Il s’est passé quelque chose, dimanche à Surzur. Le Menhir Black, super restaurant, on ne pouvait pas le rater. Il est 15 heures. Impossible de se garer dans le parking, des voitures tout le long de la route sur 100 m. On sent qu’il va se passer quelque chose.
Deux heures du matin, nous ne sommes pas les derniers à partir, on aimerait rester, mais dans quelques heures, le travail nous attend. Oui, il s’est passé quelque chose. Juste le temps d’avaler une dernière crêpe caramel après le monumental kig ha farz, mais surtout après des heures de communion entre militants bretons. Des vrais. Qui en veulent. Tous savaient qu’ils vivaient un grand jour. On sentait tout le monde concentré, mais toutefois joyeux et fêtard. La date du 27 novembre 2016 pouvait paraître anodine, mais non.
Surzur, 27 novembre 2016, premières élections du Parlement de Bretagne.
À peine 500 électeurs ? D’aucuns se gausseront d’un si petit nombre. Nous partîmes 500… Mais, que dis-je, le prompt renfort viendra en nombre plus grand. Ne vous en déplaise, Monsieur Corneille, les Bretons ne seront pas trois mille arrivants au port. Ils seront bien plus. Bon, Corneille, il s’en fiche, maintenant. Sa Normandie est réunifiée, sans que les Normands le demandassent bien fort, d’ailleurs, et il n’avait aucune velléité de reconstituer l’Échiquier de Normandie et je ne saurais dire ici si légalement il existe encore, comme c’est le cas du Parlement de Bretagne, dont le réveil nous réunit ici.
Revenons au début. Au début, il n’y avait rien. Si, un Parlement, mais en sommeil depuis 1788. Dans le rôle du prince charmant, pour le réveiller, Yann-Vleiz Ar C’hunff, et ses dames Odile et Antoinette. D’une assiduité constante, toutes les tâches nombreuses de secrétariat, elles les ont assurées ! Jusqu’à la dernière minute. Discrètes, assidues, les grandes sont aussi des taiseuses.
Et notre Yann-Vleiz ? Il joue son rôle d’hôte avec admiration. Accueillant tous les électeurs, discutant avec l’une, évoquant des souvenirs avec un autre.
Près de cinq ans qu’ils y travaillent, à ce réveil du Parlement. L’association naquit après la manifestation Deomp de’i (Allons-y) de mars 2012 à Kemper : http://www.letelegramme.fr/local/finistere-sud/quimper/ville/quimper-mode-d-emploi-de-la-manifestation-deomp-de-i-ce-samedi-29-03-2012-1650417.php .
Presque cinq ans de boulot, de chausse-trapes à éviter. Du temps, de l’énergie. Des réunions publiques durant six mois ( voir notre article ). Treize, il y en eut 13 au total. Et le bébé arrive. Le Parlement de Bretagne http://www.parlementdebretagne.org/category/actualites-parlement-de-bretagne/ renaît (tiens, comme Renée, l’héritière du duché, spoliée par son beau-frère François, enfant gâté de Louise de Savoie, laquelle manigança pour en faire un roi bien pleutre et pitoyable, d’ailleurs, mais surtout voleur de duché).
Tout l’après-midi les gens vont, viennent, votent, boivent (avec modération), rigolent, chantent, dansent. Oui, on est bien en Bretagne (pas loin de là, il y avait des élections dont on a parlé plus dans la presse ; gageons que les bureaux furent plus tristes).
Au plus fort, on a dénombré jusqu'à 120 personnes. Certains sont venus du Léon, d’autres du Vignoble nantais, il en est certains venus de Mayenne, et d’autres de Paris. Tout exprès. Quel plaisir de rencontrer Marine Jaouen et Yann-Varc’h Naoufel Furon de Ambasad Vreizh https://ambasadvreizh.wordpress.com/
Lequel Yann-Varc’h était candidat, d’ailleurs, pour la diaspora.
Tous les électeurs ne pouvaient pas venir. Un vote par courrier postal avait été autorisé. Ceux-là qui l’ont fait ont oeuvré pour la bonne cause, mais ils ont raté, hélas pour eux, cette splendide journée.
Dix-huit heures, fin du vote, début des opérations de dépouillement. La concentration l’emporte peu à peu sur l’euphorie. La bonne humeur ne quittera néanmoins jamais les convives du Menhir Black (voir plus loin). On organise les tables, on pointe les listes électorales, on valide les votes par correspondance. Et on commence le dépouillement. Il fut long, ce dépouillement, citer les noms rayés, les pas rayés, vérifier. Dans les règles de l’art, avec quatre scrutateurs à chaque table. Et les électeurs qui vérifient la validité des opérations. Il faut compter, recompter, vérifier.
À la fin, Yann-Vleiz prend la parole. Tout ému, mais aussi impressionné par la réussite de cette opération, mais surtout par son engouement, et par l’avenir qui s’annonce pour le Parlement. Oui, il a réussi, mais le travail ne fait que commencer pour ce Parlement. Les contraintes techniques ont empêché ABP de filmer cette prise de parole, en voici quelques mots. Ils méritent d’être médités.
"Nous sommes une alternative à la violence", "ce que l’on veut pour la Bretagne, on le veut pour la terre entière, pour toutes les nations. Le temps des États tortionnaires, mafieux, pollueurs est fini".
