Pont-Aven retrouve après plus de 3 ans de travaux son musée, rénové, modernisé et agrandi. Qui dit Pont-Aven, dit école de Pont-Aven, connue quasiment dans le monde entier. Il était donc grand temps que la commune cornouaillaise dispose d'un vrai et bel outil pour que les visiteurs de toute l'Europe et au-delà puissent mieux comprendre l'éclosion de ce phénomène culturel que fut l'école de Pont-Aven regroupant des peintres de tous horizons à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Le résultat est à la hauteur des attentes avec une réussite architecturale, une rénovation de bon goût des différents espaces, une mise en scène muséographique de qualité, même si l'on peut regretter quelques erreurs comme le peu d'espace à l'entrée obligeant les visiteurs à faire la queue à l'extérieur quelque soit le temps, ou l’exiguïté des espaces au 3e niveau, congestionnés rapidement par l'afflux de visiteurs.
Mais l'ensemble est agréable et permettra d'organiser des expositions dans d'excellentes conditions, répondant ainsi à la réputation internationale de Pont-Aven.
Se pose toujours la question du fonds d’oeuvres très limité dont dispose le musée de Pont-Aven et on espérerait qu'une vraie collaboration s'installe entre les différents musées de Bretagne pour faire réellement de ce nouvel outil la grande référence en matière "d'école de Pont-Aven". Comme dans bien d'autres domaines, l'absence de gestion au niveau régional de ces équipements empêche une vraie cohérence géographique, culturelle et muséographique.
Mais la visite de ce nouveau musée fait sauter aux yeux un vrai scandale : l'absence totale de la langue bretonne. Alors que tout est bilingue français - anglais, pas un mot , rien, en langue bretonne, netra. C'est absolument sidérant. Comment peut-on de nos jours concevoir un tel équipement sans y intégrer la langue bretonne ? Pas de textes en breton, pas d'audio-guides en breton, pas de dépliants en breton..
Comment est-ce pensable ? Même le château des Ducs de Bretagne à Nantes fait mieux ! Sans parler par exemple du site des Capucins à Landerneau où la langue bretonne est présente et bien visible pour des expositions d'art contemporain.
Lorsque l'on sait que le Conseil régional de Bretagne a financé largement cet équipement et que par ailleurs, le même Conseil régional a voté il y a quelques années l'officialisation des langues de Bretagne, on ne comprend pas l'absence de la langue bretonne dans un équipement aussi important en terme culturel et d'image à l'international. Comment se fait-il que le Conseil régional ne mette pas dans ses cahiers des charges l'obligation du bilinguisme français-breton ? Sans parler du Conseil départemental du Finistère, de la communauté de communes Concarneau-Cornouaille et des autres collectivités bretonnes concernées... Ce sont eux aussi les responsables et on ne peut plus se contenter de paroles fadasses s'ils ne font rien dans leurs propres domaines de responsabilités.
Toute l'école de Pont-Aven se base historiquement et artistiquement sur la culture bretonne, l'histoire de la Bretagne, les paysages bretons ; la plupart des personnes rencontrées par ces peintres étrangers parlaient breton... Et là, rien, rien de rien... Pire, au détour d'un panneau, on nous fait la leçon comme quoi le chemin de fer a permis la pénétration de la langue française. C'est un fait mais c'est noté de telle façon qu'on a l'impression que c'est la civilisation qui est arrivée chez les ploucs.
En cela, ce nouveau musée de Pont-Aven est extrêmement décevant. Tant qu'on y est, autant l'appeler le musée du Pont de la Rivière...
Pour écrire au Musée de Pont-Aven : (voir le site)