Xavier Bertrand, ancien ministre UMP, a été accroché verbalement par Naig Le Gars, conseillère régionale UDB, parce qu'il présentait la Charte des langues minorisées comme un ensemble d'obligations supra-nationales (ce qu'elle n'est pas), lors d'une réunion à Quimper, le 23 juillet.
Vieille ficelle de ceux qui font un dieu du français. L'article 2 de la Constitution, hélas voté par les partis dominants, sert de prétexte pour une politique anti-langues régionales des plus implacables que le Conseil d'État s'empresse de déployer avec un acharnement méticuleux et, quelque part, imbécile et contre-productif ( voir notre article ). Pourtant, le français, ni aucune langue, ne doit être considéré comme transcendant, ni, comme un emblème politique. Les langues sont des outils et seul compte le droit de chacun à employer la langue qui lui convienne avec un minimum de respect des autorités.
Maladroitement, Luc Jolivet, responsable UMP à Quimper, tente de voler au secours de son ami politique en prétendant que le breton serait incapable d'exprimer la règle qui régit les courants de Foucault (voir la note), ce qui le disqualifierait pour l'enseignement supérieur. Un professeur de physique enseignant, cette règle en breton à ses élèves voudra bien, sans doute, nous fournir cette traduction qui semble à la portée d'un collégien brittophone.
Ludovic Jolivet, qui n'est pas un opposant au breton aussi déterminé que les caciques UMP et PS parisiens (également Parti de Gauche et Front de Gauche) mentionne que la langue bretonne perd 10 000 locuteurs par an, mais, il devrait savoir que cela n'a aucun rapport avec la création de filières d'enseignement supérieur, puisque ces pratiquants oraux de la langue ne savaient souvent pas la lire ou le faisaient très peu.
La langue bretonne est déjà prête pour la co-officialité et pour l'utilisation dans tous les domaines de la connaissance. Sans remonter aux moines herboristes du 10ème siècle, la création de vocabulaire scientifique est continue depuis plus de 100 ans. Des centaines de textes, d'abord, en archéologie, en ethnologie, en chimie et même sur la physique quantique, ont été publiés.
Le Grand dictionnaire français-breton de 1932 en a été un témoin, relayé par le dictionnaire français-breton de Martial Ménard paru cette année ( voir notre article ). Un vocabulaire scientifique est employé dans les collèges et le lycée Diwan, des manuels de science sont utilisés, des cours de linguistique sont donnés en breton à l'Université et plusieurs thèses ont été rédigées dans notre langue.
Un très complet vocabulaire de médecine existe sous la forme d'un dictionnaire trilingue (français, anglais, breton), intitulé Geriadur ar vezekniezh et de même pour l'informatique (Geriadur ar stlenneg). Deux dictionnaires des médias accompagnent la génération montante de journalistes brittophones qui peuvent obtenir un BTS de communication breton-anglais-français à Vannes. ( voir notre article )
La question n'est donc pas la prétendue incapacité du breton, mais, la situation politique et sociale de la langue. Ludovic Jolivet n'a pas tort de pointer que «la sauvegarde de la langue viendra de la volonté personnelle de chaque Breton», et, pourtant, ses théories approximatives sur le breton, destinées à flatter dans le sens du poil l'électeur UMP ordinaire, pourraient faire croire qu'il serait prêt à monter dans un éventuel corbillard.
On y entend l'écho des paroles infâmes de l'abbé Grégoire en 1794 : «Les habitants des campagnes n'entendent que le bas-breton ; c'est avec cet instrument barbare de leurs pensées superstitieuses que les prêtres et les intrigants les tiennent sous leur empire, dirigent leurs consciences et empêchent les citoyens de connaître les lois et d'aimer la République... L'éducation publique ne peut s'y établir, la régénération nationale y est impossible».
Hugo participe aussi au concours de stupidités en cherchant à décrire un Breton : cet homme à l'½il clair et aux longs cheveux, vivant de lait et de châtaignes, borné à son toit de chaume, à sa haie et à son fossé, ... respectant son maître dans son bourreau, parlant une langue morte, ce qui est faire habiter une tombe à sa pensée. (Quatre-Vingt-Treize). En fils de massacreur de Chouans, il ajoutait dans ce même roman : «La Bretagne est morte, et c'est tant mieux !».
La solution était pourtant simple : enseigner la République en breton. En s'érigeant en ennemie des gens en Bretagne et ailleurs, la République s'est condamnée, elle-même, à être effacée par les monarchies et les dictatures des Napoléons pendant 72 ans.
Christian Rogel
Note: L. Jolivet formule ainsi la règle sur la formation des courants de Foucault «le courant induit est un courant électrique, qui, par ses effets, s'oppose aux causes qui lui ont donné naissance».
L'induction des courants résulte du magnétisme terrestre.
Rappel : les amateurs de stupidités anti-bretonnes peuvent consulter le site de Jean-Pierre Le Mat Contre-culture http://contreculture.org/index.html
C'est fou les nombre des gens célèbres qui y sont ridiculisés...