Nous venons de vivre plusieurs périodes de froid durant lesquelles le réseau électrique breton a été soumis à rude épreuve. A cette occasion les médias se sont faits les relais des inquiétudes du gestionnaire du réseau, RTE, quant à de possibles coupures volontaires en Bretagne pour préserver d'autres secteurs. La Bretagne administrative ne produit que 9 % de son électricité.
Dans un même temps le lobby nucléaire français comprenant EDF, AREVA, le CEA, chante d'une même voix que les Bretons devront comprendre que le nucléaire est indispensable pour pallier ce déficit dans la production d'électricité. Pourtant, ils le savent, le peuple breton est majoritairement hostile à cette technologie, pour des raisons connues de sécurité, de traitement et stockage des déchets, pour lesquels la transparence est aujourd'hui insuffisante et les dérapages inquiétants.
Quand, à Flamanville, l'État investit dans l'EPR (centrale nucléaire de 3e génération) pour un budget estimé au minimum à 4 milliards d'euros et une puissance de 1650 MW, quels sont les investissements projetés pour répondre aux besoins bretons en électricité qui représentent ceux de 3 EPR ?
Logiquement l'État devrait mettre sur la table 12 milliards d'euros pour une politique énergétique en Bretagne, aussi facilement que les 33 milliards d'euros promis pour le projet mégalomane du Grand Paris.
La Bretagne, qui dispose de ressources très importantes et renouvelables en vent, houle, marées et courants, ne voit pas grand-chose de concret et sérieux pour répondre à cet enjeu. L'Écosse couvre déjà à 40 % ses besoins en électricité avec des énergies renouvelables, l'Espagne a ponctuellement dépassé les 50 % en 2009, et en Bretagne les discussions viennent juste de démarrer pour définir les zones pouvant recevoir une production d'électricité offshore, sous la tutelle de l'État et des amiraux. On a bien compris que cette affaire ne les intéresse pas autrement que dans la conservation de leurs prérogatives de décision. Ce n'est pas ainsi que les dossiers avanceront. De nouveaux modes de fonctionnement doivent être trouvés. Les arbitrages doivent être réalisés au plus proche de la population, par des discussions et un consensus que seuls les Bretons peuvent créer. Les choix faits à l'avance, à Paris, ne sont pas acceptables.
Faute d'une envergure financière suffisante, limitée dans ses compétences, la Région Bretagne n'a que peu de moyens pour mettre en œuvre une politique énergétique. Néanmoins, son message doit être clair. La Région Bretagne doit se positionner contre le nucléaire et pour un développement massif des énergies renouvelables.
L'enjeu énergétique est nettement plus important qu'une Ligne à Grande Vitesse (LGV) pour gagner encore quelques minutes entre Rennes et Paris. Pour le Parti Breton, l'autonomie énergétique est possible et doit être un objectif prioritaire pour notre sécurité énergétique et pour l'attractivité économique de la Bretagne.
Pour le Parti Breton, Émile Granville, porte-parole
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