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- Chronique -
Augmentation modérée du chômage en Bretagne en avril sur fond de conjoncture dégradée
Les mois se suivent et ne se ressemblent pas en Bretagne. Après mars qui avait vu une augmentation générale du nombre des chômeurs bretons, avril voit leur nombre croître, mais plus lentement
Par Louis-Benoît Greffe pour ABP le 2/06/12 1:23

Les mois se suivent et ne se ressemblent pas en Bretagne ( voir notre article ) Après mars qui avait vu une augmentation générale du nombre des chômeurs bretons, avril voit leur nombre croître, mais plus lentement, sauf en Ille-et-Vilaine.

Taux de chômage en Bretagne : 8,1 %

Evolution du chômage en avril 2012. Infographie ABP.

En France, la hausse demeure à +0,1 % et a été opportunément masquée par le taux de chômage de la zone euro, propulsé par les pays du Sud (dont la France et la Belgique francophone), surtout l'Espagne (24,3%) et la Grèce (21,7 %) et qui atteint 11 % de la population totale de la zone euro. Hors Bretagne, la France compte 2.715.767 chômeurs. Le taux de chômage en Bretagne reste bien en deçà de la moyenne européenne malgré une forte hausse du nombre de chômeurs sur un an : 8,1 % de la population active bretonne était au chômage à la fin du premier trimestre 2012.

Stabilité en Loire-Atlantique, hausse continue en Ille-et-Vilaine

Fin avril, la Bretagne comptait 173 033 chômeurs de catégorie A, 771 de plus qu'au mois précédent, soit une hausse de 0,45 %. La modération s'explique par la quasi-stabilité du chômage en Côtes-d'Armor (+ 0,09 % soit 20 chômeurs), la légère baisse en Finistère (- 0,20 % soit 70 chômeurs) et surtout le calme plat en Loire-Atlantique (+ 0,04 % soit 21 chômeurs).


En revanche, le Morbihan gagne 160 chômeurs nouveaux, soit + 0,57 % et l'Ille-et-Vilaine continue de plomber les résultats bretons avec 640 chômeurs de plus en un mois, soit une hausse de 1.75%. Depuis septembre 2011, le poids des chômeurs d'Ille-et-Vilaine tend d'ailleurs à s'accroître doucement. Sur cette période, l'Ille-et-Vilaine gagne 2670 chômeurs contre 1955 pour la Loire-Atlantique, poids lourd traditionnel de l'économie – et donc du chômage – en Bretagne : le poids des chômeurs du 44 dans le total breton recule de 30 à 29,5 % tandis que celui des chômeurs d'Ille-et-Vilaine augmente dans les mêmes proportions, de 21 à 21,5 %. Les ratios des autres départements n'ont pas bougé : le Finistère pèse toujours 20,3 % des chômeurs bretons, le Morbihan un peu plus de 16 % et les Côtes-d'Armor un peu plus de 12 %.

Le chômage des seniors augmente encore

En Loire-Atlantique, le chômage des hommes de moins de 25 ans recule de 1,4 % sur ce mois, ce qui constitue peut-être une note d'espoir. En revanche celui des femmes de plus de 50 ans augmente toujours (+ 1 %) et atteint 14,5 % de hausse sur un an. Les offres d'emploi s'effondrent, 2000 ont été collectées de plus en mars qu'en avril, la baisse étant surtout visible pour les emplois d'une durée inférieure à 6 mois.

Dans les Côtes d'Armor, le chômage des jeunes femmes de moins de 25 ans baisse de 3,2 % sur le mois (et de - 6,2 % sur l'année), tandis que celui des femmes de plus de 50 ans prend 2,9 % sur le mois et 20,8 % sur l'année. Les offres d'emploi non durables (moins de 6 mois sont en baisse). Dans le Finistère, le chômage des seniors continue à augmenter, surtout chez les hommes (+ 2,1 % sur un mois, + 13,1 % sur le mois) ; mais les offres collectées restent assez stables.

En Ille-et-Vilaine le chômage augmente dans toutes les catégories, même chez les jeunes hommes de moins de 25 ans, même si l'augmentation la plus spectaculaire reste, sur l'année, celle du nombre de chômeuses de plus de 50 ans (+ 23 %). Souvent licenciées de l'agroalimentaire, leurs qualifications ne répondent plus au besoin des entreprises et elles sont jugées trop âgées pour être formées. Les Côtes-d'Armor et le Morbihan voisins connaissent le même phénomène. Les offres d'emploi y chutent nettement, surtout pour les emplois de plus de 6 mois. Enfin dans le Morbihan le chômage des femmes de plus de 50 ans baisse (+ 1,2 % sur le mois, mais toujours + 18,5 % sur l'année) et celui des seniors du sexe masculin n'augmente plus (+ 0,2 % sur le mois mais 16,1 % sur l'année). On ne trouve que dix offres d'emploi durables de moins qu'en mars, mais celles des emplois précaires ou saisonniers chutent de 11 %.