Très remonté qu’il est, Yann-Vleiz Ar C’hunff, mais très lucide, "On est dans le droit, le respect et la dignité". Bien entendu, un rappel historique s’impose, et un rapide résumé en est fait. Le seul Traité qui vaille en droit international est celui signé par le roi Louis XII lors de son mariage avec Anne, en sus de la lettre "contenant les choses particulières des personnes de nous & notre cousine Anne de Bretagne & des enfants qui viendront de nous deux selon les Lettres & Contrats sur ce faits & passés" (bref celle qu’on appelle le contrat de mariage qui confie les clés du duché au deuxième enfant du couple, soit Renée. Et que sa canaille de beau-frère, François plus connu sous le nom de François Ier, lui chipa). Cette seconde lettre, entre la France et la Bretagne, qui est donc un Traité toujours valide, concerne "le Gouvernement, Administration, droits, libertés, prééminences, Offices & officiers du Pays de Bretagne, tant en fait de l’Église, de la Justice, Noblesse, que généralités du Pays de Bretagne". Nous remercions les sites très documentés https://botherel.wordpress.com/1499-le-traite/ et https://bretaigne.wordpress.com/ .
Ensuite, Yann-Vleiz nous parle de l’avenir : "Nos institutions sont prêtes à démarrer, nous avons le Parlement, nous allons créer la Cour des Comptes, on aura la Cour de Justice". "Aujourd’hui, ils tuent l’Alsace, demain, ils voudront tuer la Bretagne. Le Parlement est un retour à notre dignité".
Comment tout cela va-t-il s’organiser ?
La journée d’installation du Parlement aura lieu le 17 décembre, chez Jo Baron à Lanrodec (22). Jo Baron est cet agriculteur injustement accusé de complicité dans la destruction d’un portique. Après trois ans de combat, il vient d’être relaxé. http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/portique-ecotaxe-brule-jo-baron-relaxe-en-appel-rennes-4646904 .
Ha ! Ha ! Le condamner à 500.000 euros en première instance, qu’ils voulaient. Et vous savez pourquoi cette somme : "pour reconstruire le portique". Là, ils nous prennent pour des…
Quel beau symbole donc que de faire cette installation chez lui. Les modalités précises ? Yann-Vleiz garde le secret. Mais cette journée sera forte en symboles et en émotions. Un prochain communiqué de KAD donnera toutefois plus de précisions. À lire sur ABP, car la presse française ne s’est guère faite l'écho des résultats.
Nous ne nous attarderons pas sur les résultats, ils ont été annoncés ( voir notre article ). Trente trois élus, quelques recalés du suffrage universel. Ceux-là seront des suppléants. L’analyse des professions de foi (toutes les informations sont aussi disponibles sur le site du Parlement de Bretagne : http://www.parlementdebretagne.org/ ) montre une forte richesse dans les parcours des candidats, que ce soit au niveau politique, culturel. Ils ont un lien en commun. Tous. L’Amour de la Bretagne, et surtout le désir d’oeuvrer pour elle. De créer les outils juridiques pour que Bretagne vive. Les lecteurs sont invités à découvrir leurs représentants pour trois ans sur le site mentionné ci-dessus. Toute la richesse de la Bretagne, de ses Hommes et ses Femmes sont réunis ici. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, la tâche qui vous incombe est immense. Elle est belle. Nous comptons sur vous.
Un article sur le Menhir Black http://www.ouest-france.fr/bretagne/surzur-56450/le-restaurant-le-menhir-black-ouvre-ses-portes-4258153 . Pour les cinéphiles, comprendre le clin d’oeil vers un film américain de la fin du siècle dernier. Pour les autres comme moi, juste apprécier le faux menhir peint en noir à l’entrée, et sa jeune pousse pour laquelle le patron est très vigilant. "Il faut juste veiller à ce qu’il soit bien arrosé" nous explique Thierry Le Goff, son sympathique patron.
Thierry Le Goff, et sa femme ont réalisé leur rêve d’enfant, avoir une crêperie. "Mon rêve d'enfant était d'avoir une crêperie, et maintenant j'ai plus que cela ! J'accueille mes clients avec amour, j'aime qu'ils se sentent bien chez moi". Je confirme, on y est bien. Les produits sont de proximité, et l’accueil vraiment chaleureux.
Comment l’idée est-elle venue d’organiser ce vote au Menhir Black ? L’histoire est simple. Tout commence avec un bonnet. Rouge. Écoutons Thierry Le Goff : "Je suis allé à une réunion de Bonnets rouges à Plouay où Jean-Loup Le Cuff présentait le projet de KAD. C'est là que je l'ai connu. J'étais d'accord avec ce projet, je l'ai suivi sur facebook, et je lui ai écrit : tu m'inscris, je suis électeur, et j'ai proposé mon restaurant pour le vote !"
L’accueil a donc été organisé au Menhir Black, qui nous a proposé de splendides crêpes au caramel, mais auparavant, il avait fait appel à Miam Glou Zick pour ...
Nous avions déjà rencontré Danielle et Daniel, alias Miam Glouzik : ( voir notre article ). Son kig ha farz ne nous était pas inconnu. Mais mangé ainsi, dans une telle ambiance, c’est autre chose. Nous parlions de Daniel (le Monsieur, mari de Danielle, la Madame).
Précisons un peu les choses. Elle, elle porte le chapeau. Sa fierté. Mais comment alors reconnaître le monsieur de la madame ? Daniel et Danielle ont trouvé la réponse. Lui portera la jupe. J’ai bien dit "jupe", je n’ai pas dit "kilt tartan". Trop classique. Et c’est donc en jupe plissée aux couleurs de notre drapeau, le Gwenn ha Du que Daniel a sonné, sonné, sonné, avec une pêche rare.
À la veuze, à la fin du dépouillement, digne des soirées électorales les plus folles, il lança le Bro Gozh, repris en choeur, le Kan Bale Nevenoe de Glenmor sur une proposition de Michel Chauvin, le Son ar Chistr, le Bonsoir Maître de maison, des Sonerien Du des années 80, et les électeurs dansaient des An Dro...