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Esther Nubiola est la princesse Carmesina.
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L'affiche du film espagnol.
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Giancarlo Giannini est le vieil empereur de Byzance.
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Casper Zafer est Tirant le Blanc.
- Communiqué de presse -
Tirant le Blanc au cinéma
L'ABP a consacré le 18 juin dernier un long communiqué à la réédition prochaine de « Tirant le Blanc », formidable roman de chevalerie publié pour la première fois à Valence en 1490, dont le héros éponyme, né à Nantes, n'est autre que le petit-fils du duc de Bretagne. À la suite de cet article, des internautes nous ont signalé l'existence d'un film inspiré du roman et sorti en salles en Espagne en 2006
Par Bernard Le Nail pour ABP le 30/06/08 8:33

L'ABP a consacré le 18 juin dernier un long communiqué à la réédition prochaine de « Tirant le Blanc » , formidable roman de chevalerie publié pour la première fois à Valence en 1490, dont le héros éponyme, né à Nantes, n'est autre que le petit-fils du duc de Bretagne. ( voir notre article )

À la suite de cette dépêche, des internautes nous ont signalé l'existence d'un film inspiré du roman et sorti en salles en Espagne en 2006 : « Tirante el Blanco. El complot de las damas » , que l'on peut acquérir en dvd aussi, en anglais, sous le titre « White Knight. The Maiden's Conspiracy » et également en italien et même en thaïlandais, mais pas en français.

Ce film a été co-produit par trois pays européens : l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Aucune des sociétés françaises approchées n'a été intéressée. La réalisation de ce film a duré près de deux ans, en 2004 et 2005 : neuf mois de pré-production, 18 semaines de tournage et 8 mois de post-production. L'essentiel du tournage (en super 35 mm panoramique) a eu lieu en Andalousie et a été fait en anglais. Considéré comme une des entreprises cinématographiques espagnoles les plus ambitieuses de ces dernières années en termes financiers et en nombre de figurants, ce film de 122 minutes a été présenté pour la première fois le 30 mars 2006 et il est sorti le 7 avril 2006 dans 264 salles espagnoles. Il a été présenté hors sélection au festival de Cannes le en mai 2006. Il n'a pas été sélectionné pour le festival du cinéma espagnol de Nantes de 2007... http://www.cinespagnol-nantes.com/2008/index.php?option=com_content&task=view&id=145 .

Le réalisateur et metteur en scène, Vicente Aranda, est un Catalan, né à Barcelone en 1926, auteur d'un certain nombre d'autres films, et il a fait appel à des auteurs connus de diverses nationalités, britannique, espagnole, italienne... : Esther Nubiola est la princesse Carmesina, Giancarlo Giannini joue le rôle du vieil empereur de Byzance, Casper Zafer tient le rôle de Tirant le Blanc...

Le héros n'est plus breton et n'est plus noble, il n'est plus question nulle part de Nantes, ni de la Bretagne, l'histoire ne se déroule plus dans divers pays d'Europe et d'Afrique du Nord, mais seulement à Constantinople et en Grèce. La capitale de l'Empire grec est menacée par une très puissante armée turque, bien supérieure en nombre de soldats que les forces que peut lui opposer le vieil empereur, mais celui-ci a la chance de pouvoir compter sur Tirant le Blanc qui est un grand stratège et qui s'appuie sur de féroces Almogaraves (soldats mercenaires catalans et aragonais organisés en grandes compagnies qui combattirent les Sarrazins pendant la Reconquête). Les scènes de combats et de batailles ne manquent pas et sont assez réussies, on y trouve aussi un certain nombre de joutes qui se déroulent, elles, dans le palais impérial et qui sont des joutes amoureuses...

Ce film de cape et d'épée, largement pimenté d'érotisme, n'a pas connu réellement le très grand succès que certains espéraient, du fait du succès du livre, mais, quelle que soit la beauté des décors, il faut bien dire qu'il n'a guère été fidèle au livre, qu'il n'en a à aucun moment le souffle, et encore moins la finesse. Il ne présente aucun intérêt particulier pour les cinéphiles bretons. Ce film, inspiré d'un immense chef d'œuvre de la littérature catalane, a surtout énormément déçu les Catalans.

