Tout le monde en parle, des « fiches », celles des Renseignements Généraux. Mais que sont-elles, quelle importance ont-elles, que révèlent-elles ? Plongée au cœur d'un des secrets les mieux gardés de la République…
Généralement, une fiche prend l'apparence d'un dossier papier ou informatisé qui comprend vos identifiants (nom, prénom, âge, photo, caractéristiques physiques) pour la plupart des fichages autres que ceux des Renseignements, mais aussi caractéristiques morales, votre passé réel ou supposé, votre présent, vos habitudes, des données sur votre famille.
Tout le monde : impôts, sécu, médecin, police. Nous parlerons plus particulièrement de « la » fiche des Renseignements Généraux (voir le site) , qui d'ailleurs n'existent plus puisqu'ils ont été fusionnés avec la Direction de Surveillance du Territoire le 1er juillet 2008 pour former la Direction centrale du renseignement intérieur(DCRI). L'activité de fichage est passée à la nouvelle sous-direction de l'Information générale, trustée par les ex-RG, qui n'ont jamais tant existé que depuis leur disparition.
Mais, ne serait-ce que pour les fichages policiers, existent de nombreux fichiers, dont les plus connus sont le STIC (infractions constatées) et le FNAEG (empreintes génétiques) et dont la grande diversité a été étudiée par certains rapports (voir le site) Beaucoup de ces fichiers (OCTOPUS pour les tagueurs, LUPIN pour les cambrioleurs…) n'ont aucune existence légale, en clair, ils sont illégaux (voir le site)
Pour votre bien, dit-on. Faire gagner du temps aux administrations (Sécu, médecins) ou aux entreprises (fichiers des clients fidèles), rendre plus juste l'assiette de l'impôt (Trésor), ciment de la répartition des efforts de la société (CAF, retraites, CMU…), identifier les individus dangereux pour la paix sociale (police, gendarmerie) ou l'ordre républicain (RG, DCRI). Et ce partout dans le monde, comme en Inde qui fiche 1 milliard et demi de citoyens pour lutter contre le détournement massif des aides sociales (voir le site)
Généralement pour la vie. Mais il y a des fichages temporaires, notamment, des inscriptions au bulletin n°2 ou n°3 du casier judiciaire peuvent être retirées au bout du délai de réhabilitation légale (voir le site) Les Renseignements Généraux (RG) fichent, eux, pour la vie.
Généralement, c'est à un… Breton qu'est attribué l'invention des fiches. Mais Fouché, natif du Pellerin (Bro Naoned) et ministre de l'Intérieur de Napoléon Ier n'a fait que donner plus d'efficacité à une pratique développée par l'essor des offices administratifs à partir de Louis XIV et systématisée par la Révolution avec la trop connue Liste des Émigrés. Les autorités révolutionnaires ont en effet fait inscrire le nom de toutes les personnes émigrées à cause de la fureur des nouveaux maîtres (jusqu'à 32.000) sur des listes, établies par communes. A partir du 23 octobre 1792, les émigrés sont bannis à perpétuité du territoire de la République et ceux qui rentreraient seraient punis de mort.
Bien avant, le dictateur romain Sylla (138-78 avant JC), partisan des aristocrates, pratiqua une purge politique en -82 en établissant des listes publiques de ses ennemis, contraints à l'exil ou à la mort, ce sont les proscriptions. Le fichage a donc toujours un but politique.
Il n'y a pas une, mais trois niveaux de fiches.
Le premier regroupe vos caractéristiques physiques et morales, votre photo, le nom de votre famille, le résumé de votre passé et de votre présent en version expurgée ou sciemment arrangée. Quand ce n'est pas une fiche antédiluvienne (voir le site)
Le deuxième niveau, que l'on peut parfois consulter par la grâce de liens amicaux, est la version nettement moins expurgée et mieux tenue à jour du premier niveau.
Le troisième niveau est une étude en détail sur votre personne, vos habitudes, fréquentations, affiliations, votre passé, présent, vos perspectives d'évolution. Sur ce dernier niveau toujours manuscrit pour éviter les désastres du hack, on trouve aussi des marques indicatives de couleur : aucune ou verte si vous n'êtes pas estimé nocif, jaune ou orange si vous l'êtes, rouge si vos idées ou fréquentations menacent l'ordre public, la forme républicaine de gouvernement, l'intégrité du territoire ou les intérêts supérieurs de l’État. Et il y aurait au-delà encore une marque noire si vous êtes un terroriste accompli.
