s'effectuent à un seul tour de telle manière qu'au choix des Français, s'opposent deux camps disposant chacun d'un projet, d'un programme et d'un leader susceptible de devenir Premier Ministre dès le lendemain du vote parce que soutenu par une évidente Majorité stable.
AV
(0) 
De Damien Darras à Alan É. VALLÉELe Lundi 9 décembre 2024 19:09
Au contraire ce moment où nous assistons à la décomposition de la fausse république jacobine serait tout à fait propice à l'émergence de l'idée fédéraliste. Les fédéralistes sont en effet les seuls aujourd'hui à disposer d'in véritable projet de société à même de résoudre la crise dans laquelle nous nous enfonçons lamentablement...
(1)
L A NEW Le Jeudi 12 décembre 2024 08:01
Bien évidemment, nous n'avons rien à attendre d'un gouvernement où paradent un ancien président des Pays dits de Loire, nourri au Puy du Fou royaliste et quelques jacobins d'arrière garde.
Mais qu'on m'explique, dans ce cas très précis, transitoire, quel est l'avantage de le voir chuter puisque derrière il n'y a que les calculateurs, les populistes et leurs laquais qui se fichent totalement de notre pays et ne visent que le pouvoir.
La Bretagne n'a absolument rien à y gagner pas plus que la Corse qui sait avancer à sa manière. Les Bretons, paradoxalement, risquent même d'y perdre sur le plan social et économique.
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