C'est ce dont témoigne ci-dessous la critique de Victor Alexandre, publiée quelques jours après la sortie du film en Espagne :


"Tirant le Blanc"et l'auto-haine de Vicente Aranda par Víctor Alexandre, 22 avril 2006

Cette version cinématographique du héros de Joanot Martorell ne peut vraiment pas être plus insignifiante et anodine avec ses batailles peu travaillées et un protagoniste, Caspar Zafer (Tirante), incapable de transmettre la moindre petite émotion. Leonor Watling, Ingrid Rubio et Victoria Abril sont les seules qui, en fait, donnent une certaine consistance au film car Giancarlo Giannini et Jane Asher, dans les rôles de l'empereur et de l'impératrice de Byzance, passent à l'écran comme des âmes en peine à la recherche d'un directeur qui aime l'histoire qu'il explique au lieu de l'utiliser pour canaliser ses phobies.

L'auto-haine de Vicente Aranda est trop forte pour que celui-ci ait résisté à la tentation d'utiliser le grand classique de la littérature catalane dans le but de ridiculiser le héros et le convertir en un mélange d'impuissance et d'éjaculateur précoce. Il y a plus, avec les noms castillans dans la version doublée en espagnol – Tirante, Hipólito...–, l'identité de Tirant et de ses hommes devient espagnole de façon subtile. Fait qui conduit Aranda a tomber dans son propre piège, car avec “l'espagnolisation” de Tirant, l'impuissant n'est pas catalan – ni breton, comme dans le roman – mais espagnol. Finalement, cependant, l'unique impuissance réelle est celle d'Aranda pour avoir réalisé quelque chose qui ne soit qu'un peu plus qu'un téléfilm.

Mais il existe une autre question que les Catalans devraient savoir, c'est le mensonge éhonté de la maison de production Carolina Films. Une maison de production qui, ainsi que le signalait le Département de Normalisation Linguistique de la Mairie d'Alcudia (Baléares) le 18 mai 2005, a promis que Tirant le Blanc ne serait inauguré qu'en catalan dans les Pays Catalans. Cette notification est née de la rumeur généralisée que le film serait projeté en espagnol sur les territoires de langue catalane. De la même manière, selon les mots de Bernat Baldomero, responsable presse de Carolina Films, le tournage en anglais a été réalisé grâce à la volonté – paroles littérales – “d'universaliser l'œuvre, et que notre littérature et notre culture soient diffusées et respectées dans le monde”. Enfin, nous avons déjà vu comment ces déclarations sont devenues une série de mensonges. Il n'y a eu que 10 copies en catalan pour tous les Pays Catalans : sept dans la Principauté, deux dans le Pays Valencien et une dans les Îles. Tout à fait honteux.

Quant à “l'universalisation de l'œuvre et de notre langue et de notre culture”, il faut juste ajouter que les dossiers de presse internationaux, à la demande de Vicente Aranda et de la maison de production, ont pour titre en anglais « Tirant lo Blanc/Tirante el Blanco » , et ceux-ci prétendent des choses telles que : “Tirante el Blanco tells the story of the famous knight Tirante...” (Tirant le Blanc raconte l'histoire du célèbre chevalier Tirante...), et, se référant aux Almogavares, ajoutent : “...the fierce Almogávares, a class of Spanish soldiers who fought during the Christian Reconquest of Spain…” (les féroces “Almogavares”, en quelque sorte des soldats espagnols qui luttèrent pendant la Reconquête chrétienne en Espagne…).

Voilà ce que déclare un film subventionné par la Generalitat de Catalogne et TV3, et Vicente Aranda un réalisateur né en Catalogne, le répand dans le reste du monde. Conformément à ce profil de profonde auto-haine, il semble logique que si Aranda avait été juif, il serait anti-sémite. Par chance, n'offense pas qui veut.



En conclusion, on pourra sans regret se dispenser de voir ce film s'il lui arrive de sortir un jour en salle en français, mais il faudra se précipiter sur le livre dès qu'il sera à nouveau disponible en librairie dans sa belle traduction française.

Voir aussi sur le même sujet : Tirant Le Blanc,Tirant Lo Blanc,cinéma,film
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Bernard Le Nail est un écrivain fondateur de la maison d'édition LES PORTES DU LARGE. Contributeur ABP
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