Les rapports entre la Bretagne et le Brésil ont été constants depuis le tout début du XVIe siècle, c'est à dire dans les années qui ont suivi l'arrivée de la flotte du Portugais Pedro Alvares Cabral, en 1500, sur les côtes de Bahia. Dans la lutte qui opposait les Français et les Portugais pour le commerce avec les Indiens tupinabà et tupiniquim, mais aussi l'établissement de comptoirs pour une présence durable, les navigateurs bretons eurent le rôle de premier plan.
En 1555, ce fut le projet de fondation de la France Antarctique dans la baie de Guanabara (Rio de Janeiro) sous la direction de Nicolas Durand de Villegaignon, vice-amiral de Bretagne.
En 1610, ce fut la fondation de São Luis, dans l'île côtière du Maragnan, dans le nord du Brésil, par le seigneur de La Ravardière, accompagné de marins de Granville, Cancale et Saint-Malo. C'était le projet de la France Équinoxiale, qui aurait dû s'étendre jusqu'en Guyane. Ces deux projets furent ruinés par la contre-offensive portugaise, mais aussi par le manque de politique coloniale audacieuse de la France, affaiblie par les guerres de religion.
Le souvenir de ces épisodes fondateurs de la nation brésilienne est resté vivant jusqu'à nos jours, comme en témoignent en France le roman « Rouge Brésil », de Jean-Christophe Ruffin, prix Goncourt en 2001, et, au Brésil, "Meu Querido Canibal", d'Antônio Torres. Ces romans renvoient aux chroniques des voyageurs du XVIe siècle : André Thevet, Jean de Léry, Yves d'Évreux, Claude d'Abbeville.
La guerre de course prolongea le commerce illégal des Bretons jusqu'au XVIIIe siècle. L'un des épisodes les plus marquants fut la prise de Rio de Janeiro et sa mise à sac en 1711 par le corsaire Duguay-Trouin, honoré à Saint-Malo, mais détesté au Brésil, où l'on ne fait pas la différence entre corsaire et pirate.
Un colloque international qui s'est tenu à Rennes les 20 et 21 octobre 2005 a permis de confronter les points de vue, fort différents, des historiens français, portugais et brésiliens sur la politique coloniale française au Brésil dans le contexte des affrontements et de la concurrence entre provinces maritimes européennes aux XVIe, XVIIe et début du XVIIIe siècle - Portugais, Espagnols, Français, Hollandais et Anglais - sur les côtes brésiliennes.
Ce colloque a été préparé et dirigé par le professeur Jean-Yves Mérian, originaire de Damgan, grand spécialiste du Brésil et ancien attaché culturel à São Paulo, qui enseigne la langue portugaise et la civilisation brésilienne à l'Université de Rennes 2 Haute Bretagne. Il a réuni les contributions de ces spécialistes venus à Rennes en octobre 2005 dans ce livre qui va paraître à l'occasion de l'Année de la France au Brésil (2008-2009).
Cet ouvrage de 224 pages, illustré et comportant une chronologie générale, un index des noms de personnes et un index des noms de lieux cités, ainsi que d'abondantes informations bibliographiques, sera en vente en librairie au prix de 20 € dans le courant du mois de février.