Perspectives incertaines pour la Bretagne

La conjoncture s'est brutalement dégradée avec l'annonce de licenciements après les élections. Nous avons publié la liste des plans qui concernent la Bretagne ( voir notre article ) et fait le point sur la situation très critique de la filière navale ( voir notre article ) Depuis s'est ajoutée la nouvelle de 700 suppressions de postes à l'usine PSA de la Janais ( voir notre article ) et le placement en redressement judiciaire du groupe Doux qui se traduira par de nouvelles coupes dans les effectifs de ses usines situées dans le Morbihan et le Finistère.


Plusieurs indicateurs conjoncturels parus ces derniers jours s'accordent sur la dégradation des performances économiques et l'absence de toute embellie en vue, sauf peut-être à partir de l'été pour les plus optimistes. En mars 2012, le chiffre d'affaire de l'industrie manufacturière française a diminué de 1.6%, et surtout à l'export de 2.8%. Les chiffres d'affaires des secteurs du raffinage (-5.1%), des industries agricoles et alimentaires (-1.7%), de la construction (-1.2%), de la métallurgie et des produits électroniques (tous deux de 1.7%) baissent : cette dégradation atteint elle aussi de plein fouet les entreprises bretonnes. Le commerce de détail a reculé de 1.6% en avril par rapport à mars, la construction de logements neufs de 1.5% et le chiffre d'affaire de l'information et de la communication s'effondre de 4.1%. Conclusion : tout va mal partout et les entreprises ont tendance à geler en cascade leurs investissements et embauches, ce qui conduit à gripper le système, d'abord en France, puis avec un temps de retard en Bretagne, protégée par diverses raisons, notamment la solidité de ses dynamiques démographiques qui inscrivent sa croissance hors du cycle court des crises et reprises.


Par ailleurs, l'arrivée des socialistes au pouvoir est en train de se traduire par un renforcement des défauts du pseudo-modèle économique français. L’État interviendra toujours plus, sous la forme du ministère du Redressement productif dans l'économie active, alors que ce n'est pas son rôle et taxera encore un peu plus les entreprises pour limiter la pression sur les classes moyennes qui n'en peuvent mais et font face au déclassement de leur progéniture. D'après le webjournal libéral Atlantico http://www.atlantico.fr/decryptage/attention-gros-temps-choc-fiscal-violent-entreprises-francaises-jean-jacques-netter-374195.html les entreprises françaises supporteront 45,7 milliards de prélèvements supplémentaires, dont 32,7 de hausses d'impôts. Certes, une partie de ces contributions supplémentaires leurs reviendront sous forme de subvention – puisque rien n'est prévu pour empêcher Europe, État et collectivités territoriales de continuer le saupoudrage à tire-larigot d'aides inutiles – mais le coup risque d'être dur, et le coût fort, pour des PME qui seront d'autant plus tentées par la délocalisation de tout ou partie de leurs activités.

Bref, comme nous l'écrivions récemment, la vierzonnisation méthodique de la France, sa transformation en friche industrielle, continue. Sans que personne ne puisse même appréhender la question vraiment utile : comment fait-on vivre une nouvelle société respectueuse des droits des gens et de l'environnement, si son activité se réduit drastiquement et qu'elle n'a donc plus les moyens de supporter ses propres charges ? Aux États-Unis, ils ont trouvé. Assis sur un bloc de ressources naturelles, ils les exploitent. Pour la première fois depuis le début des années 1980, les industries lourdes embauchent. Le coût de la production s'est effondré. La France est assise sur des ressources très bien situées, près des villes (à l'est, près de Paris, Lille, Lyon et Marseille) et refuse de s'en servir. Puisse la gauche être plus réaliste que la droite ne l'a été, notamment avec les gaz de schiste, sinon la vierzonnisation de la France entraînera le déclin économique de notre pays. Osons le dire : l'indépendance économique est une question de vie ou de mort pour la Bretagne.

Document PDF Publication régionale de Bretagne administrative. Source :DIRECCTE Bretagne
Document PDF Publication du 44 (pages 1 et 12-13). Source :DIRECCTE Pays de Loire
Voir aussi sur le même sujet : chômage, conjoncture, Doux, crise
Étudiant en droit-histoire à Orléans. Je m'occupe de la Loire-Atlantique et de son patrimoine.
[ Voir tous les articles de de Louis-Benoît Greffe]
Vos 2 commentaires
marc iliou Le Samedi 2 juin 2012 20:16
Après avoir tenté de nous imposer le tout nucléaire en Bretagne il y aurait des partisans du gaz de schistes ? et bretons en plus? de qui se fout-on?Essayer cela à Vierzon si vous voulez ce qui est déjà apparemment une belle connerie mais pas chez nous en Bretagne!
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Jak le Dreuzic Le Dimanche 3 juin 2012 12:42
@ marc : pas de gaz de schiste en Bretagne, ni dans le Maine, l'Anjou et la Vendée, donc c'est loupé quoi. En revanche il y a plein d'autres trucs.
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