- Communiqué de presse -
Élections régionales : positionnement de l'AFB-EKB
En Bretagne, 13 listes se présentent pour tenter d'entrer à la prochaine Assemblée régionale. Presque toutes, dans leur intitulé, proclament bien haut leur «bretonnitude», quitte à être en totale contradiction avec la ligne de leurs maisons-mères parisiennes.
Par Gwenael Kaodan pour Alliance Fédéraliste Bretonne - Emglev Kevredel Breizh le 10/06/21 21:40
En Bretagne 13 listes se présentent pour tenter d'entrer à la prochaine Assemblée régionale. Presque toutes, dans leur intitulé, proclament bien haut leur «bretonnitude», quitte à être en totale contradiction avec la ligne de leurs maisons-mères parisiennes.
Peu d'entre elles déclinent un programme cohérent et structuré, la majorité se contentant de slogans aussi vagues que démagogiques. Pour ajouter au brouillage des esprits, l'omni présence médiatique du Président Macron tend à prioriser, un an à l'avance, l'élection présidentielle de 2022.
Cette situation met bien en évidence la particularité de la vie politique hexagonale qui privilègie une gouvernance verticale et autocratique unique en Europe. Cette singularité est en grande partie la résultante d'une Constitution qui donne des pouvoirs immenses à la Présidence de l'Etat en laissant la portion congrue aux corps intermédiaires.
logo
De notre point de vue un programme pour la Bretagne doit privilégier 7 grandes lignes directrices.
- En tout premier lieu prétendre à exercer un pouvoir régional passe par la remise en cause sans concession de la gouvernance telle qu'on l'entend à Paris. Très peu des listes en présence se prononcent sur ce point.
- Autre thème largement occulté : le monde maritime et son potentiel emblématique pour la population bretonne.
Les fortes tensions qui sont apparues entre le monde de la pêche et l'installation de champs éoliens au large de nos côtes n'ont, à notre connaissance, déclenché aucune démarche pour tenter de concilier les parties. Pourquoi ne pas avoir organisé un voyage des intéressés au Danemark, pays où pêche et éoliennes sont arrivés à un modus-vivendi, et entendre sur place l'avis des acteurs locaux ?
Alors que la lutte contre le réchauffement climatique devient un enjeu majeur de notre temps, il est navrant de constater qu'aucun des candidats n'a saisi l'importance de la révolution énergétique annoncée dans la propulsion éolienne maritime. Les Scandinaves, avec leur forte tradition maritime, ont déjà une quinzaine d'unités en service alors qu'on assiste ici à de timides débuts encore au stade de l'étude dans les entreprises NEDINE et TOWT. Les chantiers de l'Atlantique (Penhoet) y trouveront là un nouveau gisement à l'heure où le créneau des croisiéristes est remis en question pour cause de pandémie.
Toujours en référence avec notre situation maritime, il faut rappeler que la Bretagne possède le plus vaste champ d'algues d'Europe. Avec une production annuelle de 65000 tonnes, ce potentiel est bien trop négligé alors que le marché local et mondial est en pleine expansion.
- Autre absence notée dans les divers programmes, la remise en cause du poids budgétaire de la Région. Pourtant avec son maigre budget de 1,6 milliard d'Euros, la Bretagne administrative est un nain politique à côté de ses homologues européennes (Bavière 49,9 milliards-Lombardie 23,1 milliards-Catalogne 23,3 milliards). Face aux décisions qui s'imposent (écologie-agriculture-multilinguisme) c'est nettement insuffisant. Ajoutons à cela que les multicompétences du Président de la région ne sont qu'un trompe-l'œil puisque partagées avec l'Etat central, les départements, les intercommunalités.
- Liée au chapitre précédent, nous n'avons trouvé aucun engagement ferme (bonnes paroles mises à part) pour ne plus se contenter d'une Bretagne administrative dont le PIB la relègue au 10ème rang des régions françaises. Il est clair que seule une Bretagne à cinq départements, avec la puissance industrielle du bassin de Nantes-Saint Nazaire, la fera entrer dans le club des grandes régions européennes citées plus haut.
- Etre président de la région Bretagne c'est l'incarner à l'intérieur mais essentiellement à l'extérieur. Or des différentes listes, aucune n'aborde et ne remet en cause notre représentation à Bruxelles dont on sait pourtant l'importance pour notre agriculture, la pêche et les problèmatiques environnementales. A ce sujet faut-il rappeler, que la Communauté Autonome Basque, avec 2,4 millions d'habitants, y a une représentation permanente de 20 personnes, à mettre en comparaison avec les 2 représentants communs à la Bretagne administrative et aux Pays de la Loire !
- Quant à la question linguistique (et au delà du système éducatif), si primordial pour la persistance de notre identité, on retrouve ça et là des bonnes intentions et promesses budgétaires. Pourtant personne ne semble vouloir remettre en cause la forteresse du ministère de «l' Education nationale». On vient tout juste de constater qui a le pouvoir avec la remise en cause de la loi Molac par le ministre Blanquer. Ainsi va la République française, un ministre défait ce qu'ont voté 245 députés.
- Dernier sujet, pas même effleuré : la remise en cause de l'aménagement du territoire. Dans le même temps où les crédits ont fondu (176 millions d'Euros en 2021), le coût du Grand Paris Express est évalué à 42 milliards d'Euros pour la construction de 68 gares. Pourtant la pandémie a cruellement révélé l'aspiration de milliers de personnes à fuir Paris et sa banlieue pour rejoindre -grâce au télétravail entre autres- d'autres villes moyennes aux logements plus accessibles et moins exigus. C'est la tendance partout en Europe à freiner le développement des mégapoles et à répartir plus harmonieusement ressources et populations dans les territoires. Seule la gouvernance hexagonale persiste à doter encore plus une capitale déjà largement servie.
En résumé, ces élection régionales auraient du être l'occasion de présenter la Bretagne comme le fer de lance et le laboratoire d'une «France après Covid 19» basée sur une démocratie renouvelée, l'innovation et la sereine conscience de notre singularité. C'était l'occasion de rappeler avec force à Paris que nous ne contenterons pas des slogans technocratiques «Déconcentration, Décomplexion, Différenciation, Décentralisation».
Au lieu de cela il est à craindre que l'on retombe dans le «business as usual» et que même un changement de majorité ne changera pas grand chose.
Aussi c'est bien pour montrer notre désapprobation que nous appelons tous les électrices et les électeurs de Bretagne à refuser ce jeu de dupes.
Tiern e peb Amzer
Le Bureau.