C'est pourquoi les militants indépendantistes ou autonomistes, les monarchistes, l'extrême-droite ou l'extrême-gauche révolutionnaire ou anticapitaliste, les militants des droits de l'Homme ou de l'Environnement les plus virulents… et une partie de ceux qui les fréquentent sont fichés aux trois niveaux et marqués « rouge ».
Tout le monde n'est pas fiché aux trois niveaux, notamment celles qui ne font partie que du cercle de connaissance de la personne fichée ou sont ses enfants mineurs.
Ne vous affolez pas et ne prenez pas la grosse tête, vous n'êtes pas seul ! Les RG reconnaissent 800.000 citoyens fichés, soit plus de 1 % de la population de la France. Selon la CNIL, il y en aurait entre 2 millions et demi et 8 millions. Huit millions de personnes fichées ! Autant que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France, ou les 2/3 de l'Île de France, ou encore près de deux fois la population de la Bretagne. Et encore, on ose espérer que les RG ont abandonné leur ancienne pratique de ficher toutes les personnes d'origine étrangère… en revanche, vous pouvez demander à consulter votre fiche.
Vous pouvez faire une demande à la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL) (voir le site) en expliquant pourquoi vous pensez avoir été fiché et vous armer de patience. Les RG peuvent en effet refuser de communiquer votre fiche en arguant dans 80 % des cas que vous n'êtes pas fiché, ce que la CNIL ne pourra pas vérifier si votre fiche n'a pas été informatisée (voir le site) En fait, la CNIL n'a accès qu'au premier niveau, expurgé, celui des fiches qui étaient prévues pour le fichier EDVIGE, qui a suscité un tollé en 2007, retiré et remplacé par le fichier EDVIRSP puis de deux autres encore (voir le site) , tous fichiers qui du reste peuvent connaître des fuites volontaires ou non évidemment indésirables.
Mais ceux qui ont été ou sont journalistes, responsables politiques (même responsable de section du parti du Gâtinais à Mignerettes), d'associations, directeurs de publication, militaires, travailleurs civils de l'armée… toutes catégories fichées automatiquement, peuvent au bout d'un an à un an et demi d'attente avoir l'insigne honneur d'être convoqué dans un gris et terne bureau de sa préfecture pour consulter sa fiche en la présence muette d'un ou de deux policiers. Et seulement la version expurgée, si vous avez bien lu, le premier niveau. Comme s'en sont rendu compte les personnes qui ont consulté leurs fiches et qui ont tenu à en faire profiter le monde entier (voir le site) ou (voir le site)
Quand ils n'ont pas eu l'occasion de faire connaissance avec leurs méthodes de travail (voir le site)
Oui, c'est normal, les fiches du premier niveau ou les dossiers expurgés sont souvent chargés d'informations fausses pour faire accroire aux citoyens que les fiches ne sont que le passe-temps futile de fonctionnaires qui n'ont rien à faire de leur journée… Erreur ! Les fiches sont un moyen terriblement efficace de contrôler le peuple par les volontés des responsables et des « trublions » militants du système, qui sont tous fichés et ont tous, par définition, un attachement ou un point faible. Si vous tenez à être fiché plus encore, vos pouvez écrire à la CNIL, qui transmettra.
Que la France n'est pas ou plus une démocratie. L'a-t-elle jamais été ? Le sort fait aux Chouans et aux Vendéens, puis aux minorités nationales à Conlie ou en 14-18, sous Vichy et à l’Épuration, tend à confirmer la nature profondément anti-démocratique du pouvoir étatique français, au cours de son histoire. Le prétendu « pays des droits de l'Homme » n'est qu'une pâle copie des vraies démocraties, la Corse après le 14 juillet 1755, première démocratie des temps modernes (voir le site) puis les États-Unis depuis 1774, les pays anglo-saxons, la Suisse, germaniques ou scandinaves après 1945 et de nos jours baltes ou est-européens. Les fiches sont au cœur de la contradiction qui traverse la France, entre aspiration démocratique refoulée et méthodes dignes des « démocraties » du Bloc de Varsovie. A côté du fichage massif des citoyens, l'on trouve aussi la Françafrique, les barbouzes ou le jacobinisme d’État, la falsification de l'histoire « républicaine » ou la subventionnite aiguë qui règne dans les secteurs stratégiques comme la presse. Vous avez dit Liberté, Égalité, Fraternité ? (voir le site)
Louis Bouveron