Gilles Martin-Chauffier captive de bout en bout avec ce livre enlevé qui ressuscite le glorieux passé de la Bretagne et ses grandes figures, comme la duchesse Anne qu'il étrille. Le meilleur et le pire d'une histoire qui pourrait un jour, selon l'auteur également rédacteur en chef de Paris Match, se conjuguer au futur.

On en a lu des histoires de Bretagne, mais des comme ça, jamais… Le ton plein de brio et d'ironie de Gilles Martin-Chauffier, son sens de la formule n'y sont pas pour rien. Tout comme sa vision de l'histoire et des hommes qui va faire grincer des dents. « Soyons bien clairs » , prévient l'écrivain à la fibre romanesque. « Ce livre n'est pas un roman, mais l'histoire de la Bretagne racontée à travers une quinzaine de personnages, de lieux et de dates qui reflètent particulièrement bien son passé. »

Sur plus de dix siècles jusqu'à la mort de Cadoudal en 1804, défilent en accéléré ces figures qui ont façonné le destin de l'Armorique, de l'État breton puis du duché. Gilles Martin-Chauffier rend tout simplement leur place dans l'Histoire à Nominoë, aux ducs Jean et même à Isaac Le Chapelier, maître de cérémonie de la Révolution française. Certains mythes ne sortent pas indemnes de ce récit, à l'image de Richard Cœur de Lion que le Morbihannais dépeint comme « un cinglé d'une violence pathologique » . Nulle bienveillance non plus pour la « duchesse calamiteuse et dépensière » qu'était Anne de Bretagne. « C'était Lady Diana avant l'heure » , s'acharne le rédacteur en chef de Paris Match qui, depuis quinze ans, pensait à ce livre écrit en partie dans la maison de famille de l'Île aux Moines.

« Pourquoi veut-on dissimuler à Paris la puissance qu'incarnait la Bretagne au XIVe siècle ? » , s'élève le romancier dans un époustouflant épilogue qualifié de provisoire. On se pose alors la question : la Bretagne indépendante a-t-elle encore un avenir ? On ne sait jamais avec elle.

Entretien avec GMC sur son parcours : [TV195]

Entretien avec GMC sur son livre : [TV196]

La revue de P . Argouarch (voir le site)

Ronan Le Flécher