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- Chronique -
Jacques Bankir répond point par point à Dominique Bussereau
Jacques Bankir, qui fut président de Régional Airlines répond point par point à D.Bussereau, ancien ministre délégué aux transports dans une lettre ouverte. Monsieur Dominique Bussereau Président du Conseil Général de
Par pour le 16/06/14 6:19

Jacques Bankir, qui fut président de Régional Airlines répond point par point à D.Bussereau, ancien ministre délégué aux transports dans une lettre ouverte.

Monsieur Dominique Bussereau

Président du Conseil Général de Charente Maritime

5 Bd de la République, 17076 La Rochelle CEDEX 9

Paris, 11 juin 2014

Monsieur le Ministre,

Vous avez été mon Ministre et j'ai eu le plus grand respect pour vous, alors que j'½uvrais à Nantes, à la fusion de trois compagnies françaises, pour construire Régional.

Mais je viens de voir votre interview dans « Ouest France, Direct Politique » s'agissant de Notre Dame des Landes et elle m'a interloqué.

Non, l'aéroport de Nantes n'est pas dangereux. Pas plus qu'un autre. Le fameux incident de l'avion égyptien que vous avez évoqué et qui a tant servi aux promoteurs de NDDL est édifiant. L'erreur de pilotage est aberrante et peut se produire n'importe où. Heureusement, les fautes de pilotage de ce genre sont rarissimes. Mais l'enquête, de notoriété publique, a mis en cause le manque de vigilance de la tour. On peut aussi évoquer l'équipement insuffisant de Nantes où l'on a gelé tout investissement sous le prétexte que l'aéroport doit déménager. Comme si l'on faisait tout pour convaincre l'opinion qu'il faut un nouvel aéroport.

Quant au Lac de Grandlieu, je suis ornithologue amateur. Et je sais que les oiseaux n'ont jamais été dérangés par les avions. Bien au contraire, l'existence de l'aéroport et l'utilisation privilégiée de la piste dans le sens qui fait passer les avions sur le lac et non sur la ville a un double avantage. Éviter le bruit des avions sur la ville (statistiquement dans 60% des cas), et préserver cette zone naturelle magnifique de constructions et immeubles. Car disons-le. Il semble bien que les calculs immobiliers font beaucoup dans cette affaire. On cimentera autour de l'ancien aéroport et sur une partie de son emprise avec tout ce que cela comporte comme conséquences sur le voisinage.

Peut-être prendrez-vous le temps de lire ce que j'ai pu écrire à ce sujet. Je ne suis ni un extrémiste, ni même un écologiste. Mais, en tant que professionnel, j'ai toujours été choqué par ce projet et par la manière dont le devoir de réserve, dans notre beau pays, parvient à laisser dans l'erreur des politiciens non avertis. Trop de consanguinité entre politiques, administration et grands industriels. On ne veut faire de peine à personne. Puis on s'entête, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face.

Ce qui me frappe est, qu'en privé, je ne reçois que des encouragements de tous mes camarades de la profession qui, comme je l'ai fait trop longtemps, se taisent. Parmi eux, nombreux sont ceux que je n'ai plus vus depuis des années. Aucun professionnel sérieux et de bonne foi ne défend plus le projet.

Toulouse a réagi sainement en rejetant un projet tout aussi douteux. Il est vrai que c'est la gauche qui a entériné cette décision et qu'il s'agissait d'une lubie d'un ex-ministre de droite… mais la lettre du préfet qui entérine cette décision pourrait s'appliquer intégralement à NDDL.

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en mes sentiments les plus respectueux.

Jacques Bankir

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