À Rennes, un colloque international sur les Bretons au Brésil à l'époque coloniale. De Villegaignon, vice-amiral de Bretagne, à Duguay-Trouin (1555-1711)
Dans le cadre de l'année du Brésil en France, l'Université de Rennes 2- Haute Bretagne vient d'organiser les 20 et 21 octobre derniers un colloque international sur les aventures des Bretons au Brésil à l'époque coloniale. Ce colloque auquel ont participé une quarantaine de chercheurs dont un universitaire portugais, M. Luis Ramalhosa Guerreiro, un universitaire allemand, M. Franz Obermeier, un universitaire suisse, Nicolas Fornerod, plusieurs Brésiliens et surtout des chercheurs français, principalement bretons, s'est tenu au siège du conseil général d'Ille-et-Vilaine. Les travaux ont été ouverts par Didier Le Bougeant, vice-président chargé de la culture, et ont été conclus par le président, M. Jean-Louis Tourenne. L'organisateur de ce congrès était M. Jean-Yves Mérian, professeur de langue et civilisation portugaise et brésilienne à l'Université de Rennes 2, qui a été durant plusieurs années attaché culturel de France à Sao Paulo. On notait parmi les participants la présence d'Yves Marcel Troadec, originaire d'Uzel, président des Bretons du Brésil, venu spécialement de Sao Paulo.
Les rapports entre la Bretagne et le Brésil ont été constants depuis le tout début du XVIe siècle, c'est à dire, depuis les années qui ont suivi l'arrivée de la flotte du Portugais Pedro Alvares Cabral, en 1500, sur les côtes de Bahia. Dans la lutte qui opposa les Français et les Portugais pour le contrôle du commerce avec les Indiens tupinamà et tupiniquim, mais aussi dans l'établissement de comptoirs pour une présence durable, les navigateurs bretons tinrent un rôle de premier plan.
Des marins de la région de Saint-Pol-de-Léon furent parmi les premiers Européens à fréquenter les côtes du Brésil au début du XVIe siècle. En 1555, il y eu le projet de fondation de la "France antarctique" dans la baie de Guanabara (Rio de Janeiro) sous la direction de Nicolas Durand de Villegaignon, vice-amiral de Bretagne (né à Provins, en 1510, ce Champenois ne fit en fait qu'un fort bref séjour à Brest). En 1604 et 1609, Daniel de La Touche de La Ravardière mena deux expéditions de reconnaissance sur les côtes du Brésil et en 1612, parti de Cancale, avec trois navires et plus de 500 colons et soldats (dont de nombreux Bretons), il dirigea une véritable expédition de colonisation qui fonda Sao Luis dans l'île côtière du Maragnan.
C'était le projet de la "France équinoxiale" qui aurait dû s'étendre jusqu'en Guyane. Ces deux projets furent ruinés par la contre-offensive portugaise, mais aussi par le manque de politique colonial audacieuse de la France affaiblie par les guerres de religion. Le souvenir de ces épisodes fondateurs de la nation brésilienne est resté vivant jusqu'à nos jours, comme en témoignent en France le roman Rouge Brésil de Jean-Christophe Ruffin, prix Goncourt en 2001 et au Brésil Meu Querido Canibal d'Antônio Torres. ces romans renvoient aux chroniques des voyageurs au XVIe siècle : André Thevet, Jean de Léry, Yves d'Évreux et Claude d'Abbeville.
La guerre de course prolongea le commerce illégal des Bretons jusqu'au XVIIe siècle. L'un des épisodes les plus marquants fut la prise de Rio de Janeiro et sa mise à sac en 1711 par le corsaire Duguay-Trouin, honoré à Saint-Malo, mais détesté au Brasil, où l'on ne fait pas la différence entre corsaire et pirate.
Ces épisodes de l'histoire franco-brésilienne ont été appréciés de façon très différente par les historiens français, portugais et brésiliens.
Le colloque de Rennes avait pour but de confronter les points de vue des historiens français, portugais et brésiliens sur le contenu de la politique coloniale française au Brésil dans le contexte des affrontements et de la concurrence entre puissances maritimes européennes aux XVIe, XVIIe et début du XVIIIe siècles - Portugais, Espagnols, Français, Hollandais et anglais - sur les côtes brésiliennes.
La présence des Bretons et des Normands à Sao Luis do Maranhao, le rôle des Bretons et Normands en particuluier, inspire les écrivains brésiliens et français depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours.
Les actes de ce colloque devraient paraître au cours de l'année 2006.
Pour en savoir plus : karine.tireau [at] uhb.fr ou sandrine.brenugat [at] uhb.fr